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La lutte contre le changement climatique exige un recyclage, une nouvelle réflexion et une volonté collective

Pour éviter les pires conséquences du changement climatique, le Canada s’est fixé un objectif ambitieux d’atteindre zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici à 2050. Cette transition vers une économie à zéro émission nette risque d’être perturbatrice, mais elle créera également de nouvelles possibilités d’emploi au niveau mondial.

Lors de deux événements récents consacrés au développement durable, le Conference Board du Canada et le Centre des Compétences futures ont regroupé des experts qui ont examiné le rôle des compétences dans cette transition et la manière dont le passage à un avenir neutre en carbone touchera le marché de l’emploi à l’avenir. Voici quelques éléments clés de ces discussions perspicaces.

Des voies diverses vers un même objectif

L’une des principales conclusions était que, bien que nous partagions le même objectif, des parcours différents sont nécessaires pour une transition verte. Il n’y a pas de solution unique. Il sera donc essentiel de reconnaître les différences régionales et sectorielles. Cela signifie que les approches et les solutions varieront à travers le Canada, étant donné que les besoins et les circonstances de la transition sont largement influencés par les différences régionales. Les besoins des collectivités diffèrent en fonction de leur situation géographique, de leur climat et de leur taille. Les solutions pour les collectivités nordiques sont particulièrement limitées en raison des coûts de déploiement, des climats plus rudes et dans les régions éloignées. Par conséquent, les discussions locales sont essentielles et les décisions ne peuvent pas être prises uniquement par les gouvernements fédéral ou provinciaux. Il convient d’inclure les intervenants de tous les niveaux de gouvernement et des parties prenantes locales. En outre, le parcours vers la carboneutralité sera plus facile si nous œuvrons ensemble et si nous veillons à inclure les idées et les points de vue de ceux qui sont traditionnellement exclus de ces discussions.

Former à nouveau, repenser, transformer

Les compétences sont essentielles pour parvenir à zéro émission nette, mais nous ne sommes pas prêts. En dressant le portrait des lacunes à combler et des possibilités à explorer dans les compétences vertes au Canada, nous pouvons améliorer notre compréhension des besoins et de la manière d’y parvenir. Si nous connaissons nos besoins en matière de formation, nous pourrons élaborer des programmes adaptés et ciblés afin que la main-d’œuvre dispose des connaissances et des compétences nécessaires pour s’attaquer à la crise climatique. Une collaboration intentionnelle et réfléchie entre les principaux intervenants, soit les employeurs, les établissements d’enseignement postsecondaire et le gouvernement, est nécessaire. Une stratégie de transition durable exige également des politiques et des aides qui permettent à toute la main-d’œuvre et à tous les lieux de travail de se former de nouveau, repenser les choses et se transformer. Par exemple, le secteur de la construction a désespérément besoin de travailleurs ayant des compétences écologiques. Les programmes de formation à l’intention de la main-d’œuvre en milieu de carrière de ce secteur en vue de créer des infrastructures vertes seront essentiels pour remédier à la pénurie de compétences vertes et soutenir les transitions durables du Canada.

Les jeunes : chefs de file d’aujourd’hui et de demain 

Nous devons créer aujourd’hui un monde qui inspirera les chefs de file de demain. Nous devons préparer les jeunes à acquérir les compétences, le cadre de travail et l’inspiration nécessaires pour aider le Canada à réussir dans une économie verte. Cela signifie qu’il faut encourager une culture de l’innovation et de l’apprentissage à vie en créant, par exemple, des politiques publiques et des programmes de formation dans tous les ordres d’enseignement. Les jeunes sont déjà aux premières lignes de l’action contre le changement climatique et pour la justice climatique. Ce seront eux qui nous guideront au travers des transformations massives et complexes qui nous attendent. Pour ajouter à la complexité, ces changements surviendront durant une période de tensions géopolitiques plus fortes, de circonstances économiques changeantes et de numérisation rapide. L’innovation, la créativité et la capacité à résoudre les problèmes de manière novatrice seront essentielles pour faire face à la crise climatique.

L’inclusion peut être un moteur du succès

Les pratiques qui appuient les personnes sous-représentées au Canada sont essentielles pour remédier aux manques de talents et aux pénuries de main-d’œuvre. Les peuples autochtones, les femmes, les personnes handicapées et la population canadienne racialisée sont généralement confrontés à des discriminations et à des obstacles à l’éducation. En outre, il convient de les intégrer à la discussion et de leur donner des chances égales de contribuer. Au-delà de la formation et de l’embauche, nous devons, en tant que nation, faire en sorte de mieux intégrer des perspectives et des approches diverses. Par exemple, l’intégration des pratiques et des approches autochtones dans les politiques de lutte contre le changement climatique peut contribuer à protéger des ressources comme l’eau douce. Cela nécessite une réconciliation et une coopération engagées, découlant d’une confiance réciproque. Cela prendra du temps, mais c’est essentiel pour établir des relations authentiques, mutuellement prospères et durables, toutes essentielles pour un Canada durable.

La nécessité d’une volonté collective 

Même si nous ne savons pas encore très clairement comment parvenir à notre objectif de zéro émission nette, nous devons continuer d’avancer ensemble. Pour naviguer à travers les complexités croissantes de la crise climatique, il faut aller au-delà des tactiques singulières. Nous devons coordonner nos efforts et travailler dans tous les secteurs pour atteindre le même objectif : une carboneutralité.

Cela signifie, par exemple, investir dans l’innovation, mettre à profit notre curiosité et repenser les vieilles façons de faire qui nous privent des voix des personnes sous-représentées.

Nous savons que l’incertitude et le changement sont constants, il nous faut compter sur la volonté et la persévérance collectives pour réussir. La meilleure manière de guider le Canada sur la voie de la transition vers une économie carboneutre est d’échanger nos idées et les connaissances que nous acquérons sur les avenirs durables. Cela profitera non seulement à la main-d’œuvre de demain, mais aussi à l’avenir de notre planète. 

Katrina Campbell est associée de recherche au sein de l’équipe Éducation et compétences du Conference Board du Canada. Elle a passé cinq ans à des postes d’analyste politique et de recherche dans divers secteurs, notamment l’éducation, les soins de santé et les services sociaux. Intéressée par la manière dont les organisations s’attaquent aux problèmes complexes, elle a dirigé et collaboré à des projets de recherche allant du leadership universitaire au gouvernement fédéral.

Les points de vue, les réflexions et les opinions exprimés ici sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue, la politique officielle ou la position du Centre des Compétences futures ou de l’un de ses membres du personnel ou des partenaires du consortium.