RAPPORT DE PERSPECTIVES DE PROJET

Métiers spécialisés et entrepreneuriat : Le besoin en compétences commerciales

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Diversity Institute

Emplacements

Partout au Canada

Publié

Novembre 2025

Collaborateur

Institut de la diversité

Sommaire

Les métiers spécialisés sont un moteur important de la croissance économique du Canada. De la réparation des équipements et la maintenance des services essentiels à la construction de logements, la production de biens et le bon fonctionnement des lieux de travail et des ménages, les métiers spécialisés sont le moteur du développement des infrastructures, de l’innovation et de la prospérité. Pourtant, ces métiers sont confrontés à une pénurie imminente de main-d’œuvre, et une grande partie de l’attention politique s’est concentrée sur l’élargissement du vivier d’une nouvelle main-d’œuvre. On a accordé beaucoup moins d’attention à ceux qui travaillent déjà dans ce domaine, en particulier les artisans indépendants et les propriétaires de petites entreprises, dont la capacité à maintenir et à développer leurs entreprises est tout aussi essentielle à la vigueur économique du Canada.

En raison des limites des données disponibles, le présent rapport explore deux questions en se basant sur les travailleurs autonomes comme indicateur de l’entrepreneuriat : 1) Dans quelle mesure l’esprit d’entreprise devrait-il être reconnu comme une dimension essentielle des métiers spécialisés, et 2) quelles sont les compétences les plus importantes pour la réussite des entrepreneurs dans les métiers spécialisés ? En se basant sur le cadre de compétences en entrepreneuriat inclusif de l’Institut de la diversité, la littérature a fait ressortir des domaines clés au-delà des compétences techniques, notamment les connaissances juridiques et réglementaires, la gestion financière, la gestion de projet, le marketing et la promotion, les ressources humaines, ainsi que l’innovation et les compétences numériques. Ces compétences sont essentielles à la réussite entrepreneuriale, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour élargir et adapter davantage le cadre au contexte des métiers.

L’une des principales conclusions est que les stratégies de pipeline, bien qu’importantes, ne suffisent pas. Étant donné que les travailleurs autonomes représentent déjà une part importante de la main-d’œuvre (14,1 % de la main-d’œuvre canadienne est autonome, contre 20,3 % dans les métiers généraux), il sera essentiel de développer leurs capacités entrepreneuriales pour créer des entreprises adaptables et résilientes. Bien que des données empiriques indiquent que le secteur du commerce compte de nombreuses petites entreprises, les données existantes ne reflètent pas suffisamment la présence et les caractéristiques des petites et moyennes entreprises (PME) actives dans ce secteur. Il sera donc essentiel de collecter des données plus détaillées afin d’éclairer l’allocation des ressources, les décisions politiques et la conception des programmes. 

La recherche préconise également une vision plus large de l’entrepreneuriat, trop souvent assimilé à la technologie, ce qui conduit à concentrer les financements et les formations entrepreneuriales sur le secteur technologique et limite le soutien accordé aux autres secteurs. L’application de cadres tels que le Cadre de compétences en entrepreneuriat inclusif à l’entrepreneuriat dans les métiers spécialisés peut permettre d’élaborer des programmes plus adaptés en identifiant les compétences spécifiques aux besoins des entreprises, à différents stades, dans différents secteurs et pour différentes identités. Ce faisant, les entrepreneurs du secteur des métiers spécialisés seront mieux placés pour croître et contribuer davantage à l’avenir économique du Canada.

Perspectives clés

Les travailleurs qualifiés sont plus susceptibles d’être autonomes. Les données de 2021 révèlent que, tandis que le taux d’autonomie de l’ensemble des travailleurs au Canada est de 14,1 %, environ 17 % des travailleurs certifiés Sceau rouge (certifiés dans des métiers désignés) et 20,3 % des travailleurs dans les métiers généraux sont autonomes.

Dans le domaine des métiers spécialisés, l’accent est principalement mis sur la formation de nouveaux travailleurs, mais il faut également s’intéresser aux artisans indépendants, aux entreprises existantes et aux entrepreneurs potentiels, qui ont besoin de compétences entrepreneuriales et d’un soutien ciblé pour maintenir leurs activités et poursuivre leur croissance, ce qui contribuera à renforcer l’économie canadienne

L’entrepreneuriat doit être compris comme un concept plus large que le secteur technologique, car les entrepreneurs dans les métiers spécialisés sont confrontés à bon nombre des mêmes défis que les autres chefs d’entreprise, notamment la maîtrise des lois et réglementations, l’obtention de financements, la gestion de projets et de ressources, la commercialisation de leurs services, la supervision des ressources humaines et l’adaptation aux nouvelles technologies.

