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Comment transformer le refus en réorientation pour aider les jeunes confrontés à des difficultés professionnelles

J’avais deux ans lorsque je suis arrivée du Pakistan au Canada avec mes parents. Ils étaient alors âgés de 27 et 28 ans et sont arrivés à Toronto sans famille, ni amis, ni argent, ni stabilité future. Ils ont vendu tout ce qu’ils avaient pour se procurer des visas et démarrer une nouvelle vie ici. Ils ne parlaient pas anglais et ont atterri en « plein  hiver » dans un climat totalement différent. Au début, mon père a accepté des emplois non rémunérés afin d’établir une relation de confiance et de créer des liens avant de trouver un emploi rémunéré. 

En grandissant, j’ai beaucoup entendu parler des difficultés de mes parents qui m’encourageaient à faire des études et à travailler dur pour réussir dans notre nouveau pays. Ainsi, j’ai toujours tâché de me donner à fond dans tout ce que j’entreprenais. Je me suis efforcée de réussir, de m’impliquer dans des activités extrascolaires et de me préparer à obtenir le « travail de mes rêves ».

Toutefois, lorsque j’étais en 12e année, j’ai commencé à avoir l’impression que le travail que je fournissais n’était pas suffisant. Je me suis sentie abandonnée dans un monde dont je ne savais pas qu’il pouvait être aussi compétitif. Au cours de ma dernière année, j’ai vu de nombreux condisciples être acceptés dans les meilleures facultés de commerce, tandis que j’attendais avec impatience d’avoir des nouvelles de mon admission dans l’enseignement supérieur.  

Une concurrence acharnée

J’ai finalement appris que j’avais été acceptée à la Ted Rogers School of Management (TRSM) de l’Université Ryerson. Je me suis inscrite au programme coopératif de gestion des affaires, d’une durée de cinq ans, avec une spécialisation en études de gestion mondiale et une mineure en marketing. Pourtant, une fois à la faculté de commerce, mon sentiment d’inadéquation n’a fait que s’intensifier. J’ai rencontré de nombreux étudiants, ici et ailleurs, qui avaient un état d’esprit très compétitif. Il semblait que nous nous battions tous pour des opportunités limitées et des places trop rares. Qu’il s’agisse de stages d’été, de postes dans des groupes d’étudiants ou d’emplois, j’avais l’impression que mes chances de réussite étaient de 100 contre 1. 

Le fait de voir d’autres personnes décrocher des stages et établir des relations fructueuses m’a incitée à me joindre à des groupes d’étudiants et à prendre l’initiative de participer à des événements organisés par l’industrie, ainsi qu’à discuter avec des personnes sur LinkedIn. J’ai commencé à aimer être à Ryerson, une culture où les professeurs sont d’un grand soutien et où les étudiants s’encouragent mutuellement. Je me suis impliquée dans le carrefour des carrières commerciales de la faculté, qui offre des possibilités de développement de carrière. J’ai pris part à des séances de réseautage et de formation sur des sujets tels qu’Excel et le marketing des médias sociaux. Des groupes d’étudiants tels que DECA Ryerson, qui organise des concours de cas et des activités de jeux de rôle, m’ont aidé à me préparer au marché du travail et à développer des possibilités de résolution de problèmes.

Halla Saduf (ci-dessus à droite) est photographiée avec son amie et condisciple Celine Damji lors d’un concours international de cas de marketing où les étudiants s’affrontent pour résoudre des problèmes commerciaux réels.

Pendant mes études, je souhaitais trouver un emploi à temps partiel et j’ai posé ma candidature à Investir au Canada. Cette organisation du secteur public collabore avec des investisseurs internationaux afin de créer des opportunités d’affaires et d’expansion au Canada. Je ne me sentais qu’en partie qualifiée, mais j’étais prête à apprendre. J’y ai décroché un emploi à temps partiel en janvier 2021 et j’ai accompli des tâches de bureau telles que la gestion des courriels, la prise d’appels, l’enregistrement de données et la tenue de réunions. 

Recherche d’un PEC

À mesure que je poursuivais mes études, j’ai commencé à essayer d’obtenir mon premier stage coopératif, car mon programme exige un minimum de 12 mois de stages. Malgré tous mes efforts pour obtenir un poste dans le secteur privé, j’ai essuyé des refus répétés. Obtenir un stage n’a pas été facile, surtout pendant la COVID-19. De nombreux organismes ne pouvaient pas payer leurs cadres supérieurs, sans parler des stagiaires, et de nombreux programmes de stages et de PEC ont été supprimés. En mars 2020, au début de la pandémie, plusieurs de mes condisciples ont vu leurs offres annulées, tandis que d’autres organisations ont annoncé qu’elles ne recrutaient tout simplement pas de stagiaires en raison de changements internes causés par la pandémie. 

En postulant pour des stages, j’ai eu l’impression de souffrir du « syndrome de l’imposteur », car mon parcours ne comprenait que des emplois à temps partiel et des activités extrascolaires qui n’apportaient aucune « expérience pertinente ». J’ai eu quelques entretiens, mais jour après jour, on me disait : « Merci d’avoir posé votre candidature, mais malheureusement, vous n’avez pas été retenue. » J’ai fait le suivi de mes candidatures sur une fiche de calcul. Celle-ci révélait que j’avais reçu plus de 130 refus pour des stages coopératifs. C’était sans espoir. 

