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Le rôle des nouveaux arrivants sur la voie de la reprise pour l’industrie de l’hébergement et de la restauration

Le secteur de l’hébergement et de la restauration a été durement touché par la pandémie et peine encore à s’en remettre. Selon le Canadian Tourism Labour Market Snapshot, le secteur de l’hébergement et de la restauration a subi les pertes d’emplois les plus importantes (123 700 emplois) de la main-d’œuvre touristique en raison des fermetures d’entreprises liées à la pandémie et de la baisse de la demande, représentant 90,6 % du chômage dans l’ensemble de l’industrie du tourisme et de l’hôtellerie.

L’un des principaux obstacles à la reprise du secteur de l’hébergement et de la restauration après ces pertes d’emplois massives est la difficulté à recruter de nouveaux talents pour combler le manque de main-d’œuvre. Selon une étude de la Société d’éducation touristique de l’Ontario (OTEC) sur l’évolution de l’emploi par secteur, de 2019 à 2021, au plus fort de la pandémie de COVID-19, c’est le secteur de l’hébergement et de la restauration qui a le plus de mal à recruter, avec une perte de 20,8 % de l’emploi. La difficulté du secteur à retenir la main-d’œuvre qualifiée en est le reflet : 40,4 % des entreprises déclarent avoir du mal à retenir les travailleurs qui quittent l’hôtellerie et le tourisme pour s’orienter vers d’autres secteurs. Le secteur, comme d’autres secteurs, subit également une transformation importante en raison de la numérisation, avec de plus en plus de rôles nécessitant des compétences et des formations spécialisées.

Le rôle des nouveaux arrivants dans le secteur de l’hébergement et de la restauration

Avant la pandémie, les femmes et les nouveaux arrivants constituaient la majeure partie de la main-d’œuvre de ce secteur, car les emplois de ce secteur sont souvent considérés comme des emplois précaires avec une faible barrière à l’entrée que les populations vulnérables utilisent comme un pied dans la porte pour accéder à d’autres opportunités. Les nouveaux arrivants au Canada sont plus susceptibles de travailler dans le secteur de l’hébergement, où leur part d’emploi atteint 33 % par rapport à l’ensemble de la population active (28 %) en 2023.

Toutefois, les nouveaux arrivants travaillant dans le secteur de l’hébergement et de la restauration ont dû faire face à d’importants défis. Les nouveaux arrivants occupent souvent des emplois dans l’arrière-boutique, par exemple les cuisiniers et les personnes chargées du petit nettoyage, plutôt que des emplois dans l’avant-boutique, par exemple les serveurs et les réceptionnistes, où les salaires sont plus élevés et les conditions de travail meilleures. La combinaison de mauvaises conditions de travail et des exigences des fermetures du COVID-19 peut avoir rendu le secteur de l’hébergement et de la restauration moins attrayant pour les nouveaux arrivants.

Perspectives des nouveaux arrivants : Défis

Des efforts ont été déployés pour rendre le secteur plus attrayant pour la main-d’œuvre. Compte tenu de la forte concurrence pour la main-d’œuvre, les salaires horaires moyens dans le secteur de la restauration ont augmenté de 9,5 % entre avril 2021 et 2022, dépassant l’augmentation moyenne de 4,3 % pour l’ensemble de l’industrie.
Afin de mieux comprendre les facteurs et les obstacles qui empêchent d’attirer et de retenir la main-d’œuvre dans le secteur et le rôle des connaissances, des compétences et des services, Future Skills a apporté son soutien à Skills for Change et à l’Institut de la diversité pour collaborer à une étude exploratoire interrogeant les nouveaux arrivants dans le secteur de l’hébergement et des services de restauration.

Les nouveaux arrivants ont indiqué qu’ils avaient une connaissance limitée du marché du travail canadien, de l’industrie de la restauration et de l’hébergement et des possibilités d’avancement. De nombreuses personnes interrogées dépendent fortement de leurs amis et de leur famille pour trouver un emploi. Comme l’a dit un nouvel arrivant, « j’ai trouvé mon emploi par l’intermédiaire d’un ami, de sa famille, mais à distance ». Il travaillait ici aussi. Il m’a donc présenté et je pense qu’il est l’une des raisons pour lesquelles j’ai été embauché parce qu’il m’a guidé sur la manière de parler au responsable lorsque j’ai postulé pour mon travail, car il connaît le responsable puisqu’il travaille ici depuis environ six ans. Je pense qu’il a aussi parlé en ma faveur ».

Les barrières linguistiques ont également constitué un problème, tant pour l’accès à un éventail de possibilités d’emploi que pour la formation et l’orientation professionnelle, qui sont généralement dispensées en français ou en anglais.

De nombreux nouveaux arrivants éprouvent des difficultés à accéder à la formation, à la formation continue et aux possibilités de développement des compétences. Ils manquent souvent de ressources et de temps pour investir dans ces activités qui pourraient les aider à améliorer leurs perspectives de carrière.

