Chômage chez les jeunes : voici ce que nous pouvons faire pour y remédier

On l’entend de plus en plus souvent : les jeunes Canadiens débutent leur carrière dans un marché de l’emploi morose. Et quand vous entendez ces témoignages, qu’il s’agisse d’un jeune diplômé qui postule à des dizaines d’emplois sans obtenir de réponse ou d’un adolescent à la recherche d’un emploi d’été, votre cœur se serre un peu. Ce sont des jeunes qui ont fait tout ce qu’on leur a demandé. Ils ont fait des études, acquis des compétences et tenté de gravir les premiers échelons de leur carrière, mais ils continuent de rencontrer des difficultés.
Il ne s’agit pas seulement d’un ou deux individus ; cela devient une tendance plus large, et même les jeunes ayant fait des études supérieures ne sont pas épargnés. Le chômage des jeunes a atteint un niveau record depuis neuf ans. En mai, un étudiant sur cinq âgé de 15 à 24 ans était au chômage, un taux qui n’avait plus été observé depuis la récession de 2008, sans tenir compte de la pandémie. En Ontario, le taux de chômage augmente le plus rapidement chez les hommes âgés de 15 à 19 ans. Et la durée moyenne pendant laquelle un jeune reste sans emploi augmente : elle atteint désormais cinq mois pour les Ontariens âgés de 25 à 29 ans, soit une hausse de plus de 50 % depuis 2019.
Incidences à long terme pour les jeunes
Obtenir son diplôme dans un marché du travail morose ne signifie pas seulement un démarrage difficile, cela peut aussi se traduire par des salaires plus bas et moins d’opportunités pendant des années. Nous avons constaté cela dans nos recherches : une augmentation de 1 % du taux de chômage des jeunes l’année où une personne obtient son diplôme entraîne une baisse d’environ 0,7 % des revenus, même cinq ans plus tard. C’est ce qu’on appelle les séquelles salariales. Et il est difficile de s’en remettre.
Ce ne sont pas seulement des chiffres : ces chiffres représentent des personnes réelles qui se sentent découragées, ignorées et laissées pour compte. Le chômage prolongé ou le sous-emploi peuvent nuire à la confiance d’un jeune, repousser son indépendance et rendre plus difficile le fait de se bâtir une vie.
Et honnêtement, le sous-emploi des jeunes n’est pas seulement un problème qui touche les jeunes. Cela nous concerne tous. Cela menace la prospérité, l’équité et la compétitivité à long terme du Canada. Si les jeunes ne peuvent pas prendre un bon départ, nous perdons tous leur énergie, leur capacité d’innovation et leur potentiel.
Que se passe-t-il ?
Le chômage et le sous-emploi des jeunes sont le résultat d’un ensemble complexe de facteurs, et nous continuons d’analyser les données. Cependant, voici ce que nous savons :
- L’intelligence artificielle et l’automatisation transforment les emplois de premier échelon. Certains des postes qui étaient auparavant attribués à des employés juniors sont supprimés ou restructurés.
- Les jeunes sont surreprésentés dans les emplois précaires. Le commerce de détail, l’hôtellerie et l’administration sont souvent les premiers secteurs touchés en cas de ralentissement économique ou de mutation technologique.
Ces circonstances entraînent davantage d’incertitude et réduisent les chances d’entrer sur le marché. Et si un jeune ne parvient pas à décrocher son premier emploi, il lui sera plus difficile de gravir les échelons.
On a également entendu dire que les immigrants ou les travailleurs temporaires prenaient les emplois des jeunes, tout comme on a prétendu à tort que les immigrants étaient responsables de la hausse des prix de l’immobilier, mais les preuves sont au mieux anecdotiques. Le problème majeur réside dans le fait que nous avons eu du mal à faire le lien entre les compétences des jeunes, les besoins des employeurs et les opportunités réelles.
Alors, que pouvons-nous faire ?
Il n’y a pas de solution miracle. Nous devons aller au-delà des solutions à court terme et nous concentrer sur des solutions à long terme qui aident réellement les jeunes à entrer (et à rester) sur le marché du travail. Voici à quoi cela ressemble :
- Faire de l’apprentissage intégré au travail la norme. Chaque étudiant devrait avoir la possibilité d’acquérir une expérience pratique pendant ses études, non seulement dans les domaines techniques ou commerciaux, mais dans tous les domaines.
- Soutenir les petites entreprises dans le recrutement de jeunes. Faciliter et réduire les risques pour les petites et moyennes entreprises qui souhaitent recruter des étudiants et des jeunes diplômés grâce à des mesures incitatives et à des procédures simplifiées.
- Moderniser et élargir l’orientation professionnelle. Les jeunes ont besoin de données actualisées, d’un soutien personnalisé et d’un accès à des personnes réelles qui peuvent les aider à comprendre un marché du travail en pleine mutation.
- Investissez dans la bonne combinaison de compétences : oui, les compétences numériques, mais aussi les compétences socio-émotionnelles pour travailler avec l’IA, et les compétences vertes pour soutenir la transition du Canada. Les employeurs jouent un rôle essentiel dans le développement des talents grâce à une formation et un soutien continus.
- Développer le capital social. De nombreux jeunes, en particulier ceux issus de communautés marginalisées, n’ont pas accès aux réseaux qui leur ouvrent des portes. Investissons dans des programmes qui leur permettent d’entrer en contact avec des mentors, des employeurs et des opportunités.
- Adapter les interventions avec les bons partenaires communautaires. Les jeunes autochtones, les nouveaux arrivants et les jeunes racialisés sont tous confrontés à des défis distincts et spécifiques lorsqu’il s’agit de naviguer dans le système postsecondaire, de trouver un emploi et de progresser dans leur carrière.
Nous avons constaté l’efficacité de ces stratégies dans des programmes, notamment ADaPT, NPower, ELITE et Reboot Plus. Il est maintenant temps de les mettre à l’échelle.
Dernières réflexions
Le taux de chômage chez les jeunes est élevé, et oui, c’est inquiétant. Cependant, ils constituent également un appel à l’action. Les jeunes de ce pays ont fait ce que nous leur avons demandé. Ils ont suivi une formation, fait des études et sont entrés dans un monde qui évolue plus rapidement que jamais. Nous leur devons, ainsi qu’à nous-mêmes, de répondre avec le même niveau d’engagement.
Ce ne sera pas facile. Comme nous l’avons vu, le marché du travail est complexe, et nous sommes encore en train d’essayer de comprendre où certaines de ces tendances nous mènent. Toutefois, nous avons des outils à notre disposition. Nous avons des preuves. Nous avons des exemples qui fonctionnent.
Il est difficile d’enfiler l’aiguille avec précision. Il n’y a pas besoin de deviner, nous savons déjà ce qui fait la différence. Il est maintenant temps de miser davantage sur ce qui fonctionne et de concevoir la prochaine étape, en plaçant les jeunes Canadiens au centre de nos préoccupations.
Les points de vue, les réflexions et les opinions exprimés ici sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue, la politique officielle ou la position du Centre des Compétences futures ou de l’un de ses membres du personnel ou des partenaires du consortium.