La prochaine vague : Le marché du travail canadien face à l’automatisation
Le présent Commentaire évalue les répercussions probables de l’automatisation sur le marché du travail canadien et compare les résultats obtenus aux anciennes prévisions. De fait, la proportion d’emplois à haut risque d’automatisation s’avère plus faible (environ 22 p. 100) que la plupart des estimations précédentes.
Points importants
Résumé
Les changements technologiques sont l’un des moteurs de la croissance économique. Ils contribuent à améliorer la productivité de fabrication des biens et de prestation des services, à savoir produire autant avec moins de ressources ou produire davantage avec le même apport en main-d’œuvre. Les technologies permettent également de concevoir de nouveaux produits et services capables de créer de nouvelles professions et de générer une demande inédite chez les consommateurs.
Le processus d’évolution technologique est néanmoins source de perturbations : il rend certaines professions obsolètes ou modifie en accéléré le paysage de secteurs tout entiers. Dans le même temps, de nouveaux modèles économiques et professions sont mis sur pied pour les remplacer.
Le présent Commentaire évalue les répercussions probables de l’automatisation sur le marché du travail canadien et compare les résultats obtenus aux anciennes prévisions. De fait, la proportion d’emplois à haut risque d’automatisation s’avère plus faible (environ 22 p. 100) que la plupart des estimations précédentes.
Certaines professions sont manifestement très propices à l’automatisation, et bon nombre d’entre elles sont d’ailleurs déjà automatisées : préposés de station-service, caissiers de banque ou de magasin, par exemple. D’autres ont peu de chances d’être automatisées en raison des facultés humaines ou des compétences pointues qu’elles requièrent : neurochirurgiens ou détectives, par exemple. La plupart des professions ne peuvent pas être entièrement automatisées, mais ne sont pas pour autant à l’abri de toute automatisation. Les professions ayant le plus de chances d’être automatisées comportent généralement une majorité de tâches bien définies et répétitives, comme c’est le cas dans l’industrie manufacturière.
Environ un actif sur cinq au Canada occupe un emploi susceptible, en théorie, d’être automatisé. D’après les projections à 2028, la perte de seulement 90 000 emplois sera à déplorer dans ces professions. Dans le même temps, les postes quelque peu vulnérables à l’automatisation (risque moyen) représentent environ 40 p. 100 de l’emploi actuel. Cette proportion devrait diminuer légèrement d’ici à 2028, pour s’établir autour de 37 p. 100. Ces projections indiquent que le marché du travail s’adapte au fur et à mesure aux changements technologiques, et continuera probablement à suivre ce cap.
L’analyse de vulnérabilité à l’automatisation en fonction des caractéristiques individuelles indique que la part des personnes noires et autochtones exerçant des professions à haut risque d’automatisation au Canada est plus élevée que la moyenne nationale. Cette vulnérabilité relativement supérieure est probablement liée aux moins bons résultats moyens en matière d’emploi observés chez les personnes noires et autochtones par rapport à la moyenne canadienne.
Les hommes, les femmes et les immigrants sont toutefois exposés à un risque moyen similaire d’automatisation. De manière générale, les différences ne sont pas suffisamment importantes pour justifier l’instauration de politiques ciblées visant à prévenir spécifiquement le chômage technologique de groupes donnés. En revanche, il est possible d’influer indirectement sur les effets d’inégalité découlant de l’automatisation en axant plus généralement les politiques d’éducation et d’emploi sur la lutte contre les inégalités. Néanmoins, au vu de la croissance des emplois atypiques, les politiques traditionnelles de soutien à l’emploi risquent de ne pas couvrir l’ensemble des travailleurs touchés par l’automatisation. À la suite de la crise actuelle de la COVID-19,
le gouvernement devrait analyser les effets de ses programmes d’urgence en matière de soutien du revenu et en tirer des conclusions destinées à moderniser l’assurance-emploi et à combler les lacunes observées.