RAPPORT DE PERSPECTIVES DE PROJET
Maîtrise des compétences numériques par les travailleurs
Sommaire
Le projet du Collège Humber visant la Maîtrise des compétences numériques par les travailleurs (Digital Fluency for the Workforce) a comblé un retard majeur sur le marché du travail canadien, retard encore aggravé par la rapidité des transformations technologiques. Son objectif : renforcer la maîtrise des compétences numériques au sein de groupes démographiques sous-représentés, notamment les jeunes, les nouveaux arrivants, les personnes racisées et celles ayant des lacunes dans les compétences essentielles. Ce projet a ainsi consisté à établir une série de microcertifications gratuites et cumulables dans le domaine numérique afin de donner les moyens à ces groupes d’accéder à l’emploi et d’évoluer sur le marché du travail, et d’offrir aux employeurs la possibilité de recruter et de maintenir en poste, de manière rapide et rentable, des travailleurs dotés de compétences numériques.
La prestation était proposée sous deux formes : entièrement en ligne ou en mode hybride. Cette approche a joué un rôle crucial dans la capacité du programme de s’adapter aux préférences d’apprentissage et contribué à améliorer l’accessibilité et l’implication des participants. L’initiative a servi 315 apprenants, soit plus que sa cible initiale, et délivré 566 microcertifications, preuve que ce modèle peut être déployé à grande échelle à l’appui du perfectionnement de la main-d’œuvre.
Le système d’évaluation et de reconnaissance des acquis (ÉRA) s’est révélé particulièrement efficace en offrant une passerelle vers le perfectionnement des compétences. Les apprenants ont débuté au niveau de formation le plus adapté, de sorte que les plus avancés gagnent du temps tout en permettant aux personnes ayant besoin d’un accompagnement supplémentaire d’acquérir des compétences plus élémentaires. Cette approche tenant compte des compétences préalables a accéléré le processus d’apprentissage de nombreuses personnes.
La rétroaction des participants a souligné la valeur des microcertifications cumulables et insisté sur l’importance d’offrir en sus des soutiens complets aux demandeurs d’emploi. Par ailleurs, les constatations du projet ont mis en évidence l’importance que les membres de l’équipe de formation et du personnel du programme fassent preuve de bienveillance, d’ouverture et d’expertise pour assurer la réussite des apprenants et le succès du programme. Dans l’ensemble, ce projet a démontré l’efficacité des microcertifications et du système ÉRA dans l’optique de combler les lacunes numériques et fourni des enseignements sur la manière d’adapter des modèles pédagogiques similaires dans d’autres secteurs à l’appui d’un perfectionnement rapide des compétences. En outre, ce projet a souligné l’importance d’offrir des modalités d’apprentissage souples et d’intégrer des services de soutien pour favoriser la transition vers l’emploi des participants. Autant d’enseignements précieux qui peuvent aider les décideurs, les enseignants et les chefs de file du secteur à peaufiner et à élargir les programmes de formation professionnelle afin de répondre aux exigences d’un marché du travail en pleine mutation.
Perspectives Clés
Trois cent quinze apprenants ont suivi une formation aux compétences numériques et plus de 566 microcertifications ont été délivrées.
L’accent placé sur l’évaluation et la reconnaissance des acquis (ÉRA) a facilité la création de passerelles propices au perfectionnement des compétences, permis aux apprenants venus de divers horizons de commencer leur formation au niveau le plus adapté et accéléré le processus d’apprentissage de nombreux participants.
Le double modèle de prestation de ce projet (soit entièrement en ligne, soit en mode hybride) s’est avéré efficace pour répondre aux différents besoins et préférences d’apprentissage, améliorer l’accessibilité et favoriser la participation.
L’enjeu
Ces dernières années, le marché du travail au Canada a été mis à rude épreuve par la rapidité des progrès technologiques. Cette situation a exacerbé les difficultés que rencontraient les employeurs pour embaucher des travailleurs ayant les compétences requises, en particulier dans le domaine des technologies numériques. Dans le même temps, les personnes ne maîtrisant pas les compétences numériques de base – et, de ce fait, grandement défavorisées – peinaient à trouver un emploi dans une économie de plus en plus axée sur le numérique. Un problème qui touchait particulièrement les jeunes, les nouveaux arrivants, les personnes ayant des lacunes dans les compétences essentielles et les communautés racisées, soit des groupes devant souvent composer avec d’autres obstacles entravant leur accès à l’emploi et aux occasions de formation.