L’enjeu

Les métiers spécialisés jouent un rôle déterminant dans la croissance économique et la compétitivité du Canada, et leur contribution devient encore plus cruciale à mesure que les gouvernements s’efforcent d’augmenter l’offre de logements, de renouveler les infrastructures et d’opérer la transition vers une économie verte. Les métiers étant présents dans de nombreux secteurs économiques, leur impact est considérable. En 2021, les secteurs où les métiers sont très présents, comme la fabrication, la construction, le transport, l’information et la culture, l’hébergement et la restauration, ainsi que d’autres services, ont généré près de 29 % du PIB du Canada.
Malgré leur importance, les métiers spécialisés sont confrontés à des pressions considérables. Plus de 700 000 artisans devraient prendre leur retraite d’ici 2028, et le nombre de jeunes qui se lancent dans ce domaine n’est pas suffisant pour les remplacer. Les gouvernements à tous les niveaux ont pris des mesures pour élargir le bassin de main-d’œuvre, notamment en modifiant les voies d’immigration afin d’accorder une plus grande priorité aux travailleurs qualifiés et en investissant dans la formation technique afin de renforcer les capacités de la main-d’œuvre. 

Moins d’attention a été accordée à ceux qui travaillent déjà dans ce domaine, en particulier les travailleurs indépendants et les propriétaires de PME qui possèdent peut-être une solide expertise technique, mais qui manquent souvent des compétences entrepreneuriales nécessaires pour maintenir et développer leur entreprise. Bien que des données plus détaillées soient nécessaires pour déterminer la part des PME dans les métiers, nous savons que le travail autonome joue un rôle majeur dans ce domaine. En 2021, le taux d’emploi autonome au Canada était de 14,1 %, contre près de 17 % chez les travailleurs certifiés Sceau rouge, qui sont certifiés dans des métiers désignés, et 20,3 % chez ceux qui exercent des métiers généraux. 

Comme l’entrepreneuriat est largement envisagé sous l’angle de la technologie, d’autres formes essentielles d’entreprise sont souvent négligées. Ainsi, le soutien à l’entrepreneuriat dans les métiers spécialisés est généralement assuré par le biais de formations techniques, même si les propriétaires d’entreprises artisanales sont confrontés à bon nombre des mêmes défis que ceux du secteur technologique. Il est essentiel de les reconnaître comme des entrepreneurs à part entière afin de leur garantir l’accès à toute la gamme des aides dont ils ont besoin.

women in engineering

Ce que nous examinons

Ce rapport s’est donné pour objectif d’examiner deux questions centrales : 

  • Dans quelle mesure l’esprit d’entreprise devrait-il être reconnu comme une dimension essentielle des métiers spécialisés ? 
  • Quelles sont les compétences les plus essentielles pour la réussite des entrepreneurs dans les métiers spécialisés ?

Bien que la part des PME n’ait pas pu être déterminée, car les classifications au niveau sectoriel ne reflètent pas entièrement l’activité des artisans, les données sur le travail indépendant ont été utilisées comme indicateur, montrant qu’une proportion importante d’artisans travaillent de manière autonome et pourraient bénéficier d’un accès à un ensemble plus large de soutiens et de compétences entrepreneuriales. 

Le rapport s’appuie sur une analyse documentaire, guidée par le cadre de compétences en entrepreneuriat inclusif de l’Institut de la diversité, afin d’identifier les compétences les plus pertinentes pour l’entrepreneuriat dans les métiers spécialisés. Ce cadre s’appuyant sur des recherches approfondies visant à identifier les compétences clés à tous les stades, dans tous les secteurs et pour toutes les identités, il a constitué un point de départ précieux pour cette analyse. En s’appuyant sur ce cadre, la recherche a examiné les défis auxquels sont confrontés les artisans indépendants et a étudié comment ces compétences s’appliquent à leur contexte.