Dans un contexte plus général, je me suis rendu compte que ce problème est plus vaste que mon expérience. Une étude révèle que les employeurs canadiens constatent un manque d’adéquation entre les compétences requises et celles des nouveaux diplômés. Par ailleurs, une autre étude indique qu’un jeune diplômé sur cinq estime que ses études postsecondaires ne lui ont pas apporté les compétences nécessaires pour décrocher son premier emploi. En outre, la moitié d’entre eux n’ont pas donné suite à leur candidature parce qu’ils estimaient ne pas être suffisamment qualifiés. Cette situation est particulièrement stressante : pas d’emploi sans expérience, mais pas d’expérience sans emploi.  

Le rejet incite à la réorientation

J’ai fini par comprendre que ma meilleure chance était de transformer le rejet en réorientation. J’ai décidé d’essayer de passer de mon emploi à temps partiel à un stage coopératif. Avec l’aide du bureau des coopératives de TRSM, j’ai pu passer à un rôle de stagiaire en mai de l’année dernière, pour quatre mois.

Quel poids en moins sur mes épaules ! J’ai poussé un énorme soupir de soulagement et j’ai été ravie d’obtenir un stage qui m’a permis d’acquérir une expérience à temps plein. Comme j’avais de l’expérience dans cette organisation, j’ai assumé davantage de responsabilités, en faisant des présentations et des diaporamas et en contactant des cadres supérieurs dans divers pays pour aider à développer les emplois au Canada. Cela a stimulé mon assurance et m’a ouvert des portes. Les refus précédents ont renforcé ma résilience, et j’ai acquis des compétences qui m’ont permis de saisir d’autres opportunités. Bien que mon stage coopératif n’ait pas eu lieu dans une organisation du secteur privé comme je l’avais espéré au départ, je me suis rendu compte qu’il existe de nombreuses façons d’acquérir de l’expérience.

Je viens de terminer un autre stage, au Centre des Compétences futures (CCF), dans le cadre du programme Career Boost de l’Université Ryerson, qui soutient les étudiants de premier cycle. Pendant trois mois, j’ai travaillé avec l’équipe Innovation et pratique (I&P) en codirigeant des projets pilotes, en organisant des séances de réflexion avec des collègues et en recherchant différents processus pouvant être mis en œuvre dans le cadre de projets en cours. J’en ai également appris davantage sur le CCF et sur la manière dont le Centre appuie les projets et partage l’apprentissage, notamment les leçons tirées des programmes qui favorisent l’emploi des jeunes. 

Mon séjour au CCF a été extraordinaire et m’a permis d’acquérir des compétences que je n’aurais pas pu apprendre dans une salle de classe. Il s’agit notamment du leadership et de la communication, puisque j’ai eu l’occasion d’animer des séances de réflexion d’une heure pour l’I&P. J’ai également acquis des compétences en matière de recherche en menant des enquêtes et des analyses critiques et en tirant des conclusions des résultats. 

Trouver des opportunités

Toutes ces expériences m’ont ouvert les yeux sur les différentes possibilités qui s’offrent aux jeunes, et je me suis rendu compte qu’il s’agit simplement de les trouver. Bien qu’il soit nécessaire de nous aider afin que nous puissions obtenir des opportunités d’emploi et des compétences, de nombreuses organisations et ressources sont consacrées à ces questions, et des organisations comme CCF apportent des solutions innovantes au problème.

J’en suis maintenant à ma quatrième année, il me reste une année et je suis en bonne voie pour obtenir mon diplôme au printemps 2023, avec une solide expérience du monde réel. Cet été, j’ai le plaisir d’annoncer que j’ai obtenu un stage coopératif dans un établissement du secteur privé, ce qui me permet de satisfaire aux exigences de mon programme en matière de stage. 

Je veux dire aux autres jeunes adultes que l’espoir est possible et qu’il existe de multiples possibilités et programmes pour nous aider à réussir. Si vous continuez à travailler et à vous épanouir, vous finirez par arriver là où vous voulez être. Malgré les difficultés que j’ai rencontrées, je veux rappeler aux autres jeunes que nous avons encore beaucoup de temps devant nous et que ce n’est pas parce qu’une opportunité ne se présente pas maintenant qu’elle ne se présentera jamais. 

Mon message est le suivant : ne baissez pas les bras ; envisagez toutes les opportunités, pas seulement celles de votre domaine de prédilection, afin d’acquérir de l’expérience. Je suggère à mes condisciples de garder l’esprit ouvert et que, finalement, leur travail et leurs efforts finiront par porter leurs fruits, tout comme ils l’ont fait pour moi.

Halla Saduf est étudiante en commerce dans le cadre du programme coopératif de l’Université métropolitaine de Toronto, anciennement connue sous le nom L’Université Ryerson. Elle a récemment terminé un stage au Centre des Compétences futures. 

Les points de vue, les réflexions et les opinions exprimés ici sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue, la politique officielle ou la position du Centre des Compétences futures ou de l’un de ses membres du personnel ou des partenaires du consortium.