Sommaire
Le projet Craft de l’Université de l’Ontario College of Art and Design (OCAD) au Canada a été lancé pour répondre aux défis importants auxquels le secteur de la création a été confronté lors de la pandémie de la COVID-19. Ce projet vise à favoriser la résilience des créateurs en développant et en testant une place de marché en ligne basée sur un modèle de plateforme coopérative – une structure commerciale équitable et démocratique conçue pour responsabiliser les créateurs plutôt que de les exploiter. Ce modèle visait à responsabiliser les artistes et les concepteurs en intégrant l’apprentissage et la requalification à la génération de revenus.
Le projet a débuté par des recherches visant à perfectionner les groupes d’utilisateurs cibles et la proposition de valeur de la plateforme. Cette recherche comprend des entretiens avec les parties prenantes, une enquête auprès des professionnels de la création affiliés à l’Université OCAD et des entretiens approfondis avec des entrepreneurs créatifs. Dans l’ensemble, le projet a impliqué plus de 600 artistes-entrepreneurs par le biais de diverses initiatives, notamment des ateliers et des accélérateurs d’entreprises. Cette approche exhaustive a permis d’identifier les profils d’artistes et de designers qui bénéficieraient le plus de l’initiative et de comprendre le contexte concurrentiel des plateformes mises à la disposition des créateurs.
Le résultat a été le lancement de Fineline, un marché de l’art et une plateforme coopérative qui aide les artistes et les concepteurs à développer leurs activités en ligne tout en développant des compétences en matière d’entrepreneuriat culturel. Le projet a été façonné par des artistes et des concepteurs tout au long de son cycle de vie. Les créateurs participants forment maintenant une coopérative pour permettre la copropriété, la co-gouvernance et le soutien de pair à pair pour les membres.
Le succès du projet Craft fournit un modèle de changement systémique basé sur des solutions dirigées par les utilisateurs et des modèles coopératifs pour soutenir l’entreprenariat artistique durable à travers la communauté et l’apprentissage par les pairs.
Perspectives Clés
Fineline dispose d’un potentiel d’expansion. Le modèle de Fineline a suscité l’intérêt d’une expansion régionale, des organisations de la région de Vancouver ayant exprimé le souhait d’incorporer des éléments de l’approche de Fineline. Cela laisse entrevoir de bonnes perspectives d’adoption et d’adaptation à plus grande échelle dans diverses régions et communautés.
Des approches participatives et dirigées par les artistes sont nécessaires pour s’assurer que le modèle d’entreprise coopérative est pertinent, utile et qu’il répond aux besoins des artistes.
La copropriété et la co-gouvernance favorisent l’équité et sont essentielles à la viabilité d’un marché créatif collaboratif et axé sur la communauté.
L’enjeu
Le secteur de la création au Canada a été fortement touché par la COVID-19. Le secteur a été confronté à d’importantes pertes d’emplois et à l’instabilité financière. Un large éventail de professionnels du secteur des arts et du design a été touché, notamment des artistes, des concepteurs et d’autres créateurs qui dépendent souvent de sources de revenus multiples et du travail à la pige pour subvenir à leurs besoins.
La nature indépendante du travail dans le secteur créatif, tout en offrant flexibilité et autonomie, expose souvent les artistes et les concepteurs à l’exploitation et à l’instabilité financière. Les pigistes dans ces domaines sont souvent confrontés à des problèmes comme le retard de paiement ou le fait d’être payé moins que ce qui est dû, problèmes amplifiés par le manque de ressources financières et juridiques dont disposent les grandes entreprises pour faire respecter les conditions de paiement et gérer les contrats. La précarité de ce travail autonome s’est encore accentuée pendant la pandémie. Cela a fait ressortir le besoin de nouveaux modèles de ressources collectives qui fournissent aux créateurs les outils nécessaires pour naviguer et prospérer dans un contexte économique de plus en plus incertain.
