RAPPORT DE PERSPECTIVES DE PROJET
Étude de faisabilité d’un Indigenous Business Centre of Excellence
Sommaire
L’entrepreneuriat autochtone aide à renforcer la résilience face à l’instabilité du marché du travail et à créer des possibilités de moyens de subsistance culturellement pertinents et économiquement autonomes dans le Nord, ayant une incidence et assumées par les communautés elles-mêmes. L’entrepreneuriat autochtone est également essentiel à la croissance économique du Canada, particulièrement dans le Nord, où il joue un rôle essentiel dans le soutien de la diversification économique, dans la création d’emplois et pour le développement communautaire. Cependant, les entrepreneures et entrepreneurs autochtones font face à des défis importants, notamment un accès limité à l’éducation, à l’expertise en affaires et au capital financier.
Pour relever ces défis, l’Aurora College a mené une étude de faisabilité afin d’évaluer la viabilité de l’établissement d’un Indigenous Business Centre of Excellence (IBCE) — centre d’excellence en affaires autochtones à l’Aurora College. Le concept de l’IBCE explore comment promouvoir l’entrepreneuriat en tant qu’option de carrière viable pour les Autochtones en fournissant des ressources essentielles, comme la formation en compétences d’affaires, l’éducation, l’orientation et le mentorat adaptés aux besoins des entrepreneures et entrepreneurs autochtones.
Les principaux objectifs de l’étude de faisabilité comprenaient l’évaluation des besoins et des lacunes, l’exploration des possibilités, l’évaluation des modèles de centres d’affaires, la mobilisation des parties prenantes et l’évaluation des prochaines étapes.
À partir de ces activités, les partenaires ont constaté que, même si l’IBCE est viable sur le plan du fonctionnement, il devrait modifier son intention s’il est mis en œuvre, se concentrer sur les voix autochtones et adopter des stratégies culturellement pertinentes et axées sur la communauté pour mieux répondre aux besoins des communautés autochtones qu’il espère mobiliser. De plus, il serait essentiel de s’engager de manière significative auprès des communautés autochtones et d’intégrer les points de vue autochtones pour assurer le succès d’un ICBE. Ce projet souligne l’importance de prendre le temps d’établir des relations avec les communautés autochtones et de comprendre le réseau de soutien existant avant de concevoir et de mettre en œuvre une solution.
Perspectives Clés
Le dédoublement de services déjà offerts par d’autres organismes pourrait ne pas combler les lacunes et créer une concurrence pour le financement et les participantes et participants.
La pertinence et la différenciation culturelles et l’engagement significatif auprès des communautés autochtones sont essentiels au succès des efforts visant à soutenir les entreprises autochtones.
L’établissement de relations avec les communautés autochtones est une condition préalable à la compréhension de leurs possibilités et de leurs besoins.
L’enjeu
Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les gens du Nord peuvent choisir de gagner leur vie grâce à l’entrepreneuriat : par exemple, pour répondre à un besoin non satisfait dans leur communauté ; poursuivre des possibilités à l’extérieur des sources d’emploi dominantes offertes dans leur économie locale (p. ex., dans les ressources naturelles ou les secteurs publics) ; ou gagner leur vie d’une manière qui les aide également à pratiquer et à préserver leurs cultures et leurs valeurs dans une société nordique en évolution.
Les petites et moyennes entreprises offrent également des possibilités d’approvisionnement aux grandes industries et, en même temps, renforcent les compétences pour conserver la richesse dans le Nord, réduisant ainsi la dépendance à l’égard des industries dirigées par le Sud et qui vont et viennent.
Les entreprises autochtones sont un élément clé des économies régionales, provinciales et territoriales d’un océan à l’autre et continuent de croitre. Selon la Chambre de commerce du Canada, le nombre de propriétaires d’entreprises autochtones a augmenté cinq fois plus vite que celui des travailleuses et travailleurs autonomes au Canada en 2020. Les entreprises et l’entrepreneuriat autochtones jouent un rôle particulièrement central dans le soutien de l’économie et sont essentiels à la diversification économique, à la création d’emplois et au développement communautaire dans le Nord. Par conséquent, il est de plus en plus nécessaire d’améliorer les compétences et les capacités des entrepreneures et entrepreneurs autochtones dans le Nord.