La discrimination, en particulier à l’encontre des personnes racialisées, reste un obstacle important pour les nouveaux arrivants qui s’efforcent de progresser dans leur carrière. Cette discrimination provient à la fois des employeurs et des clients. Les nouveaux arrivants ont indiqué que la discrimination au travail les déconnectait de la réalité et qu’ils luttaient pour trouver un sentiment d’appartenance. Lors des entretiens, les participants ont fait part de leur expérience d’être traités différemment de leurs collègues canadiens, ce qui a encore exacerbé leur sentiment d’exclusion. Un nouvel arrivant a déclaré : « Je suis également victime de discrimination parce que je suis un Canadien de race noire. Je ne suis pas de race blanche. Il arrive donc que l’on me considère comme un imbécile ou comme quelqu’un qui n’est pas très qualifié. Je fais bien mon travail, je ne m’attends donc pas à ce qu’on me méprise. Parfois, on me méprise et je pense que c’est à cause de la couleur de ma peau. Ce comportement différencié fondé sur la race et le statut de nouvel arrivant témoigne d’un traitement injuste qui peut avoir une incidence considérable sur la santé mentale des nouveaux arrivants et sur leur motivation à progresser dans leur carrière.

Certaines personnes interrogées ont également indiqué que leurs collègues et amis au sein de leur communauté les décourageaient d’investir leurs efforts dans le développement des compétences. Les amis et les membres de la famille qui privilégient la stabilité financière immédiate à l’évolution de carrière à long terme peuvent amener les nouveaux arrivants à se contenter d’un emploi de survie qui ne correspond pas à leur potentiel ou à leurs objectifs. Au cours des entretiens, plusieurs nouveaux arrivants ont fait part du conflit interne auquel ils étaient confrontés lorsqu’il s’agissait de trouver un équilibre entre leur désir d’investir dans une formation de développement professionnel et la crainte de perdre leur réseau proche et leur lien avec leur communauté. Par exemple, un participant a déclaré : « Je fais beaucoup de démarches pour développer ma carrière. J’économise, j’apprends des autres et je suis des cours en ligne pour développer ma propre carrière. Le défi que je rencontre dans la construction de ma carrière est que certains de mes amis me conseillent de ne pas faire ce que je veux. Je n’aime pas ça parce qu’ils me découragent parfois ». D’autres ont raconté des exemples où leurs amis se sont moqués d’eux et se sont montrés sceptiques parce qu’ils donnaient la priorité à leur développement de carrière. Ces amis étaient importants dans leur vie et leurs opinions pesaient lourd, ce qui rendait la décision encore plus difficile.

Perspectives des nouveaux arrivants : Opportunités

Si les entretiens ont surtout souligné la précarité des conditions de travail, de nombreuses personnes interrogées se sont déclarées généralement satisfaites de leur travail dans le secteur de l’hébergement et de la restauration. De nombreux participants considèrent qu’il s’agit d’un secteur qui offre des opportunités aux nouveaux arrivants, malgré les difficultés persistantes d’accès à l’information sur les possibilités d’emploi. Un participant a déclaré : « Je dirais que c’est un endroit extraordinaire. C’est un secteur extraordinaire dans lequel il est possible de travailler. Je conseillerais à tous ceux qui émigrent au Canada de l’essayer. Même si ce n’est pas le travail qu’ils souhaitent faire, comme nous le savons, les choses ne se passent pas toujours comme prévu. Toutefois, je suis fier de travailler dans ce secteur. » Ces histoires racontées par les nouveaux arrivants illustrent l’opportunité de partager davantage d’informations sur les possibilités offertes par le secteur.

Certaines personnes interrogées ont vu un potentiel dans le secteur de l’hébergement et des services de restauration et ont aspiré à assumer des rôles de leadership au sein de leur organisation. Plus de 60 % des personnes nouvellement arrivées sur le marché du travail qui ont été interrogées ont exprimé clairement leur ambition de devenir propriétaires d’une entreprise au cours des cinq prochaines années.

Prochaines étapes : Le rétablissement et les perspectives d’avenir

Les entreprises canadiennes d’hébergement et de restauration ont été parmi les plus touchées par la pandémie. Avec la levée des restrictions et la reprise des voyages, de nombreux pays sont désormais confrontés à d’importantes lacunes en matière de main-d’œuvre. Le secteur s’appuie depuis longtemps sur les nouveaux talents, mais l’étude révèle qu’il existe des obstacles, en particulier sur un marché concurrentiel. Les nouveaux arrivants travaillant dans le secteur ont révélé plusieurs obstacles auxquels ils sont confrontés, mais aussi leurs aspirations en matière de développement des compétences et d’avancement. Néanmoins, nombre d’entre eux se sont déclarés satisfaits de leur rôle, suggérant qu’il existe des possibilités de formation, de développement et de soutien des compétences pour les aider à évoluer et à progresser. Certains employeurs saisissent ces opportunités en mettant en place des programmes innovants pour aider à améliorer les compétences de leurs employés nouvellement arrivés et les encadrer.

Les points de vue, les réflexions et les opinions exprimés ici sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue, la politique officielle ou la position du Centre des Compétences futures ou de l’un de ses membres du personnel ou des partenaires du consortium.