Requalification accélérée pour promouvoir les solutions fondées sur la nature et les projets d’infrastructures vertes au Canada

L’enjeu

Les secteurs des ressources naturelles ont été confrontés à une série de défis au cours des dernières années, notamment la fluctuation des prix des produits de base, les effets du changement climatique et les différends commerciaux, qui ont tous été intensifiés par la COVID-19. Cette accélération des perturbations sectorielles a entraîné une augmentation de la précarité de l’emploi, ce qui a affecté les communautés et la main-d’œuvre qui dépendent de ces industries. Les industries pétrolières et gazières, qui sont depuis longtemps chargées de récupérer et de restaurer les zones naturelles après leur extraction, disposent d’une main-d’œuvre aux compétences transférables qui pourrait s’orienter vers des solutions fondées sur la nature et des projets d’infrastructures vertes.

Les solutions fondées sur la nature et les projets d’infrastructures vertes constituent une voie prometteuse pour cette catégorie de main-d’œuvre, car ils lui permettent d’appliquer ses compétences dans de nouveaux contextes axés sur la restauration de l’environnement et le développement durable. Ces projets sont non seulement essentiels pour restaurer les écosystèmes, mais aussi pour créer des opportunités d’emploi dans les communautés urbaines, rurales, isolées et autochtones de tout le Canada. Cette évolution est considérée comme bénéfique pour tous, car elle contribue à atténuer les effets du changement climatique tout en favorisant la résilience des communautés.

Les efforts précédents pour relever les défis de l’emploi dans ces secteurs ont inclus des initiatives financées par le gouvernement, comme l’engagement de 1,7 milliard de dollars pour nettoyer les puits orphelins et abandonnés, qui devait créer plus de 5 000 emplois. En outre, des investissements ont été réalisés dans le secteur forestier et des initiatives de plantation d’arbres à grande échelle ont été lancées. Toutefois, ces mesures, tout en apportant une aide temporaire, n’ont pas permis de répondre pleinement aux besoins d’emploi à long terme ou à la transition vers des pratiques durables qui sont de plus en plus exigées par un marché du travail en pleine évolution. Ce projet vise à tirer parti de ces premières étapes en proposant des programmes de formation plus structurés et plus ciblés afin d’aider la main-d’œuvre à s’intégrer efficacement dans le sous-secteur des solutions basées sur la nature.

Ce que nous examinons

Ce projet a exploré plusieurs questions de recherche visant à répondre aux besoins des secteurs des ressources naturelles dans l’ouest du Canada, en particulier ceux qui sont touchés par les ralentissements économiques et les changements structurels. Les questions principales étaient les suivantes : 

• Comment la main-d’œuvre existante dans les secteurs du pétrole et du gaz, de la sylviculture et de l’exploitation minière peut-elle être rapidement qualifiée pour passer à des projets NBS ? 
• Quelles sont les principales professions, compétences et tendances émergentes requises pour les projets NBS dans l’Ouest canadien ? 

En outre, le projet a cherché à comprendre la dynamique du marché du travail du côté de la demande et de l’offre pour les projets NBS, en se concentrant sur les compétences transférables et les pré-qualifications de la main-d’œuvre concernée.

Les principales parties prenantes étaient ECO Canada, le Delphi Group, Iron & Earth, la BC Watershed Security Coalition, Ecotrust Canada et la tribu Louis Bull. Ces organisations ont collaboré pour 

• élaborer un programme de formation pilote comprenant trois cohortes de formation; 
• mener des études approfondies sur le marché du travail;
• faciliter le placement de plus de 50 diplômés du programme. 

La phase de recherche a comporté des analyses de l’offre et de la demande qui ont permis d’examiner les professions clés, les compétences et les tendances émergentes nécessaires aux projets des NBS. Le programme de formation pilote visait à recruter et à former des participants issus du secteur pétrolier et gazier du Canada, en appliquant une optique d’équité, de diversité et d’inclusion au recrutement des participants.

La méthodologie d’intervention comprenait l’élaboration d’un programme d’études axé sur les compétences en matière de projets NBS, les technologies émergentes et les connaissances en matière de séquestration du carbone. La formation a été dispensée dans le cadre de trois programmes virtuels de 8 semaines utilisant la plateforme de formation d’ECO Canada. Les stages ont été facilités en associant les diplômés aux projets NBS sur le terrain, ce qui leur a permis d’acquérir une expérience professionnelle pertinente à proximité de leurs communautés.