Cependant, ils continuent de faire face à des défis importants pour démarrer et exploiter des entreprises prospères. Ils éprouvent souvent de la difficulté à obtenir du capital financier en raison d’obstacles systémiques. Pour les habitants du Nord, ces défis sont plus répandus, car les habitants du Nord ont un accès limité aux ressources et réseaux essentiels pour surmonter les défis et favoriser la croissance durable des entreprises. Ces problèmes désavantagent considérablement les entrepreneures et entrepreneurs autochtones.
Pour relever les défis auxquels sont confrontés les entrepreneures et entrepreneurs et les entreprises autochtones, il faut une approche multidimensionnelle qui contribue à améliorer l’accès au financement, fournit un soutien et des réseaux d’affaires adaptés, et met l’accent sur des partenariats significatifs avec les communautés autochtones. Il est nécessaire d’augmenter les ressources et le soutien disponibles pour l’entrepreneuriat autochtone, en particulier dans le Nord. Pour combler cette lacune de manière optimale, les approches doivent être conçues pour et par les peuples autochtones et tenir compte des paysages sociaux et culturels distincts.
Ce que nous examinons
L’administration du projet a mené une étude de faisabilité pour évaluer la viabilité d’un Indigenous Business Centre of Excellence (IBCE) à l’Aurora College. L’Aurora College a l’intention d’utiliser l’étude de faisabilité pour explorer la nécessité d’un IBCE en élaborant un modèle viable pour un projet pilote de deux ans. L’objectif principal de l’IBCE était de promouvoir l’entrepreneuriat comme option de carrière pour les Autochtones dans l’ensemble des territoires. Les partenaires voulaient que le centre offre de la formation en affaires, de l’éducation, du mentorat et des conseils aux entrepreneures et entrepreneurs autochtones. Les partenaires prévoyaient également que le centre pourrait aider à créer des liens et à contribuer aux pratiques exemplaires pour les entrepreneures et entrepreneurs autochtones des Territoires du Nord-Ouest et du Nord en général.
L’étude de faisabilité visait à examiner la nécessité de développer les entreprises autochtones et à évaluer les possibilités de formation continue offertes aux communautés autochtones des Territoires du Nord-Ouest et de la région nordique en général.
L’étude de faisabilité s’est concentrée sur les objectifs clés suivants.
Évaluer les prochaines étapes : évaluer la faisabilité d’aller de l’avant avec l’IBCE dans le cadre de la transformation de l’Aurora College en université polytechnique. Explorer les prochaines étapes possibles et envisager un modèle de validation de principe pour un IBCE pilote de deux ans, y compris la détermination de sources de financement potentielles par des tiers.
Évaluer les besoins et les lacunes : comprendre les besoins des entrepreneures et entrepreneurs et des entreprises autochtones, comprendre le paysage actuel des programmes et des ressources dans les Territoires du Nord-Ouest, et identifier les lacunes que l’IBCE pourrait combler.
Explorer les possibilités : collaborer avec des partenaires des Territoires du Nord-Ouest et effectuer des recherches au Nunavut et au Yukon afin de cerner les opportunités potentielles d’un IBCE. Il s’agissait d’évaluer la demande et l’intérêt de soutenir un IBCE dans les trois territoires en fonction du contexte des fournisseurs existants et de cerner les possibilités de partenariats.
Évaluer des modèles de centres d’affaires : examiner des centres d’affaires autochtones existants et des modèles de soutien à l’entrepreneuriat qui correspondent aux besoins et aux possibilités des Territoires du Nord-Ouest et du Nord en général. Cela comprenait une analyse financière pour évaluer les coûts de démarrage et d’exploitation, et pour déterminer le financement potentiel.
Mobiliser les parties prenantes : mobiliser la communauté au moyen de groupes de discussion, de sondages, de lettres d’appui et d’entrevues avec des personnes clés afin de recueillir des commentaires et d’orienter le livrable du projet. De plus, un comité consultatif composé principalement de représentantes et représentants autochtones a fourni une orientation et des recommandations sur la mobilisation de la communauté et des parties prenantes.