Ce que nous examinons
Pour répondre à ces défis, l’université OCAD, le plus grand et le plus ancien établissement d’enseignement de l’art et du design au Canada, a lancé le projet Craft. Ce projet visait à créer un marché en ligne fonctionnant sur le modèle d’une plateforme coopérative. L’initiative visait à renforcer la résilience individuelle et collective des créateurs, afin de leur permettre de mieux résister aux perturbations économiques et sociales.
Le projet a exploré plusieurs questions de recherche visant à comprendre et à répondre aux besoins des entrepreneurs créatifs. En particulier, le projet a cherché à savoir comment les créateurs qui poursuivent généralement des flux de revenus multiples et des parcours professionnels non traditionnels peuvent renforcer leur résilience économique et professionnelle grâce à l’accès à une plateforme de marché communautaire. Pour ce faire, il a fallu définir les utilisateurs cibles potentiels et comprendre les types de créateurs (artistes ou concepteurs, fabricants de produits ou prestataires de services) qui bénéficieraient le plus d’une telle plateforme. Le projet visait également à mieux comprendre le rôle des modèles de coopératives de plateforme dans la formation et l’autonomisation des membres en tant que citoyens numériques et la manière dont une telle approche pourrait être reproduite dans d’autres communautés canadiennes, en fournissant une plateforme pour soutenir et connecter le secteur créatif.
Un certain nombre de parties prenantes clés ont été impliquées tout au long du projet par le biais d’enquêtes, d’entretiens, d’ateliers et d’accélérateurs d’entreprises. En particulier, la méthodologie de recherche comprenait des entretiens avec les parties prenantes afin de recueillir diverses perspectives au sein de l’écosystème de l’Université OCAD, une enquête pour recueillir les expériences des étudiants et des anciens étudiants affiliés, et des entretiens approfondis avec des créateurs afin de plonger dans les expériences et les besoins individuels. Les coordinateurs du projet ont recueilli un total de 24 réponses à l’enquête et mené neuf entretiens avec des créateurs. Le projet a impliqué des représentants de divers bureaux et départements de l’Université OCAD, ainsi que plus de 600 artistes-entrepreneurs. Toutes les parties prenantes ont fourni des informations précieuses sur les expériences des entrepreneurs créatifs dans le cadre de leur travail et en dehors, ce qui a permis d’orienter le projet.
Cette approche globale a permis une analyse solide du parcours de l’entrepreneur créatif et le développement d’interventions ciblées pour soutenir ces entrepreneurs par le biais de Craft.
Ce que nous apprenons
Les approches participatives et dirigées par des artistes sont essentielles à l’épanouissement d’un modèle d’entreprise coopérative
Cela signifie que les artistes participent activement aux processus de prise de décision de la coopérative et à sa gouvernance, en contribuant à façonner son orientation et ses politiques. Les artistes comprennent leurs propres besoins et défis, et en les impliquant dans la prise de décision, la coopérative peut s’assurer que ses services, programmes et initiatives sont pertinents pour la communauté artistique qu’elle sert. Et lorsque les artistes ont leur mot à dire sur le fonctionnement de la coopérative, ils ont un sentiment plus profond d’appartenance et d’attachement à l’organisation. Cela renforce la signification globale de leur engagement et favorise un sentiment d’appartenance à la communauté coopérative. Une approche participative et dirigée par les artistes permet à la coopérative d’adapter ses services et programmes de soutien pour répondre efficacement à ces besoins spécifiques. Faire participer les artistes à la prise de décision leur permet également de prendre en main leur propre destin. En ayant voix au chapitre dans la gestion de la coopérative, les artistes peuvent défendre collectivement les politiques et les pratiques qui favorisent leurs intérêts et leurs valeurs.
La copropriété favorise l’équité
Le projet a également révélé que la copropriété et la co-gouvernance sont des principes fondamentaux pour la viabilité d’un marché créatif collaboratif et axé sur la communauté. La copropriété permet à chacun de bénéficier de la croissance et de la prospérité du marché. Elle favorise également un sentiment de responsabilité collective à l’égard de son bien-être et garantit que les bénéfices générés par le marché sont partagés équitablement entre ses membres.