Ce que nous apprenons

Les recherches existantes démontrent que la réussite dans l’entrepreneuriat dans les métiers spécialisés dépend d’une combinaison de compétences. Les domaines mis en évidence ci-dessous sont essentiels, mais non exhaustifs. De nouvelles recherches sont nécessaires pour approfondir la compréhension et élargir cet ensemble de compétences :

  • La capacité à s’y retrouver dans les exigences légales et réglementaires est une compétence essentielle pour les entrepreneurs dans les métiers spécialisés. Pour ceux qui possèdent et exploitent une entreprise, des connaissances juridiques sont nécessaires en matière d’assurance des entrepreneurs, de protection de la propriété intellectuelle et de procédures d’enregistrement ou de constitution d’une société.
  • Une gestion financière rigoureuse est essentielle pour les entreprises artisanales. La tenue de livres comptables permet de suivre les flux de trésorerie, la rentabilité et les performances globales. Pourtant, de nombreux artisans gèrent eux-mêmes cette tâche afin de réduire les coûts, ce qui peut entraîner des risques en matière de conformité et de planification. Les outils numériques peuvent alléger une partie de la charge, mais les connaissances financières restent essentielles pour interpréter les informations et garantir que les projets génèrent des profits durables.
  • La gestion et la coordination de projets sont essentielles pour les entreprises artisanales, en particulier dans le secteur de la construction, où les projets sont complexes et soumis à des délais stricts. Les artisans doivent jongler entre plusieurs tâches, s’adapter à des conditions changeantes et veiller à la cohésion des équipes et des sous-traitants. Avec la pénurie de main-d’œuvre qui ajoute à la pression, une planification rigoureuse et une bonne gestion des risques sont essentielles pour faire face aux retards et aux imprévus sur le chantier.
  • Le marketing et la promotion sont essentiels pour les entrepreneurs du secteur artisanal, qui manquent souvent d’équipes dédiées et doivent compter sur leurs propres efforts. Sans image de marque forte ni présence numérique, de nombreuses personnes comptent trop sur le bouche-à-oreille. Les stratégies numériques telles que les réseaux sociaux, la publicité ciblée et l’analyse de la clientèle peuvent rationaliser la promotion, renforcer la visibilité et aider à attirer à la fois des clients et des employés potentiels. 
  • La gestion des ressources humaines est essentielle pour les entrepreneurs du secteur artisanal, y compris les travailleurs autonomes, car ils ont souvent recours à des apprentis, des sous-traitants et des travailleurs saisonniers. La capacité à recruter et à fidéliser efficacement des travailleurs qualifiés tout en respectant les normes de sécurité a une incidence directe sur les résultats commerciaux.
  • L’innovation et les compétences numériques deviennent de plus en plus essentielles dans le monde du travail, en particulier dans les métiers manuels, où la numérisation et l’automatisation transforment les tâches effectuées par les artisans. Au-delà du soutien à l’efficacité des travaux techniques réalisés, les opérations commerciales peuvent également tirer profit de l’adoption de stratégies numériques visant à améliorer le marketing, à automatiser les processus financiers, à prévoir les tendances et à rationaliser la gestion des ressources humaines.

Pourquoi c’est important

L’une des principales conclusions de cette étude est que, même s’il est nécessaire et important d’élargir le bassin de nouveaux travailleurs dans les métiers spécialisés, cela ne répond qu’à une partie des besoins. Il convient d’accorder une attention plus grande qu’actuellement aux travailleurs indépendants, qui représentent une part importante des métiers spécialisés, ainsi qu’aux propriétaires de petites entreprises. Le renforcement de leurs compétences entrepreneuriales sera essentiel pour accroître la résilience et la capacité d’adaptation de ces entreprises et faire en sorte qu’elles soient bien placées pour contribuer à la croissance économique du Canada.  

À cet égard, il faut repenser fondamentalement ce qu’implique l’entrepreneuriat. Elle est trop souvent assimilée à la technologie, qui à son tour détermine l’allocation des ressources et le soutien. Ainsi, la plupart des programmes destinés à soutenir la création, la croissance et la pérennité des entreprises sont concentrés dans le secteur technologique, laissant les entrepreneurs des métiers spécialisés sans accès à des opportunités comparables. 

Des outils tels que le Cadre de compétences en entrepreneuriat inclusif seront essentiels pour orienter la conception des programmes, car ils permettent d’identifier les compétences pertinentes dont les entrepreneurs ont besoin à différentes étapes du développement de leur entreprise et dans différents secteurs, ainsi qu’en fonction de l’identité des chefs d’entreprise. Cependant, les systèmes de données actuels ne permettent pas de saisir facilement la présence et les caractéristiques des PME dans les métiers, ce qui limite les informations disponibles pour prendre des décisions plus ciblées et éclairées. Il sera donc essentiel de renforcer la collecte de données afin d’élaborer des programmes adaptés à la réalité des entrepreneurs dans les métiers spécialisés. 

Young carpenter sawing board with circular saw .

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Comment Citer Ce Rapport
Institut de la diversité. (2025) Rapport d’analyse du Projet: Les femmes travaillant dans les métiers spécialisés. Toronto: Centre des Compétences futures. https://fsc-ccf.ca/fr/recherche/metiers-specialises-femmes/