Avant le lancement de ce projet visant la maîtrise des compétences numériques par les travailleurs, les systèmes d’éducation et de formation disponibles ne répondaient pas pleinement au besoin urgent de renforcement des compétences numériques. Souvent, les programmes traditionnels s’étalaient sur une longue période et étaient inabordables, en particulier pour les personnes issues de groupes ayant droit à l’équité. En outre, ces programmes parvenaient rarement à satisfaire aux besoins concrets et immédiats des employeurs ou à suivre l’évolution rapide du paysage numérique.
Ce projet a été mis en place pour répondre à l’urgente nécessité d’offrir des solutions de formation accessibles, efficaces et évolutives, capables d’améliorer rapidement les compétences numériques de la population, de façon que les personnes qui en sont dotées puissent obtenir un emploi et rester en poste dans divers secteurs.
Ce que nous examinons
Plusieurs questions de recherche principales ont été étudiées en vue d’améliorer la maîtrise des compétences numériques dans de nombreux secteurs. Ces dernières visaient à définir la maîtrise des compétences numériques, à comprendre comment l’acquérir et l’évaluer, et à déterminer la faisabilité de mise en place de programmes de formation intersectoriels. Ces interrogations ont servi à orienter l’approche stratégique et méthodologique du projet.
Les principales parties prenantes étaient le Collège Humber et Emploi Ontario, ainsi que divers partenaires sectoriels et organismes communautaires. Ce projet avait pour double objectif : 1) de créer et de mettre à l’essai des microcertifications cumulables visant à améliorer la maîtrise des compétences numériques chez les groupes sous-représentés afin de favoriser les transitions professionnelles et 2) d’aider les employeurs à attirer et à maintenir en poste des travailleurs dotés de compétences numériques.
Ce projet reposait sur une stratégie de microcertification tenant compte des acquis. Les coordonnateurs ont mis à l’essai cette approche aux stades de l’élaboration du programme d’études, de la participation des apprenants et de la rétroaction des employeurs. Deux modèles d’enseignement ont également été expérimentés : l’un entièrement en ligne et l’autre en mode hybride, alliant apprentissage en ligne synchrone et asynchrone. Cette approche avait pour but de répondre à la diversité des besoins en matière de style d’apprentissage, d’accroître la participation et d’améliorer l’accessibilité. La rétroaction des participants et des employeurs recueillie tout au long du projet a été essentielle pour affiner le contenu de la formation et les modes de prestation.
Ce que nous apprenons
Cette initiative se caractérisait notamment par la mise en œuvre d’un système d’évaluation et de reconnaissance des acquis (ÉRA) : ce dernier tenant compte des compétences existantes, il a permis d’accélérer le processus d’apprentissage de 98 participants. Ainsi, 80 ont pu commencer au niveau 2 et 18 ont accédé directement au niveau 3. Outre l’accélération du processus d’apprentissage, cette approche a joué un rôle crucial dans la réussite générale du projet, étant donné que 74 % des participants étaient des apprenants de première génération. Cela souligne la valeur que revêt cette formation pour les personnes suivant des études après l’école secondaire pour la première fois.
Cette initiative a attiré un groupe diversifié de participants, même si les coordonnateurs s’attendaient à la présence d’un plus grand nombre de jeunes. Les participants (majoritairement des femmes) se situaient pour la plupart dans la tranche des 40 à 59 ans, reflet de l’intérêt de ce programme aux yeux des personnes d’âge mûr souhaitant réintégrer la population active.
De l’avis des coordonnateurs du projet, les participants (notamment les membres de la première cohorte d’apprenants) ont eu besoin d’un accompagnement individuel au-delà du soutien pédagogique fourni par les formateurs animant les sessions synchrones/asynchrones, ce qui souligne l’importance de renforcer les systèmes de soutien mis à la disposition de ces apprenants.
