Project Connect : Programme professionnel d’administrateur de projet

L’enjeu

En tant que population la plus jeune et à la croissance la plus rapide au Canada, les peuples autochtones constituent une ressource considérable pour remédier à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Cependant, les Autochtones continuent de subir des inégalités en matière de compétences et de formation. Cela se traduit par des taux d’emploi et de participation plus faibles, des taux de chômage plus élevés et une plus grande vulnérabilité aux ralentissements économiques par rapport à leurs homologues non autochtones.

Parmi les obstacles auxquels se heurtent les peuples autochtones dans leur quête d’une formation professionnelle, on peut citer l’éloignement géographique des centres de formation ou d’enseignement, des taux de réussite au secondaire inférieurs à la moyenne et des difficultés financières pour payer les frais de scolarité et acheter le matériel et les fournitures nécessaires à la formation.

De plus, de nombreux établissements d’enseignement n’intègrent pas les perspectives, les connaissances ou les modes d’apprentissage culturels autochtones. La plupart des programmes de formation professionnelle et des établissements d’enseignement postsecondaire ne tiennent pas compte des réalités auxquelles sont confrontés les apprenants autochtones, ni n’intègrent la culture et l’épistémologie autochtones. 

Consciente de ces réalités, l’Université Royal Roads s’est donné pour objectif d’établir des relations solides entre les communautés autochtones et l’université. Il visait également à permettre aux apprenants de s’épanouir dans des environnements d’apprentissage culturellement pertinents et riches de sens. Au cours de la phase 1 du projet (2020-2023), le personnel du département des études professionnelles et continues de l’université Royal Roads a travaillé en étroite collaboration avec le personnel responsable des initiatives de formation de la Métis Nation British Columbia afin de mettre au point une solution de formation qui permettrait de relever ces défis. 

Fort de l’impact de cette collaboration, Royal Roads a cherché, au cours de la phase 2 (2023-2024), à établir des relations avec les communautés autochtones de la région du Sahtu, du nord du Manitoba et du Nunavut. Grâce à ces engagements, Royal Roads espérait mieux comprendre les exigences, les besoins et les attentes des partenaires potentiels et adapter ses programmes de développement des compétences à ces communautés.

Ce que nous examinons

Au cours de la phase 1 du projet, de 2020 à 2023, grâce à la collaboration avec la Nation métisse de Colombie-Britannique et à une évaluation du marché du travail de la province, le programme de formation d’administrateur de projet professionnel a été conçu. Le programme serait un mélange innovant de cours crédités et non crédités visant à préparer les diplômés à l’emploi grâce à un large éventail de compétences en administration de projets. Il offrirait des liens solides avec la culture métisse et un soutien global aux élèves. En raison de la pandémie de COVID-19, le programme a d’abord été offert entièrement en ligne plutôt que selon le modèle hybride initialement proposé au Centre des Compétences futures.

Le programme Professional Project Administrator est un programme de formation de 18 semaines qui compte six cohortes de participants et qui travaille en étroite collaboration avec la Nation métisse de Colombie-Britannique, d’autres Premières Nations de Colombie-Britannique et le gouvernement métis Otipemisiwak entre 2020 et 2023. Le programme comprenait trois cours universitaires crédités et quatre cours non crédités axés sur les compétences professionnelles, qui portaient sur les thèmes suivants :

• gestion de projet
• leadership collectif
• gestion des données et rapports
• suite Microsoft Office
• rédaction de propositions
• culture numérique 
• communications

Le programme comprenait des services complets disponibles pendant et après les programmes d’études des étudiants. Les services intégrés comprenaient le soutien culturel d’un aîné, des activités culturelles, une formation et un soutien professionnels, un accompagnement et l’accès à un conseiller autochtone. 

Au cours de la phase 1, l’évaluation visait à mieux comprendre l’impact du programme Professional Project Administrator sur la communauté d’apprentissage autochtone et à identifier les caractéristiques de conception du programme et les besoins en matière de soutien aux étudiants qui pourraient servir de base à des programmes éducatifs similaires à l’avenir. L’évaluation de la phase 1 a utilisé une approche de recherche-action participative et a suivi une méthodologie d’étude de cas qualitative.

Fort du succès des relations établies lors de la phase 1 avec la Nation métisse de Colombie-Britannique, d’autres Premières Nations de Colombie-Britannique et le gouvernement métis Otipemisiwak, la phase 2 (2023-2024), Royal Roads s’est engagée auprès des communautés autochtones de la région de Sahtu, dans le nord du Manitoba (en partenariat avec l’University College of the North) et du Nunavut afin d’établir des relations et de mieux comprendre les exigences, les besoins et les attentes des partenaires potentiels, ainsi que les possibilités de développement des compétences. Royal Roads a continué à concevoir et à dispenser des formations en présentiel et mixtes adaptées à la culture dans le cadre du programme Professional Project Administrator (Administrateur de projet professionnel) et a collaboré avec les communautés engagées pour mener des évaluations des besoins avec les acteurs régionaux et les employeurs.

Ce que nous apprenons

Au cours de la phase 1 du projet, de 2020 à 2023, le programme de formation d’administrateur de projet professionnel a été dispensé à six reprises à un total de 93 étudiants. Sur les trois premières cohortes pilotes, 98 % des étudiants ont obtenu leur diplôme à l’issue du programme, et 91 % sur les trois suivantes. Les étudiants ont déclaré avoir acquis des compétences utiles, de la confiance, des liens culturels et un emploi. Les entretiens menés auprès des étudiants ont révélé une forte satisfaction globale à l’égard du programme. 74 % des diplômés ont trouvé un emploi après le programme, contre 51 % avant le programme. Dans le cadre d’un processus d’évaluation de suivi mené à l’automne 2022, 15 des 17 diplômés interrogés ont indiqué occuper un poste en rapport avec leur formation dans le cadre du programme de gestionnaire de projet professionnel. 