Fineline dispose d’un potentiel d’expansion
En termes d’impact plus large, le modèle de Fineline a suscité un intérêt pour une expansion régionale et nationale, avec des entités telles que la société The Jibe, basée à Vancouver, et la place de marché ArtsAlly, qui ont exprimé leur intérêt pour l’adoption de certains éléments du modèle. Cela indique un potentiel d’adoption et d’adaptation plus large de l’approche Fineline dans différentes régions et communautés.
Pourquoi c’est important
Les enseignements tirés de cette initiative soulignent le besoin crucial de structures de soutien personnalisées qui répondent spécifiquement aux défis uniques auxquels sont confrontés les entrepreneurs créatifs. Ces résultats sont essentiels pour éclairer les politiques et les pratiques, car ils soulignent l’importance d’intégrer des modèles coopératifs dirigés par la communauté dans le secteur de la création. Ces modèles ne renforcent pas seulement la résilience économique, mais favorisent également un écosystème de soutien qui est essentiel pour un entrepreneuriat artistique durable.
L’approche du projet en matière de co-conception et de co-gouvernance avec les créatifs est un bon modèle de développement économique et communautaire inclusif et participatif. Ceci est particulièrement pertinent pour les décideurs politiques et les bailleurs de fonds qui cherchent à promouvoir l’équité et l’inclusion dans les écosystèmes entrepreneuriaux ou dans le secteur créatif. En adoptant des cadres similaires, d’autres secteurs pourraient bénéficier d’un engagement accru des parties prenantes, ce qui conduirait à des pratiques commerciales plus résilientes et plus adaptatives, mieux alignées sur les besoins des diverses communautés.
L’accent mis par le projet sur l’apprentissage entre pairs et le mentorat constitue un argument convaincant en faveur de l’adoption de ces stratégies au-delà des industries créatives. Cette approche soutient non seulement la croissance individuelle, mais renforce également les réseaux professionnels, améliorant ainsi la compétitivité globale et l’innovation au sein des industries. Le projet fait également ressortir le potentiel des plateformes numériques en tant que moteurs économiques et centres d’apprentissage.
État des compétences :
Outils numériques dans l’écosystème des compétences
Le rôle que les outils numériques et les services de carrière virtuels peuvent jouer pour améliorer l’accès à la formation et au développement de carrière est très prometteur, en particulier pour les personnes confrontées à des obstacles géographiques ou à des contraintes telles que la garde d’enfants ou d’autres responsabilités professionnelles.
Enfin, le succès du modèle coopératif dans la fourniture d’une plateforme équitable et non extractive pour les créatifs suggère que des structures de financement et de soutien similaires pourraient être bénéfiques dans d’autres secteurs caractérisés par le travail à la pige et l’emplois à la demande.
Prochaines étapes
Depuis la conclusion du projet en décembre 2023, la coopérative a intégré et développé un programme d’apprentissage mensuel pour 2024. Cette étape est importante et démontre la viabilité du modèle coopératif pour les créateurs indépendants. Des efforts sont également déployés pour explorer les possibilités de reproduire ce modèle dans d’autres régions et institutions du Canada.
Télécharger le rapport de perspective
Des questions sur notre travail ? Souhaitez-vous avoir accès à un rapport en anglais ou en français ? Veuillez contacter communications@fsc-ccf.ca.
Plus de CCF
Petits et moyens employeurs (PME) : lacunes en matière de compétences futures
Télédéveloppement des compétences socioprofessionnelles des personnes handicapées et intégration dans une entreprise ouverte
Pôle de compétences de North Coast
Comment Citer Ce Rapport
Tobin, S. (2024). Project Insights Report: CRAFT, Ontario College of Art and Design. Toronto: Centre des Compétences futures. https://fsc-ccf.ca/fr/projets/craft-ocad/
CRAFT est financé par le gouvernement du Canada dans le cadre du programme Compétences futures. Les opinions et les interprétations contenues dans cette publication sont celles de l’auteur et ne reflètent pas forcément celles du gouvernement du Canada.