Ce que nous apprenons

Au cours du projet, 80 participants ont suivi avec succès le programme de formation « Nature-based Climate Solutions » (NbCS). La formation a porté sur des sujets essentiels tels que la compréhension du changement climatique, les pratiques durables et la sécurité dans les opérations sur le terrain.

L’adaptation à différents publics rend les programmes d’études pertinents et accessibles

L’une des principales réalisations du projet a été l’adaptation du programme de formation pour répondre aux divers besoins des participants, notamment les communautés autochtones, les nouveaux arrivants au Canada et la main-d’œuvre des industries traditionnelles. Cette capacité d’adaptation a été essentielle pour rendre la formation pertinente et accessible à un large public. Par exemple, le programme a été adapté pour inclure des informations sur le marché du travail local et des opportunités régionales spécifiques, notamment les technologies de l’hydrogène à Terre-Neuve-et-Labrador.

Les expériences d’apprentissage intégré au travail ont facilité les stages, mais ont également posé des problèmes

Le projet a également mis en œuvre avec succès un programme de subventions salariales et de stages, qui a facilité 51 placements. Cet aspect du programme a permis aux participants d’acquérir une expérience pratique, ce qui constitue souvent un obstacle majeur à l’emploi. Les stages ont conduit 65 % des participants à un emploi à long terme auprès de leur employeur d’accueil et près de 10 % à un emploi auprès d’autres employeurs. Cependant, il n’a pas été facile de trouver des stages pour ceux qui ont suivi la formation sur les solutions climatiques basées sur la nature. Malgré le vif intérêt suscité, de nombreux candidats n’ont pas pu bénéficier du stage en raison de contraintes géographiques ou autres, par exemple parce qu’ils ne répondaient pas à la définition d’une main-d’œuvre en transition, parce qu’ils se trouvaient en dehors de l’Ouest canadien ou parce qu’ils avaient posé leur candidature après la clôture du programme. Cette question souligne la nécessité d’une plus grande flexibilité dans les exigences des employeurs en matière de participation et suggère que les futurs projets pourraient bénéficier d’un critère d’éligibilité plus large afin d’accueillir un plus grand nombre de participants.

L’engagement précoce des employeurs améliore les perspectives d’emploi des participants et renforce la conception de la formation

Cette stratégie s’est avérée essentielle pour garantir que la formation soit alignée sur les besoins des employeurs et qu’elle augmente les chances d’emploi à l’issue des stages. L’implication des employeurs dès le début du processus a également facilité l’adaptation de la formation aux exigences spécifiques de l’industrie, améliorant ainsi la pertinence et l’applicabilité des compétences enseignées.

Pourquoi c’est important

Ce projet a révélé le rôle essentiel d’une recherche continue et réactive sur le marché du travail. La capacité à adapter les objectifs et les méthodes du projet en fonction des données émergentes et de l’évolution des circonstances a été cruciale pour répondre aux besoins des employeurs et des personnes à la recherche d’un emploi. Cette adaptabilité est une pratique précieuse pour tout secteur, ce qui indique que les politiques soutenant la recherche continue et la flexibilité dans la mise en œuvre des projets pourraient conduire à des résultats plus fructueux dans diverses industries.

L’accent mis sur les partenariats avec les communautés locales et les parties prenantes, y compris la formation de comités consultatifs, a constitué un autre aspect important du projet. Ces collaborations ont permis de garantir que les programmes de formation étaient pertinents et adaptés aux besoins spécifiques des communautés et des industries concernées. Ce modèle d’engagement des parties prenantes peut être un outil puissant pour les décideurs politiques et les praticiens d’autres secteurs, ce qui suggère que la promotion de partenariats solides pourrait renforcer l’impact et la pertinence d’initiatives similaires.

État des compétences :
Emplois durables pour la croissance économique

Les compétences et les connaissances liées à l’écologie gagnent en importance dans de nombreux secteurs et professions, ce qui oblige davantage de travailleurs à se perfectionner en s’appuyant sur leurs aptitudes existantes.

Lire le rapport

Les enseignements tirés de ce projet sont applicables à un large éventail de domaines politiques et pratiques. Ils prônent l’importance de la flexibilité, de l’inclusion, de l’apprentissage continu et de l’engagement fort des parties prenantes dans les initiatives de développement de la main-d’œuvre. Ces principes peuvent guider la conception et la mise en œuvre des futurs programmes, en veillant à ce qu’ils soient suffisamment solides pour s’adapter à l’évolution du paysage économique et suffisamment inclusifs pour bénéficier à tous les membres de la communauté.