Ce que nous apprenons
L’IBCE serait viable sur le plan opérationnel, mais devrait modifier son approche
D’après les activités de recherche et de mobilisation menées, l’étude a révélé que l’IBCE serait viable sur le plan opérationnel. L’étude a recommandé un modèle hybride avec un bureau central à l’Aurora College. Il faut aussi prendre en compte d’autres considérations en ce qui concerne la gouvernance, les structures de pouvoir et l’autorité décisionnelle pour s’assurer que les voix autochtones en font partie. Du point de vue du financement, il faudrait 350 000 $ en capital de démarrage et 2,3 millions de dollars en financement opérationnel pour le projet pilote de deux ans. Cependant, l’approche de l’IBCE devrait être considérablement modifiée par rapport à la proposition initiale afin de mieux répondre aux besoins des entreprises et des entrepreneures et entrepreneurs autochtones.
L’IBCE ne doit pas dupliquer les ressources
L’étude a révélé qu’il y a de nombreux programmes, possibilités de formation et ressources pour les entreprises et les entrepreneures et entrepreneurs autochtones dans les Territoires du Nord-Ouest. Par conséquent, il y a une faible demande pour de nouvelles mesures de soutien ou de nouveaux programmes. Le dédoublement de services déjà offerts par d’autres organismes pourrait ne pas accroitre l’accessibilité et nuire à la viabilité des programmes existants. L’ajout de l’IBCE au marché pourrait créer une concurrence accrue pour obtenir du financement et intéresser des participantes et participants. Cependant, il existe toujours une lacune dans la capacité des entrepreneures et entrepreneurs autochtones à accéder aux mesures de soutien existantes. L’IBCE doit trouver des moyens de collaborer avec d’autres partenaires, d’ajouter de la valeur aux programmes existants et de pivoter vers un rôle plus stratégique en tant que connecteur. Cela permettrait à l’IBCE de combler les lacunes sans concurrencer directement les programmes établis.
Il faut continuer à impliquer communautés autochtones de manière significative
Bien que l’Aurora College ait impliqué les communautés autochtones tout au long du processus, il était nécessaire de s’engager davantage auprès des communautés autochtones et de se concentrer sur l’inclusion des voix autochtones. Le partenaire du projet – Aurora College, a décrit les éléments clés requis pour s’assurer de la présence des voix autochtones. Il a mis sur pied un comité consultatif composé principalement de personnes détenant des connaissances autochtones et de spécialistes en la matière pour guider l’étude. Il a également élaboré une stratégie de mobilisation pour recueillir de l’information sur les besoins et les désirs concernant l’IBCE auprès des communautés autochtones. Cependant, le partenaire a mentionné la présence de défis au cours de la mobilisation; par exemple, les difficultés rencontrées lors de la collecte des réponses aux sondages auprès des communautés autochtones, car les taux de réponse aux sondages étaient faibles. Parmi les répondantes et répondants au sondage, 45 % se sont identifiés comme Autochtones et seulement 21 % étaient des entrepreneures ou entrepreneurs et des propriétaires d’entreprise. Le partenaire a souligné que l’établissement de relations prend du temps et a reconnu qu’il faut poursuivre les efforts pour mieux mobiliser les communautés autochtones. Il a également souligné la nécessité de mieux collaborer avec les gouvernements et les organisations autochtones.
Les entreprises et les entrepreneures et entrepreneurs autochtones ont besoin d’une formation en affaires et en entrepreneuriat
Leurs besoins sont uniques. Pour assurer le succès de l’IBCE, sa conception et sa mise en œuvre doivent être culturellement pertinentes et axées sur la communauté. Dans leur travail, les entrepreneures et les entrepreneurs autochtones mettent davantage l’accent sur l’impact social et le bien-être de la communauté. Ils visent non seulement à générer de la richesse personnelle, mais aussi à soutenir leurs communautés grâce à la manière dont leurs entreprises fonctionnent. Souvent, les ressources fournies par le gouvernement modifient leurs programmes d’entrepreneuriat existants pour tenter de répondre aux besoins des entrepreneures et entrepreneurs autochtones. Ces programmes utilisent souvent des approches coloniales pour la conception et l’exécution des programmes. Par conséquent, ils ne sont pas fondés sur des approches autochtones et ne parviennent guère à répondre aux besoins des entrepreneures et entrepreneurs autochtones. Il est essentiel que l’IBCE adopte une approche plus holistique en matière de renforcement des compétences et des capacités en reconnaissant la valeur des connaissances et des pratiques culturelles autochtones, et en soutenant la santé mentale et le bien-être collectif.
