RAPPORT DE PERSPECTIVES DE PROJET
Prévenir l’effet cicatrice du marché du travail chez les jeunes
Sommaire
Quelles que soient les conditions du marché du travail, certains jeunes ont plus de difficultés que d’autres à entrer sur le marché du travail et peuvent connaître des périodes prolongées sans emploi ni formation. En période de choc économique, comme une récession, les défis sont plus importants. Les jeunes sortent de l’école en pleine récession, avec des emplois de moindre qualité et moins bien rémunérés, ce qui laisse des traces sur le marché du travail, c’est-à-dire des effets durables sur les revenus et les perspectives de carrière d’une personne au fil du temps.
Les « séquelles » surviennent lorsqu’une personne est absente du travail, de l’école ou de la formation pendant un certain temps, et cette période d’absence du travail ou de l’éducation a des effets négatifs à long terme (c.-à-d. des séquelles) sur ses futures possibilités d’emploi. Les séquelles peuvent être attribuées à toute une série de circonstances individuelles ou économiques, mais elles sont beaucoup plus fréquentes après les récessions économiques.
Les jeunes d’aujourd’hui sont confrontés aux effets durables de la pandémie tout en faisant face à des défis comme le coût de la vie, la crise du logement et l’accélération des impacts climatiques. C’est pourquoi il est important de réfléchir à des réponses politiques qui contribueront à atténuer les séquelles liées à la pandémie et à les atténuer à l’avenir. Cela contribuera à aider les jeunes d’aujourd’hui et des générations futures à participer pleinement à une économie prospère, ce qui profitera à toutes les générations au Canada.
Perspectives clés
En 2021, le taux canadien de jeunes qui ne travaillent pas, ne suivent pas d’études ou de formation a atteint son niveau le plus élevé depuis plus de dix ans.
Une augmentation de 1 % du taux de chômage provincial des jeunes au cours de l’année d’obtention du diplôme est associée à une baisse de 0,7 % des revenus cinq ans après l’obtention du diplôme.
Les lacunes en termes de CV étaient plus fréquentes chez les jeunes femmes et les jeunes racialisés pendant la pandémie ; ils pourraient être victimes d’une discrimination accrue lorsqu’ils postuleront à des offres d’emploi à l’avenir, ce qui creuserait le fossé en matière d’équité.
L’enjeu
Une récession économique majeure peut avoir des conséquences considérables sur la vie des gens. Pour certains, cette douleur est de courte durée, mais pour d’autres, il existe un risque important de dommages durables. Les jeunes, et en particulier les jeunes diplômés, sont confrontés, pendant et après les périodes de récession, à des défis particuliers qui peuvent les poursuivre à long terme.
Les effets immédiats des chocs économiques comme la récession se traduisent par des pertes d’emploi et une réduction des heures de travail et des salaires pour les jeunes. Au fil du temps, ces conséquences à court terme s’accumulent et ont un impact durable sur les revenus professionnels, les opportunités d’emploi, la participation au marché du travail et la progression de carrière. Ces conséquences durables, connues sous le nom de « séquelles du marché du travail », peuvent avoir des répercussions importantes en aval sur le bien-être des jeunes, leur inclusion économique et leur capacité à se constituer une sécurité économique et un patrimoine.
Les recherches menées au Canada et dans d’autres pays indiquent clairement deux choses : de nombreux jeunes subissent les conséquences économiques à long terme des chocs économiques, et cette douleur est ressentie de manière disproportionnée par les jeunes qui étaient déjà confrontés à des obstacles à l’entrée dans la vie active. Cependant, lorsque des chocs surviennent, qu’il s’agisse de récessions, de pandémies ou de transitions dans des secteurs particuliers (par exemple, le secteur de l’énergie), les décideurs politiques ont tendance à se préoccuper avant tout des conséquences à court terme de ces chocs. Les pertes d’emploi sont faciles à constater et exigent souvent une réponse politique, mais les conséquences à plus long terme – y compris pour ceux qui n’ont pas encore d’emploi à perdre – peuvent être encore plus importantes, même si elles sont moins visibles.
Ce que nous examinons
Ce projet portait sur l’impact des chocs économiques sur les jeunes et l’économie. Il s’est inspiré des résultats des chocs survenus dans le passé pour déterminer comment nous pourrions remédier aux effets cicatrisants de COVID-19 et réagir aux chocs à l’avenir.
En particulier, le projet a fourni des exemples des effets uniques et moins prévisibles de la pandémie sur les jeunes, y compris l’impact de l’éloignement social et le passage au travail ou à l’école en ligne, et la façon dont les politiques et les programmes peuvent être conçus pour s’adapter à de tels changements imprévisibles sur le marché du travail.
Les recommandations en matière de politiques et de programmes ont été élaborées à partir d’une analyse documentaire et d’une analyse des compétences afin de mettre en évidence les lacunes des politiques existantes, ainsi que par le biais d’un atelier de discussion avec des experts.
Ce que nous apprenons
Les politiques manquent de clarté en ce qui concerne les effets durables des chocs économiques sur les jeunes et, en particulier, la manière dont ils se manifestent pour les jeunes confrontés à de multiples obstacles supplémentaires. Il s’agit notamment de :
- Peu de soutien disponible pour les jeunes en transition de carrière.