Malgré ces obstacles, la rétroaction concernant le système ÉRA s’est révélée extrêmement positive, insistant sur l’efficacité du processus de reconnaissance des acquis et sur l’accélération connexe du parcours pédagogique de nombreux participants. La collaboration avec les services d’emploi a été jugée bénéfique, dans la mesure où elle a permis aux participants d’obtenir un soutien essentiel qui a facilité leur transition vers l’emploi.
En conclusion, le projet visant la maîtrise des compétences numériques par les travailleurs a dépassé ses objectifs de participation, signe du précieux intérêt des formations et des certifications. Toutefois, il a également mis en évidence la nécessité d’offrir un accompagnement renforcé aux participants. Ces enseignements sont essentiels en vue d’affiner les itérations futures du programme et pourraient servir à éclairer des initiatives similaires dans d’autres régions.
Pourquoi C’est Important
La maîtrise des compétences numériques devient de plus en plus indispensable d’un point de vue individuel et économique dans le contexte de l’avenir du travail. Au niveau individuel, elle permet à tout un chacun de se repérer efficacement et sereinement dans un paysage numérique complexe, et ainsi d’accéder aux occasions d’apprentissage de demain et d’améliorer ses perspectives d’emploi. Elle contribue ainsi à combler le fossé numérique. Au niveau sociétal, elle est propice à l’inclusion de bon nombre des groupes ciblés par ce projet, tout en stimulant l’innovation, la productivité et la compétitivité.
Néanmoins, l’approche pédagogique prédominante visant la maîtrise des compétences numériques présente divers obstacles qui empêchent de combler le fossé numérique auquel se heurtent les groupes ayant droit à l’équité, notamment la durée prolongée des cours, le mode de prestation en personne et les coûts prohibitifs. C’est pourquoi il est important de retenir que les microcertifications cumulables sont efficaces. Elles offrent des possibilités de formation souples et ciblées qui répondent aux besoins sectoriels, favorisent le perfectionnement rapide des compétences et tiennent compte des acquis des apprenants.
État des compétences :
De meilleures transitions sur le marché du travail pour la main-d’œuvre en milieu de carrière
Le rôle que les outils numériques et les services de carrière virtuels peuvent jouer dans l’amélioration de l’accès à la formation et au développement de carrière est très prometteur, en particulier pour les personnes confrontées à des barrières ou à des contraintes géographiques telles que les soins familiaux ou d’autres responsabilités professionnelles.
Ce projet a également expérimenté un double modèle de prestation (en ligne ou en mode hybride) qui offre des enseignements sur l’avenir des méthodes pédagogiques. La variété des modes d’apprentissage permet de répondre aux besoins diversifiés des apprenants et peut contribuer à accroître les taux de participation et d’achèvement des programmes de formation. Faire preuve d’une telle souplesse s’avère de plus en plus judicieux dans un monde où prédominent les environnements de travail hybrides et à distance.
Ce projet a par ailleurs souligné l’importance d’étendre l’accompagnement au-delà des cadres d’apprentissage traditionnels. L’intégration de services d’emploi et la prestation de soutiens complets ont grandement aidé les participants à acquérir de nouvelles compétences, ainsi qu’à les appliquer efficacement dans le but d’obtenir et de conserver un emploi. Cette approche holistique pourrait servir à éclairer des politiques plus générales visant à améliorer les résultats en matière d’emploi des groupes sous-représentés.
En adoptant des modèles pédagogiques souples, inclusifs et conformes aux besoins sectoriels, il est possible de relever plus efficacement les défis posés par la mutation rapide des milieux de travail et de faire en sorte que tous les travailleurs possèdent les compétences nécessaires pour s’épanouir.
Les prochaines étapes
Le Collège Humber a déployé le programme visant la maîtrise des compétences numériques par les travailleurs (Digital Fluency for the Workforce) dans l’ensemble de son établissement.
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Maîtrise des compétences numériques par les travailleurs est financé par le gouvernement du Canada dans le cadre du programme Compétences futures. Les opinions et les interprétations contenues dans cette publication sont celles de l’auteur et ne reflètent pas forcément celles du gouvernement du Canada.