La reprise économique requiert un effort d’équipe à travers les secteurs et toutes les industries
Depuis près de deux ans, les Canadiens sont aux prises à des défis économiques sans précédent. Les obstacles actuels sont nombreux : l’automatisation et les nouvelles technologies engendrent depuis plusieurs années des perturbations sans précédent au sein de la main-d’œuvre, ainsi que l’amplification des désavantages sociaux et des obstacles aux possibilités offertes aux nouveaux arrivants. Ces défis ont précédé la pandémie, mais la présence de la COVID-19 a accéléré les changements, perturbant et éliminant les emplois de nombreux Canadiens.
Des analystes de l’ancien Conseil consultatif sur la croissance économique du Canada ont prédit, avant même la pandémie, que les emplois de plus de 10 % de la main-d’œuvre canadienne seraient menacés par l’automatisation d’ici 2030. Aujourd’hui, McKinsey prévoit que le nombre de travailleurs qui devront changer de profession sera supérieur de 25 % aux estimations précédentes.
La pandémie a engendré un terrible bilan économique, inégalement réparti. Des secteurs tels que le commerce de détail et l’hôtellerie ont été particulièrement touchés, mais d’autres domaines ont connu une croissance. Cet impact inégal est connu sous le nom de reprise en « K », ce qui signifie que les personnes hautement qualifiées profitent d’un retour aux conditions d’emploi d’avant la récession, tandis que d’autres stagnent.
Le rapport intitulé : Widening equality: Effects of the pandemic on jobs and income, signale que les travailleurs qui gagnent moins, qui ont un emploi moins sûr ou qui ont un niveau d’éducation moins élevé ont été beaucoup plus affectés par la COVID-19. De plus, ces travailleurs sont plus susceptibles de perdre leur emploi ou de voir leurs heures de travail réduites, par rapport à ceux qui ont des revenus plus élevés. En outre, de nombreuses personnes sont confrontées à des obstacles systémiques profonds. Les communautés racialisées, les peuples autochtones, les travailleurs âgés, les personnes issues de la communauté LGBTQ2+, les femmes, les jeunes et les personnes handicapées ont supporté une charge disproportionnée, dans des conditions de travail plus précaires et avec un niveau de pauvreté plus élevé.
De nouvelles voies pour l’avenir
Le changement peut également être source d’opportunités. La pandémie a transformé certains emplois existants et en a créé de nouveaux, promettant de nouvelles possibilités pour l’avenir. De nouvelles opportunités peuvent être trouvées dans des domaines en transformation ou en expansion tels que la cybersécurité, un volet florissant du secteur technologique qui est de plus en plus demandé. L’intelligence artificielle est un autre domaine technologique en pleine croissance. Elle est adoptée par un nombre croissant de secteurs et offre la promesse d’emplois nouveaux et différents.
Alors que la question du changement climatique continue de dominer l’agenda public, la demande de mettre l’accent sur l’économie écologique et sur des activités plus durables et neutres en carbone ne fera que croître. Les nouveaux processus, systèmes et technologies qui soutiennent l’économie écologique sont en pleine émergence. Ils seront également à l’origine de nouveaux emplois et de nouvelles carrières.
Alors que nous nous efforçons de sortir de la pandémie et d’ouvrir la voie à une prospérité à long terme, je suis convaincu que trois principes seront essentiels pour aller de l’avant : accorder la priorité aux compétences, assurer une reprise inclusive et établir une stratégie fondée sur la collaboration.
Une approche axée sur les compétences
L’évolution des secteurs et des emplois exigera des compétences nouvelles et différentes. Les compétences doivent donc être au centre de toute solution. Les nouvelles possibilités de carrière nous donnent l’occasion de mieux nous assurer que nous investissons dans la formation de la main-d’œuvre pour répondre aux exigences de l’avenir.
Nous devons également nous assurer de perfectionner les compétences des nouveaux arrivants au Canada, et ce, plus rapidement et d’une manière directement liée aux besoins du marché du travail. L’amélioration de notre approche optimisera le potentiel des personnes et leur donnera de meilleures perspectives économiques.
Trois principes seront essentiels pour aller de l’avant : accorder la priorité aux compétences, assurer une reprise inclusive et établir une stratégie fondée sur la collaboration.Pedro Barata
Une reprise inclusive
Les efforts visant à favoriser la reprise économique doivent également être inclusifs et adaptés aux besoins des populations vulnérables, qui seront de plus en plus confrontées à des bouleversements et auront besoin d’autres types de soutien. Des services de garde d’enfants, de logement et d’autres aides et services complémentaires seront nécessaires et devront être pertinents et accessibles aux populations défavorisées et marginalisées.
Un guide fondé sur la collaboration
La coopération est essentielle. Les partenariats entre les entreprises, les gouvernements, les universités, les employeurs, les organisations communautaires et les travailleurs sont indispensables pour que les gens puissent s’épanouir dans les secteurs nouveaux et émergents. Il s’agit de sortir de leurs silos respectifs et de trouver et d’investir ensemble dans des solutions qui dotent les travailleurs des compétences et du soutien nécessaires.
De meilleures relations engendreront de meilleurs résultats. Une nouvelle série de partenariats sectoriels dirigés par des employeurs, récemment lancée par nous, est un excellent exemple d’organisations travaillant en collaboration avec d’autres acteurs pour innover et tracer de nouvelles voies dans certains des secteurs économiques les plus perturbés du pays. Notre investissement est axé sur les secteurs qui présentent un risque élevé d’automatisation ou qui seront essentiels à la réussite future du Canada et feront partie intégrante de la reprise.
Si nous continuons à mettre l’accent sur l’inclusion, les compétences et la collaboration, nous pouvons laisser derrière nous les conséquences désastreuses de la pandémie et nous diriger vers un avenir de prospérité partagée dans lequel personne ne sera laissé pour compte.
Pedro Barata est le directeur général du Centre des Compétences futures.
Les points de vue, les réflexions et les opinions exprimés ici sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue, la politique officielle ou la position du Centre des Compétences futures ou de l’un de ses membres du personnel ou des partenaires du consortium.