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Le passé n’est qu’un prologue

Ce que le premier cycle de l’enquête PIAAC nous a appris sur les compétences des adultes au Canada et ce qu’il nous reste à explorer.

En décembre 2024, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié le deuxième cycle de données du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PIAAC), offrant de nouvelles perspectives sur les niveaux de compétences des adultes, les tendances et les problèmes. Les chercheurs examinent déjà les données en vue d’améliorer notre compréhension des compétences des adultes au Canada et de leur importance pour la productivité, la prospérité et le bien-être. Grâce à ces nouvelles données, le Canada a l’occasion, une fois par décennie, d’élaborer des politiques de compétences plus efficaces et mieux informées afin d’améliorer les performances sociales et économiques.

Toutefois, nous ne partons pas de zéro. Le premier cycle de données PIAAC (couvrant l’année 2012 au Canada) a suscité une vague de recherches et d’analyses qui ont permis de dresser un bon tableau des niveaux de compétences des adultes et de leur répartition au sein de la population canadienne. Nous savons déjà beaucoup à ce sujet. Avant de s’engager dans un programme de recherche utilisant la deuxième vague de données PIAAC, nous devrions revoir ce que le premier cycle de recherche a révélé et nous appuyer sur cette base. 

Nous avons constaté que si peu d’études ont examiné l’importance des compétences des adultes pour la productivité et la prospérité, elles offrent collectivement un bon aperçu des niveaux de compétences, de la situation du Canada par rapport aux autres pays, de la répartition des compétences entre les différentes populations et de certains des facteurs qui contribuent à l’acquisition et au déclin des compétences.

Performances mitigées du Canada par rapport aux autres pays

Les recherches menées à partir des données du cycle 1 de l’enquête PIAAC ont révélé que si les adultes canadiens se classaient au-dessus de la moyenne pour la résolution de problèmes dans un environnement riche en technologies (PS-TRE), ils se situaient dans la moyenne de l’OCDE pour la littératie et en dessous de la moyenne pour la numératie. Une étude a révélé qu’entre 2003 et 2011, le Canada aurait dû connaître une augmentation des scores de littératie compte tenu de l’élévation du niveau d’éducation, mais que notre score moyen de littératie a baissé de 7 points et était inférieur de 15 points à ce que notre niveau d’éducation aurait permis de prévoir.

Toutefois, les performances moyennes globales ne révèlent pas grand-chose dans un pays où la population adulte est très diversifiée. Ainsi, une série d’études a examiné le niveau de compétences atteint par différentes identités et communautés, y compris le sexe, l’âge, l’identité autochtone et le statut d’immigrant. 

Les principales conclusions de ces études sont les suivantes :

  • Bien que de nombreuses études n’aient pas révélé de différences significatives entre les sexes en matière d’alphabétisation et de PS-TRE, les femmes ont généralement obtenu des résultats inférieurs à ceux des hommes en matière de numératie au Canada, un écart qui s’accroît avec l’âge. 
  • Les compétences ont tendance à atteindre leur maximum vers l’âge de 30 ans pour les adultes canadiens et à décliner lentement par la suite. Notamment, les lacunes en matière de compétences entre les jeunes adultes et les adultes plus âgés sont plus importantes au Canada que dans la plupart des autres pays de l’OCDE. 
  • Les compétences en littératie, en numératie et en résolution de problèmes dans des environnements riches en technologie chez les adultes autochtones tendent à être inférieures aux compétences moyennes au Canada, bien qu’elles varient considérablement d’une population autochtone à l’autre. La recherche suggère que le faible niveau d’éducation des populations autochtones explique en grande partie les lacunes en matière de compétences et que l’augmentation du niveau d’éducation pourrait contribuer à les combler.
  • Les immigrants récents au Canada obtiennent des résultats nettement inférieurs à la moyenne canadienne dans les trois domaines de compétences. Toutefois, cela s’explique en grande partie par une moindre maîtrise de l’anglais ou du français – les langues dans lesquelles se déroulent les tests PIAAC au Canada – plutôt que par de réelles différences de compétences.

Une forte corrélation entre le niveau d’éducation et les compétences

La recherche du cycle 1 a également permis de comprendre ce qui contribue à l’acquisition et à la détérioration des compétences des adultes, ce qui présente des avantages considérables pour la politique des compétences et la conception des programmes. Quelques études ont révélé une forte corrélation entre le niveau d’éducation et les compétences en matière de lecture, d’écriture, de calcul et de résolution de problèmes dans un environnement riche en technologies, même si cette corrélation varie en fonction de l’âge, du sexe et du domaine d’études. D’autres études ont révélé des relations étroites entre l’éducation des parents et les compétences, indiquant la forte influence du capital social et de l’éducation sur l’acquisition des compétences.

Heureusement, d’autres recherches ont montré que certaines interventions peuvent combler une partie du fossé associé à l’éducation et à l’instruction. Les possibilités d’apprentissage pour les adultes – y compris la participation à des programmes formels et informels de formation professionnelle – ainsi que l’utilisation fréquente des compétences au travail ont contribué à améliorer et à maintenir les compétences au fil du temps. Parallèlement, la recherche a montré que la participation à la formation était plus élevée chez les personnes ayant déjà un niveau de compétences plus élevé, ce qui complique l’histoire claire des avantages de la formation et des compétences.

Les compétences ont un impact positif sur l’emploi et les salaires

Un sous-ensemble utile de recherches s’est concentré sur les relations entre les compétences et les résultats économiques et sociaux, notamment l’emploi, les salaires, la santé, la confiance et l’engagement politique. Les compétences ont un impact positif sur l’emploi et les salaires, les compétences en calcul et en technologie numérique ayant les impacts les plus importants. Notamment, la relation positive entre les compétences en littératie et en numératie et les salaires était plus forte au Canada que dans la moyenne de l’OCDE. Les compétences des adultes sont également associées à des performances économiques plus larges, des niveaux de compétences plus élevés contribuant à la croissance économique et à la productivité. Entre 2003 et 2015, au Canada et dans d’autres pays de l’OCDE, une augmentation de 1 % des scores en littératie se traduit par une augmentation de 3 % du PIB par habitant à long terme. Les études ont également révélé que les compétences, en particulier l’alphabétisation, ont un impact positif sur la confiance interpersonnelle, l’efficacité politique et la santé autodéclarée.

La recherche du cycle 2 devrait explorer pourquoi et comment les compétences sont importantes pour le Canada.

Bien que la recherche PIAAC du cycle 1 ait produit des résultats utiles, elle n’a eu que peu d’effet sur la politique canadienne en matière de compétences. Cela pourrait s’expliquer en partie par le fait que la recherche, et en particulier la couverture médiatique, a eu tendance à mettre l’accent sur les questions de course de chevaux (c’est-à-dire comment le Canada se classe au niveau international) plutôt que sur ce que les données montrent sur les raisons pour lesquelles nous devrions nous préoccuper des compétences et sur la manière dont les compétences peuvent être utilisées pour améliorer la productivité, la prospérité et le bien-être. Le Canada a l’occasion, une fois par décennie, de concevoir et de mettre en œuvre un programme de recherche qui s’appuie sur la première vague de recherche, tout en allant au-delà, afin de combler les lacunes en matière de connaissances, d’étudier pourquoi et comment les compétences influent sur les résultats économiques et sociaux, et de contribuer à l’élaboration de politiques et de programmes visant à améliorer la société et l’économie du Canada.

Les points de vue, les réflexions et les opinions exprimés ici sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue, la politique officielle ou la position du Centre des Compétences futures ou de l’un de ses membres du personnel ou des partenaires du consortium.