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Les travailleuses et travailleurs handicapé(e)s seront bientôt la nouvelle norme

L’intégration des personnes handicapées est le moteur de l’avenir du travail dans ce pays. Vous n’en êtes peut-être pas conscient, mais c’est pourtant le cas. Les entreprises qui ne réorientent pas leur culture et n’adoptent pas pleinement l’intégration des personnes handicapées resteront à la traîne.

Pourquoi ? Notamment, en partie, parce que le nombre de personnes handicapées au Canada est en hausse.

À l’heure actuelle, environ 6,2 millions de personnes au Canada (22 %) ont un handicap. Ce chiffre devrait passer à 25 % d’ici 2025. Il est important de se rappeler que le « handicap » est un terme général ; le handicap est diversifié.

Les chiffres sont en hausse

Maintenant, considérons ceci : selon une étude du Conference Board of Canada, le nombre de personnes au Canada ayant un handicap physique seul devrait augmenter de 1,8 % par an, pour atteindre 3,6 millions en 2030.

En Nouvelle-Écosse, 30 % de la population (soit 229 430 personnes) a au moins un handicap. C’est plus élevé que dans toute autre province.

Il est donc certain que dans les prochaines années, les entreprises à travers le Canada (et pas seulement en Nouvelle-Écosse) auront plus d’employés et de candidats à l’emploi qui ont un handicap. Les travailleuses et travailleurs auront davantage de collègues atteints d’un handicap.

Il existe d’autres raisons pour lesquelles l’inclusion des personnes ayant un handicap est le moteur de l’avenir du travail.

Les opportunités créées par le télétravail 

Le passage au « travail depuis tout lieu », à mesure que les entreprises modifiaient la façon dont les employés travaillaient pendant une crise de santé publique mondiale, figure parmi celles-ci.

Cela a créé des opportunités d’emploi, alors qu’il y avait auparavant des obstacles, pour certaines personnes handicapées.

Autre raison : les attentes du public à l’égard des entreprises en matière de handicap évoluent. Et les entreprises de la Nouvelle-Écosse, les 20 479 d’entre elles, doivent tenir compte de leur public. La réputation de votre marque et vos résultats sont en jeu.

Une enquête menée par la Fondation Angus Reid/Rick Hansen en novembre 2021 a révélé que 62 % des Canadiennes et des Canadiens seraient plus enclins à faire affaire avec une entreprise s’ils savaient que celle-ci avait des politiques spécifiques pour soutenir les employés ayant un handicap.

Tout cela fait partie du changement de culture. Considérons les adaptations : le terme « modifications » est plus approprié – comme une exception forcée à vos pratiques standard est une vision à court terme ; cela empêchera la création d’une culture inclusive et constituera un obstacle à la croissance et au succès.

Ne vous laissez pas accabler par les concurrents. Une étude d’Accenture a révélé que les entreprises axées sur l’intégration des personnes handicapées augmentent leurs ventes 2,9 fois plus vite que les autres entreprises, et leurs bénéfices 4,1 fois plus vite.

Vous ne pouvez plus être intransigeant et dire : « C’est comme ça qu’on fait les choses. » Vous devez redéfinir les mentalités. Pensez-y : « Comment pouvons-nous changer les choses pour que tous les employés réussissent ? »

L’inclusion comme la norme

Pour cette chronique, j’ai contacté quelques leaders du secteur des personnes handicapées de la Nouvelle-Écosse afin d’obtenir leur avis sur l’inclusivité des entreprises de la province. Ils ont rapidement répondu que, dans l’ensemble, les employeurs inclusifs sont rares.

Cela se reflète dans le taux d’emploi des personnes handicapées en Nouvelle-Écosse (55,4 %). C’est 23,4 % de moins que le taux pour les personnes non handicapées – et c’est moins que le taux national (59,3 %).

Ne vous méprenez pas, des progrès ont été réalisés. Il n’y a pas si longtemps, dans ce pays, l’inclusion des personnes handicapées dans le monde des affaires et de l’emploi se heurtait à une forte résistance, principalement en raison des attitudes et des perceptions à l’égard du handicap. Cela n’a jamais été pris en compte dans la planification stratégique de l’entreprise.

Mais aujourd’hui, les chefs d’entreprise avisés comprennent ou commencent à comprendre, lorsque leurs objectifs commerciaux et l’inclusion des personnes handicapées sont étroitement alignés, que l’inclusion peut être le moteur de la réussite commerciale future.

Malgré les progrès réalisés, il reste encore beaucoup à faire pour sensibiliser les entreprises aux handicaps et à l’inclusion, non seulement en Nouvelle-Écosse, mais à travers le pays.

La question est de savoir quand nous arriverons enfin à un point où il ne sera plus nécessaire d’éduquer ou de sensibiliser. Il a fallu plus d’un siècle pour que l’intégration des personnes handicapées soit enfin reconnue comme un facteur de changement dans l’avenir du travail. C’est bien trop long.

Jeannette Campbell est la directrice générale de l’Ontario Disability Employment Network (ODEN). Cette chronique est reproduite avec la permission de Jeannette Campbell et d’ODEN et a été publiée pour la première fois sur Saltwire.com, édition Affaires du Canada atlantique.

Les points de vue, les réflexions et les opinions exprimés ici sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue, la politique officielle ou la position du Centre des Compétences futures ou de l’un de ses membres du personnel ou des partenaires du consortium.