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Une pénurie de personnes de métiers spécialisés et en apprentissage nécessite diverses mesures de soutien

On a besoin de personnes de métiers spécialisés au Canada. Selon le Forum canadien sur l’apprentissage – Canadian Apprenticeship Forum (FCA-CAF), on estime qu’il faudra environ 122 380 nouveaux.elles compagnon.ne.s d’apprentissage au cours de la période de cinq ans de 2022 à 2026 pour maintenir les niveaux de certification de la main-d’œuvre dans plus de 50 métiers désignés Sceau rouge, la norme reconnue à l’échelle nationale pour les métiers spécialisés au Canada. L’embauche de 256 000 apprenti.e.s sera nécessaire afin de suivre la cadence de la demande en matière de certification. Au nombre des métiers qui présentent une forte demande à l’échelle nationale, on trouve : cuisinier.ère, électricien.ne industriel.le, peintre et décorateur.rice ainsi que soudeur.euse. Les départs à la retraite stimulent cette demande. 

Quoique des milliers de compagnon.ne.s d’apprentissage quittent le marché du travail tous les ans, le nombre de personnes inscrites à la formation d’apprentissage et qui la terminent décroît à un moment où l’industrie devrait investir davantage dans les systèmes d’apprentissage, plutôt que le contraire. En 2020, le nombre de nouvelles inscriptions pour les programmes de métiers Sceau rouge a chuté de 27 % pour atteindre environ 44 100, le taux d’inscriptions annuelles le plus bas depuis 2000. La baisse du taux de réussite du programme est encore plus marquée à 31 % pour un total d’environ 20 700 certifications, le taux le plus bas en dix ans. Ces déclins coïncident avec la prévision d’une augmentation continue de la demande au cours des cinq prochaines années. 

La COVID-19 a intensifié la baisse du taux d’inscriptions à la formation d’apprentissage et de certification et elle a entraîné des conséquences négatives en matière d’emploi et de formation des apprenti.e.s. Au printemps 2021, le FCA-CAF a réalisé une étude auprès de 619 apprenti.e.s et compagnon.ne.s d’apprentissage. Malgré le retour du taux d’emploi à un niveau prépandémique en ce qui concerne les compagnon.ne.s d’apprentissage, il en est tout autrement pour les apprenti.e.s. Seulement 29 % des apprenti.e.s ont déclaré travailler, comparativement à 43 % avant la pandémie. Les apprenti.e.s de niveau 1 ont fait état du taux de chômage le plus élevé. Pendant la COVID-19, plus de la moitié des apprenti.e.s ont signalé une perte de revenu (65 %) et un retard en matière de leur formation technique (56 %). Plusieurs ne parvenaient pas à accumuler des heures d’apprentissage (45 %) ou ne pouvaient se présenter pour les évaluations écrites en vue de certification (28 %). 

Comment pouvons-nous aborder ces enjeux? Le FCA-CAF encourage les employeurs à se servir du programme ChampionsPourleChangement afin d’embaucher des femmes dans les métiers. En 2020, les femmes apprenties représentaient 5 % des inscriptions dans les secteurs de la construction, manufacturiers et du transport. Nous visons augmenter ce nombre à 15 % d’ici 2030. 

Afin de soutenir l’emploi des apprenti.e.s, le Service d’apprentissage du gouvernement fédéral offre des subventions de 5 000 $ aux employeurs de petites et moyennes entreprises pour embaucher des apprenti.e.s de première année. Les employeurs pourraient recevoir jusqu’à 10 000 $ s’ils embauchent un.e apprenti.e de première année appartenant à un groupe sous-représenté. Le FCA-CAF et ses partenaires, soit l’Association canadienne de la construction, le Aboriginal Apprenticeship Board (en anglais), Apprenticesearch.com, ConstruForce et SkillPlan (en anglais) – feront la promotion du Service d’apprentissage auprès des employeurs.. Les subventions seront offertes dès l’automne 2022.

Les incitatifs financiers ne suffisent pas à eux seuls. Les employeurs ont également besoin de soutien à l’embauche et à la formation en milieu de travail. Pour satisfaire aux besoins de l’industrie, le FCA-CAF et ses partenaires apportent aussi leur appui aux employeurs au moyen du Service d’apprentissage. Apprenticesearch.com (en anglais) est un outil en ligne qui associe les employeurs à des apprenti.e.s éventuel.le.s pour faciliter la connexion entre les employeurs et les personnes intéressées à poursuivre une carrière dans les métiers spécialisés. 

L’Aboriginal Apprenticeship Board (en anglais) met les employeurs en contact avec les candidat.e.s autochtones prêt.e.s à occuper un emploi. ConstruForce, qui soutient le secteur de la construction à l’aide d’information, d’outils et de ressources sur le marché du travail, ainsi que SkillPlan (en anglais), chef de file en matière de programmes de développement de la main-d’œuvre, offrent des cours de mentorat en milieu de travail et concernant les milieux de travail respectueux. 

ConstruForce et SkillPlan ont aussi mis sur pied une application pour permettre aux apprenti.e.s d’obtenir de la rétroaction de leurs compagnon.ne.s d’apprentissage concernant leur travail. Cette application, qui s’appelle Mentorship Matters, assure un suivi des compétences, ce que 28 % des apprenti.e.s ont signalé comme une lacune à améliorer dans notre sondage de 2021. À l’aide d’exercices interactifs en ligne, de vidéos et de questions pratiques, Skillplan favorise également le développement des compétences essentielles des apprenti.e.s, comme les mathématiques et la communication, pour satisfaire aux exigences des employeurs. 

Ces services, qui seront offerts aux employeurs partout au Canada par le biais du Service d’apprentissage, leur apporteront le soutien dont ils ont besoin pour embaucher, former et retenir les apprenti.e.s. Des investissements accrus dans l’apprentissage auprès des employeurs sont essentiels au développement de la future main-d’œuvre de métiers spécialisés au Canada.

Consultez le soutien offert aux employeurs à l’embauche d’apprentis de première année (caf-fac.org/fr) pour obtenir des renseignements détaillés à propos du Service à l’apprentissage.

Emily Arrowsmith est directrice des recherches et programmes du Forum canadien sur l’apprentissage.

Les points de vue, les réflexions et les opinions exprimés ici sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue, la politique officielle ou la position du Centre des Compétences futures ou de l’un de ses membres du personnel ou des partenaires du consortium.