- Les jeunes qui éprouvent des difficultés à s’orienter sur le marché de la formation en constante évolution.
- Manque d’accès des jeunes aux possibilités de créer des réseaux.
- Perte d’accès aux services de santé mentale lorsque les jeunes sont au chômage et ne sont pas scolarisés.
- Des services d’orientation professionnelle et des programmes de formation obsolètes.
Pourquoi c’est important
Les gouvernements sont conscients de ces défis et ont pris certaines mesures pour les relever, notamment en élargissant le programme de placement des étudiants et en finançant la stratégie canadienne pour l’apprentissage. Certaines grandes organisations sont également conscientes de ces défis et ont pris des mesures pour soutenir la mise en réseau et le travail de débutant pour les jeunes.
Ces efforts n’ont toutefois pas suffi à empêcher les séquelles qui ont nui à la prospérité du Canada et aggravé les inégalités. Les gouvernements, les employeurs et les organisations communautaires doivent mettre en œuvre des politiques et des programmes qui minimisent le risque de séquelles liées à la pandémie et aux chocs économiques futurs – le vieillissement de la population rend plus urgente que jamais la nécessité de veiller à ce que tous les jeunes bénéficient d’un soutien pour atteindre leur plein potentiel.
Pour atténuer les effets néfastes sur les jeunes de l’impact à long terme sur le marché du travail, le Canada a besoin de réponses de la part de tous les niveaux de gouvernement, des employeurs et de la communauté. Nous avons besoin d’un ensemble d’outils politiques qui traversent le cycle économique afin que les gens ne soient pas laissés pour compte. Il s’agit notamment de politiques axées sur :
État des compétences :
Améliorer les perspectives de carrière et le bien-être des jeunes Canadiens et Canadiennes
Placer l’accent sur les programmes d’orientation professionnelle à un stade précoce pour présenter aux jeunes un éventail de cheminements de carrière et leur permettre ainsi de prendre des décisions avisées, en veillant tout particulièrement à l’inclusivité et à l’accessibilité de tels programmes.
Combler le fossé des opportunités grâce au développement des compétences et au capital social
Encourager les employeurs et d’autres organisations à créer des opportunités pour les jeunes afin qu’ils puissent créer des réseaux, faire de l’observation au poste de travail, entrer en contact avec des mentors et développer leur capital social. Étendre les modèles de formation parrainés par les employeurs afin de promouvoir le développement de compétences non techniques chez les jeunes qui entrent sur le marché du travail.
Favoriser une transition en douceur vers le marché du travail afin de réduire le risque de longues périodes hors du travail ou de l’éducation
Créer davantage de possibilités pour les étudiants d’acquérir une exposition au travail et une expérience professionnelle pertinente pendant leurs études dans l’enseignement secondaire et post-secondaire. Veiller à ce que les jeunes ne perdent pas l’accès aux services de santé mentale après l’obtention de leur diplôme. Veiller à ce que les jeunes ne perdent pas l’accès aux services de santé mentale après l’obtention de leur diplôme.
Élargir l’accès aux services d’aide à la carrière pour faire face aux changements sur le marché du travail, à la structure de l’économie et aux compétences recherchées
Offrir une orientation professionnelle aux personnes à toutes les étapes de leur vie professionnelle en élargissant le champ des services de l’emploi existants. Préparer les professionnels à l’aide de nouveaux outils de navigation et d’accompagnement afin qu’ils puissent guider les jeunes sur le marché de la formation et les aider à prendre des décisions éclairées quant à leur prochain programme d’apprentissage. Élargir l’éligibilité des bons de formation aux services d’orientation professionnelle. Élargir et aligner les conditions d’éligibilité aux programmes publics afin de garantir que les jeunes puissent accéder à l’aide à la carrière dont ils ont besoin.
Créer de nouvelles possibilités pour les jeunes de s’engager sur le marché du travail à la suite de chocs économiques
Créer de nouvelles possibilités pour les jeunes de s’engager sur le marché du travail à la suite de chocs économiques. Prévenir les pertes d’emploi et les lacunes en termes de curriculum vitae grâce à des subventions salariales limitées dans le temps et conçues de manière réfléchie.
Financement de la production de données probantes à long terme et de l’infrastructure permettant de mesurer l’impact des programmes et de concevoir des politiques adaptées aux chocs économiques futurs
Constituer une base de données plus solide sur les séquelles subies par le marché du travail en fonction des différents groupes démographiques. Concevoir des programmes qui financent la production de données probantes et l’innovation, et récompensent les résultats à long terme.
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Comment Citer Ce Rapport
McDonough, L. (2023) Rapport de perspectives de projet : Prévenir l’effet cicatrice du marché du travail chez les jeunes. Toronto : Centre des Compétences futures. https://fsc-ccf.ca/fr/projets/long-term-labour-market-scarring-on-youth/
Prévenir l’effet cicatrice du marché du travail chez les jeunes est financé par le gouvernement du Canada dans le cadre du programme Compétences futures. Les opinions et les interprétations contenues dans cette publication sont celles de l’auteur et ne reflètent pas forcément celles du gouvernement du Canada.