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La communauté Mi’kmaq du Nouveau-Brunswick se regroupe pour améliorer l’éducation de la petite enfance

Dans le cadre d’un engagement participatif, les parents, les Aînés et les dirigeants de la communauté ont conjugué leurs efforts pour surmonter les problèmes liés à la qualité du travail, et définir une nouvelle vision de la garde d’enfants dans leur communauté.

Sur les rives de la rivière Miramichi, au nord-ouest du Nouveau-Brunswick, une communauté Mi’kmaq s’est rassemblée pour définir une nouvelle approche de l’éducation de ses jeunes.

Les résultats pourraient avoir d’importantes répercussions sur d’autres communautés et centres de garde d’enfants à travers le Canada.

Le projet « Renforcer les capacités en matière d’éducation de la petite enfance des populations autochtones » explore des solutions pour consolider les capacités en matière d’éducation de la petite enfance autochtone dans sept communautés des Premières Nations. Ce projet a été conçu par le North Shore Mi’kmaq Tribal Council (NSMTC) en partenariat avec le Centre des Compétences futures. Pour développer un marché du travail plus équitable et œuvrer à la réconciliation, il est essentiel de comprendre les besoins des communautés autochtones, afin que les initiatives et les solutions relatives aux compétences complètent les valeurs culturelles et les modes du savoir autochtones.

Par le biais d’une série d’enquêtes, de cercles de partage, de consultations et de conversations avec les Aînés, le projet a tenté de générer des solutions identifiées par la communauté pour le système de garde d’enfants, visant à améliorer la qualité du travail en élargissant les possibilités de formation et de développement de carrière, et en renforçant l’autodétermination autochtone.

« Les familles des Premières nations souhaitent ce qu’il y a de mieux pour leurs enfants et savent que cela ne peut se faire que par le biais de la communauté », a déclaré Helen Bernard-Ward, coordinatrice de l’apprentissage et garde des jeunes enfants au sein de Mi’kmaq Family Support, qui est affilié au NSMTC. « Les décideurs doivent commencer à travailler avec la communauté et les centres, puisqu’ils sont les experts. Ils savent ce qui est le mieux adapté aux enfants, et prônent leurs intérêts ».

Une occasion unique de développement, mais aussi de rupture des trajectoires menant à des résultats médiocres en matière de santé et d’éducation

L’éducation de la petite enfance est considérée comme une occasion unique de développement, mais aussi de rupture des trajectoires susceptibles de mener à des résultats médiocres en matière de santé et d’éducation à l’âge adulte. Cela est particulièrement le cas pour la population autochtone du Canada, qui souffre de manière disproportionnée de déterminants sociaux de santé médiocres.

Le problème est aggravé par les écarts de financement entre les programmes de garde d’enfants autochtones et non autochtones, avec des études indiquant une différence de près de 4 000 $ par enfant dans la région du NSMTC.

« L’insuffisance des fonds destinés à financer les capacités et le maintien du personnel a eu des répercussions considérables, ce qui a entravé la création d’un espace permettant aux parents de s’impliquer davantage » a déclaré Bernard-Ward. « Au bout du compte, (les assistantes maternelles) n’avaient pas suffisamment d’énergie pour planifier en conséquence parce qu’elles assument trop de responsabilités pour une seule personne ».

Pour remédier à ce problème, les parents, les Aînés et autres responsables communautaires ont conjugué leurs efforts pour définir leurs attentes en matière d’éducation de la petite enfance au sein de leur communauté, en organisant des consultations sur les obstacles existants et les éventuelles possibilités d’amélioration. 

« Les discussions ont été extrêmement importantes pour comprendre si le matériel reflétait véritablement leur environnement et leur savoir », a déclaré Bernard-Ward.

Le projet s’est achevé par un colloque au cours duquel un rapport final détaillant une évaluation des besoins a été présenté à tous les acteurs de la communauté, ainsi qu’aux chefs locaux et aux représentants du gouvernement.

« Nous axons le développement professionnel sur la culture, sur la langue et sur les principes de l’être et du savoir ».

Compte tenu du rôle important que jouent les Aînés autochtones dans le lien entre les générations passées, présentes et futures, un aspect considérable du processus a consisté à donner aux Aînés la possibilité de formuler une vision de l’éducation de la petite enfance dans leurs communautés. Les Aînés ont demandé que les programmes pour la petite enfance soient décodés et décolonisés, et que l’apprentissage formel et informel soit harmonisé selon des modalités adaptées à la culture, et conçues par la communauté et pour la communauté.

« Il s’agit d’une priorité absolue, car nous savons que lorsque les enfants comprennent qui ils sont, cela renforce leur sentiment d’identité et leur ouvre la voie pour devenir des membres à part entière de leur communauté et de la société », a expliqué Bernard-Ward.

Au-delà de l’intégration des Aînés en tant que principaux atouts pour les éducateurs de la petite enfance, d’autres solutions ont été identifiées lors des consultations avec les membres de la communauté. Parmi celles-ci, citons l’augmentation des investissements et le développement d’approches centrées sur les Autochtones en matière d’éducation de la petite enfance, davantage d’occasions pour le personnel de participer à des formations et à des développements professionnels, ainsi que l’amélioration des échelles de salaire.

Le NSMTC s’efforce également d’intégrer les pratiques et cérémonies autochtones dans les centres de la petite enfance. Nous serions favorables à ce qu’il y ait davantage de possibilités de financement pour la revitalisation des cérémonies et de la langue, car nous savons à quel point il est important pour nos enfants et nos Anciens de conserver ce lien », a déclaré Bernard-Ward. 

« Nous avons pu partager nos résultats avec d’autres provinces et d’autres communautés.

Bernard-Ward précise que le projet a attiré l’attention au-delà du Nouveau-Brunswick.

« Nous avons pu partager nos conclusions avec d’autres provinces et d’autres communautés pour déterminer s’il existait des éléments de comparaison », a-t-elle déclaré. « Il y a des mécanismes qui ont fonctionné dans d’autres communautés pour identifier et combler ces lacunes ».

Pour Bernard-Ward, cette expérience a contribué à renforcer ses convictions sur les droits inhérents à l’autodétermination et à l’autorégulation des Autochtones.

« Il s’agit de comprendre que les communautés autochtones du Canada disposent des experts et des gardiens du savoir nécessaires à la mise en place des services et des programmes adaptés à leur identité et à leur culture », a-t-elle déclaré. « Nous n’avons pas besoin d’aller chercher ces éléments auprès de groupes qui ne disposent pas ou qui n’ont pas été exposés aux principes autochtones du savoir et de l’action. C’est un droit constitutionnel que de construire des choses pour nous, par nous et avec nous ».

Cliquez ici pour en savoir plus sur ce projet. Consultez également l’article du Centre des Compétences futures intitulé Regard sur les initiatives et les partenariats autochtones pour en savoir plus sur les initiatives et les partenariats avec les communautés autochtones à travers le Canada.

Les points de vue, les réflexions et les opinions exprimés ici sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue, la politique officielle ou la position du Centre des Compétences futures ou de l’un de ses membres du personnel ou des partenaires du consortium.