L’évaluation des trois premières cohortes du programme de formation des administrateurs de projets professionnels a permis d’identifier les éléments communs de la conception du programme qui devront être intégrés dans les programmes de connaissances et de compétences pertinents à l’avenir, notamment :

• une communauté bienveillante qui cultive un sentiment d’appartenance chez les élèves et favorise la confiance entre les élèves, leurs familles et le personnel;
• des mesures de soutien intégrées qui facilitent l’accès. Cela comprend des services d’orientation professionnelle, du coaching professionnel, des services de soutien en santé mentale, des bourses d’études et des ordinateurs portables équipés de Microsoft Office. Au cours des trois premières cohortes, les mesures de soutien global ont contribué à l’engagement des élèves et ont renforcé leur confiance. De nombreux diplômés ont souligné l’importance du financement qui leur a permis de bénéficier d’allocations de subsistance et d’avoir accès à un ordinateur qu’ils ont pu conserver après avoir terminé le programme avec succès.
• apprentissage culturel. Les résultats indiquent un lien évident entre la culture et le sentiment d’appartenance et d’engagement des étudiants autochtones dans le programme. Par exemple, participer à des activités culturelles avec une personne âgée était l’un des volets du programme de formation des administrateurs de projets professionnels. L’élément culturel a été précieux pour renforcer l’estime de soi des élèves quant à leur identité métisse. Cela les a aidés à comprendre qu’ils méritaient le financement qu’ils recevaient pour participer au programme. 

Au cours de la phase 2 du projet, qui s’étend de 2023 à 2024, Royal Roads a tiré d’importantes leçons des visites sur place concernant les bonnes pratiques de partenariat avec les communautés autochtones, notamment l’importance de se présenter en personne pour établir des relations de confiance durables, de concevoir des programmes adaptés à la culture et à l’histoire de la communauté, et d’inviter les aînés à donner des conseils sur les protocoles respectueux à adopter, notamment en matière de cadeaux appropriés en signe de respect pour la communauté d’accueil. 

Les communautés visitées étaient particulièrement intéressées par les programmes d’éducation et de formation menant à un diplôme, notamment dans les domaines des compétences administratives et de la gestion des terres et de l’eau. Les modes de prestation qui ont suscité le plus d’intérêt comprenaient un modèle mixte combinant apprentissage en ligne et en présentiel, des stages et des apprentissages, des modèles de cohortes, des écoles de terrain, de la formation et du coaching, des microcertifications et une composante en plein air du programme.

Pourquoi c’est important

Les établissements d’enseignement ont historiquement joué et continuent de jouer un rôle actif dans le préjudice causé aux communautés autochtones, notamment par le biais de recherches extractives, de programmes problématiques et du vol et/ou de la dévalorisation des connaissances traditionnelles. 

Lorsque Royal Roads cherche à établir des relations avec les communautés autochtones du Nord, elle s’efforce de démontrer qu’elle a l’intention de nouer des relations éthiques et pertinentes dans un esprit de vérité et de réconciliation, et non de reproduire ou de perpétuer ces préjudices. C’est un défi qui doit être pris en compte dans l’approche, les délais et le suivi. Pour établir des relations durables, les établissements d’enseignement supérieur doivent réfléchir à la manière d’investir dans le développement de relations en dehors des fonds de financement spécifiques. Il serait préjudiciable à l’établissement de relations que le personnel ne soit encouragé à s’engager auprès des communautés que lorsque l’institution est rémunérée par un bailleur de fonds pour le faire.

Ce projet fournit un modèle aux autres établissements d’enseignement postsecondaire non autochtones qui souhaitent collaborer plus étroitement avec les communautés des Premières Nations, des Métis et des Inuits. Les résultats obtenus à ce jour fournissent aux décideurs des orientations pratiques pour la conception et la mise en œuvre des programmes, en mettant l’accent sur des partenariats solides et efficaces entre les communautés et les établissements d’enseignement supérieur. Les résultats sont également instructifs pour d’autres types d’établissements non autochtones, au-delà de l’enseignement supérieur.

État des compétences :
Soutenir l’entrepreneuriat et les PME autochtones et nordiques

L’entrepreneuriat et les entreprises autochtones et nordiques jouent un rôle crucial dans le renforcement des économies locales en soutenant la diversification économique, la création d’emplois et le développement communautaire.

Lire le rapport

Prochaines étapes

Les résultats positifs des phases 1 et 2 du projet de Royal Roads ont donné lieu à de nouveaux partenariats avec les communautés autochtones et nordiques. 

Dans la phase 3 du projet (2025), Royal Roads poursuit la mise en œuvre du programme de formation professionnelle des administrateurs de projets dans la région du Sahtu. Parallèlement, l’université prend les mesures suivantes : 

• élaborer et mettre en œuvre une formation axée sur la restauration environnementale à Délı̨nę, dans les Territoires du Nord-Ouest; 
• élaborer des options pour faciliter la transition vers l’emploi ou la poursuite des études, ainsi que des cours de perfectionnement professionnel destinés aux coordonnateurs de l’emploi et de la formation, en partenariat avec Manitoba Keewatinowi Okimakanak Inc. et l’University College of the North;
• consultation continue avec le gouvernement du Nunavut sur les autres voies d’accès à l’enseignement postsecondaire, y compris l’obtention d’un diplôme, pour les apprenants du Nunavut, en mettant l’accent sur les exigences relatives aux carrières dans le domaine de la dévolution. 

L’évaluation de la phase 3 est prévue pour fin 2025.