Pourquoi c’est important
Dans le but de soutenir la réconciliation avec les peuples autochtones et de répondre aux appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation, le Canada doit continuer de soutenir l’entrepreneuriat et le développement des entreprises autochtones. La formation en affaires, l’éducation, le mentorat et l’orientation des entrepreneures et entrepreneurs autochtones renforcent le développement économique des peuples autochtones.
Ce projet met en évidence l’importance de ne pas sursaturer le marché en ajoutant des programmes et des ressources. Dans le but de combler les lacunes et de répondre aux besoins des populations clés, comme les entrepreneures et entrepreneurs autochtones, plusieurs bailleurs de fonds, responsables de politiques et organisations se lancent dans l’élaboration d’un nouveau programme ou service. Cependant, cette approche peut créer des préjudices involontaires, tels que la duplication et la fragmentation des services. Après avoir analysé les programmes actuellement offerts, il est évident que la quantité de ressources offertes n’est pas nécessairement le principal problème. Il y a plutôt des défis liés à l’accès ou à la connaissance des ressources existantes.
État des compétences :
Améliorer les perspectives de carrière et le bien-être des jeunes Canadiens et Canadiennes
Placer l’accent sur les programmes d’orientation professionnelle à un stade précoce pour présenter aux jeunes un éventail de cheminements de carrière et leur permettre ainsi de prendre des décisions avisées, en veillant tout particulièrement à l’inclusivité et à l’accessibilité de tels programmes.
Il s’agit d’une leçon importante lorsqu’on cherche à trouver des solutions pour combler les lacunes en matière de main-d’œuvre et d’économie. Ce projet démontre qu’il est essentiel de comprendre d’abord le paysage des options de programmes et de services. Les organismes et les bailleurs de fonds doivent être en mesure d’adapter les nouveaux programmes en réponse à ce qui est déjà offert et d’envisager des solutions novatrices. Par exemple, une organisation peut assumer un rôle plus stratégique en agissant comme guichet unique pour regrouper les services et les programmes actuels, ou collaborer avec des partenaires pour accroitre leur programmation actuelle.
Ce projet souligne, pour les responsables de politiques et l’administration des programmes, l’importance de disposer de suffisamment de temps pour s’engager de manière significative auprès des communautés autochtones. Les organisations ont reconnu la nécessité de consulter les communautés autochtones et d’intégrer les perspectives autochtones dans la conception et l’exécution des programmes. Cependant, il reste encore du travail à faire pour s’assurer que ces engagements sont significatifs et fondés sur la réconciliation. Établir des relations et générer de la confiance prend du temps ; il est essentiel d’intégrer ce temps dans les calendriers du projet. L’utilisation de cadres coloniaux pour les approches de collecte de données, comme les sondages, ne produit pas de données valides sur les communautés autochtones. Les communautés autochtones se méfient, à juste titre, des tentatives de collecte de données lorsqu’il n’existe aucune relation personnelle. Les institutions qui sollicitent l’avis des communautés autochtones devraient se tourner vers les cadres de recherche et d’évaluation autochtones pour obtenir des conseils sur les principes et les pratiques, comme Les principes de propriété, de contrôle, d’accès et de possession des Premières Nations ; l’Utility, self-voicing, access and inter-relationality research framework de l’Ontario Federation of Indigenous Friendship Centres; et d’autres cadres pertinents aux contextes provincial et territorial et aux groupes des Premières Nations, des Inuits ou des Métis avec lesquels l’administration du projet cherche à s’engager.
Des questions sur notre travail ? Souhaitez-vous avoir accès à un rapport en anglais ou en français ? Veuillez contacter communications@fsc-ccf.ca.
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Comment Citer Ce Rapport
McLaren, K. (2024). Rapport sur les perspectives de projet – Étude de faisabilité d’un Indigenous Business Centre of Excellence — Phase 1. Aurora College. Toronto : Centre des Compétences futures. https://fsc-ccf.ca/fr/projets/ibce/
Étude de faisabilité d’un Indigenous Business Centre of Excellence est financé par le gouvernement du Canada dans le cadre du programme Compétences futures. Les opinions et les interprétations contenues dans cette publication sont celles de l’auteur et ne reflètent pas forcément celles du gouvernement du Canada.