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Financer la formation professionnelle : Pourquoi les employeurs doivent-ils agir de manière plus stratégique ?

À une époque où le monde du travail évolue rapidement, l’accès à la formation professionnelle est essentiel à la réussite de la main-d’œuvre. La main-d’œuvre ne peut pas s’attendre à ce que les connaissances et le savoir-faire qu’elle a acquis au cours de ses années d’éducation formelle lui permettent de mener à bien toute sa carrière. De plus, une nouvelle étude remet en question l’efficacité avec laquelle les employeurs canadiens soutiennent leurs employés dans leurs efforts pour améliorer leurs compétences.

La dernière vague de l’enquête sur l’emploi et les compétences révèle qu’une majorité de Canadiens faisant partie de la population active (57 %) ont suivi une formation professionnelle au cours de l’année écoulée. Cependant, la majorité de la main-d’œuvre qui a eu accès à la formation l’a payée elle-même. Seuls deux sur cinq ont déclaré que tous les frais de formation étaient couverts par leur employeur (ou quelqu’un d’autre).

Si l’on examine l’accès à la formation et qui la finance, on obtient l’image suivante de la main-d’œuvre : Le groupe le plus important (43 %) n’a bénéficié d’aucune formation professionnelle au cours de l’année écoulée ; le deuxième groupe le plus important (31 %) a participé à une formation, mais l’a payée lui-même ; et le groupe le moins important (24 %) a bénéficié d’une formation payée par son employeur.

En soi, cela pourrait ne pas être un problème si la formation financée par l’employeur donnait les meilleurs résultats. Toutefois, l’enquête révèle que les formations payées par l’employeur sont moins susceptibles de déboucher sur des résultats concrets pour les salariés, comme une augmentation, une promotion ou l’obtention d’un nouveau diplôme. En d’autres termes, plus il est probable que la formation professionnelle aboutisse à un résultat matériel positif pour le professionnel, plus il est probable que le professionnel ait payé lui-même cette formation.

Un examen des types de formation que reçoit la main-d’œuvre peut contribuer à expliquer cette tendance. Le type le plus courant est la santé et la sécurité au travail, qui est également l’un des types de formation les plus susceptibles d’être financés par les employeurs. Cette formation est évidemment essentielle, mais elle vise à assurer le bien-être de la main-d’œuvre aujourd’hui plutôt qu’à préparer les emplois de demain. Les formations axées sur les compétences en matière de leadership, de gestion ou de communication sont moins courantes et moins souvent financées par les employeurs. Il n’est pas surprenant que ces types de formation soient également plus fortement associés à des résultats positifs comme une augmentation ou une promotion.

Les inégalités liées à la formation payée par l’employeur sont également préoccupantes. De nombreux groupes historiquement confrontés à des obstacles à l’avancement sur le lieu de travail, notamment la main-d’œuvre racialisée, autochtone ou handicapée, sont en fait plus enclins que la moyenne à avoir accédé à une formation professionnelle au cours de l’année écoulée. En outre, il est plus probable que la formation suivie aboutisse à un résultat positif, comme une promotion ou une augmentation de salaire. C’est la bonne nouvelle. Cependant, ces professionnels sont aussi beaucoup plus susceptibles d’avoir pris en charge eux-mêmes les coûts de la formation. Par conséquent, la main-d’œuvre racialisée, autochtone et handicapée au Canada est beaucoup moins susceptible que ses homologues blancs, non autochtones ou non handicapés d’avoir eu accès à une formation payée par leur employeur. Cela suggère que la manière dont les employeurs choisissent d’investir dans le développement des compétences de leurs employés peut renforcer les inégalités sur le lieu de travail, plutôt que de les corriger.

Dans l’ensemble, les résultats de la nouvelle enquête suggèrent que les employeurs devraient réfléchir de manière plus stratégique aux investissements qu’ils réalisent dans la formation professionnelle. Des études antérieures avaient déjà révélé que les employeurs canadiens investissaient moins dans la formation pour améliorer les compétences de la main-d’œuvre que les employeurs d’autres pays. À cela s’ajoute le fait que les investissements réalisés n’aboutissent pas toujours à de meilleurs résultats en matière d’emploi pour les employés, et ne profitent pas toujours aux employés qui ont le plus besoin d’aide. Une utilisation plus ciblée des ressources disponibles pour le développement des compétences permettrait d’obtenir de meilleurs résultats pour les employeurs et les employés.

L’enquête sur l’emploi et les compétences est menée par l’Environics Institute for Survey Research, en partenariat avec le Centre des Compétences futures et l’Institut de la diversité de l’Université métropolitaine de Toronto. La sixième vague de l’étude consiste en une enquête menée auprès de 5 968 Canadiens âgés de 18 ans et plus, entre le 13 octobre et le 23 novembre 2023, dans toutes les provinces et tous les territoires. Elle a été réalisée en ligne (dans les provinces) et par téléphone (dans les territoires).

The Survey on Employment and Skills is funded primarily by the Government of Canada’s Future Skills Centre / L’enquête sur l’emploi et les compétences est principalement financée par le Centre des Compétences futures du gouvernement du Canada.

Les points de vue, les réflexions et les opinions exprimés ici sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue, la politique officielle ou la position du Centre des Compétences futures ou de l’un de ses membres du personnel ou des partenaires du consortium.