Tester et évaluer l’impact d’un nouveau modèle d’innovation pour le développement de la main-d’œuvre à Terre-Neuve-et-Labrador

L’enjeu

Terre-Neuve-et-Labrador est aux prises avec des problèmes de développement de la main-d’œuvre depuis des années. En 2023, le taux d’activité de sa population active était de 57 %, bien en dessous du ratio idéal de plus de 70 %. Ce déficit a été aggravé par le vieillissement de la population et l’émigration des jeunes, ce qui a entrainé des pénuries de main-d’œuvre dans les industries clés. Cette situation a souligné le besoin d’approches innovantes en matière de développement de la main-d’œuvre, en particulier pour attirer et retenir des immigrantes et immigrants pour favoriser la croissance économique et la vitalité culturelle.

Le besoin d’une nouvelle approche s’est imposé, car les solutions efficaces à ces problèmes de main-d’œuvre sont demeurées élusives. Par le passé, les initiatives provinciales visant à renforcer la main-d’œuvre ont connu des succès variables. L’immensité géographique de la province, la faible densité de peuplement et les disparités économiques régionales ont compliqué ces efforts, tout comme la diversité démographique et les infrastructures entre les régions.

Une autre stratégie consiste à aborder le développement de la main-d’œuvre au niveau régional, pour relever les défis et tirer parti des opportunités dans chaque région. En 2019, le gouvernement a mandaté le NL Workforce Innovation Centre pour élaborer des plans d’action de développement de la main-d’œuvre adaptés à la région. On a proposé que les comités régionaux de développement de la main-d’œuvre soutiennent la mise en œuvre efficace de ces plans d’action. Ces comités allaient planifier et mettre en œuvre des activités et des initiatives sur le marché du travail adaptées à chaque région.

Ce que nous examinons

Un projet a été lancé pour examiner l’efficacité des comités régionaux. Dirigé par le College of the North Atlantic, le projet s’intitulait « Tester et évaluer l’impact d’un nouveau modèle d’innovation pour le développement de la main-d’œuvre à Terre-Neuve-et-Labrador : la voie vers un écosystème de développement des compétences durable ».

Les comités poursuivaient trois buts principaux : 1) créer et partager des ressources sur le marché du travail ; 2) déterminer les secteurs prioritaires pour l’apprentissage et le renforcement des compétences ; 3) optimiser l’exploitation des programmes d’aide à l’emploi, y compris l’aide à l’immigration. La population cible comprenait les parties prenantes du marché du travail régional, comme les instances gouvernementales, les établissements d’éducation et les organisations communautaires.

Un modèle régional de développement de la main-d’œuvre a été élaboré à l’aide d’un processus en 11 étapes afin que les comités puissent être évalués sur la conception, la mise en œuvre et leur efficacité à répondre aux besoins du marché du travail régional. Le projet comprenait deux principaux produits livrables, soit un manuel pour une coordination régionale efficace du développement de la main-d’œuvre et une carte numérique et consultable de l’écosystème des organisations de la main-d’œuvre et de leurs programmes, services et opportunités.

La recherche a produit trois principaux résultats en matière d’efficacité. À court terme, la qualité de l’information sur le marché du travail et les pratiques régionales de planification de la main-d’œuvre se sont améliorées. À moyen terme, la capacité de développement de la main-d’œuvre régionale a augmenté. À long terme, les résultats sur le marché du travail se sont améliorés.

Ce que nous apprenons

Dix comités régionaux de développement de la main-d’œuvre ont été créés. Au total, il y a eu 100 réunions de comités et 12 discussions de groupe. Chaque comité a identifié les défis et les opportunités en matière de main-d’œuvre régionale. Le travail de chaque comité a abouti à la création d’une carte complète de l’écosystème et à des plans d’action adaptés à la région.

Selon les résultats de l’évaluation, le modèle de comité régional a été jugé efficace. L’évaluation comprenait 75 sondages auprès des membres des comités, 10 entretiens avec des animatrices et animateurs et trois entretiens avec des membres de l’organisation du projet, ainsi que des notes d’observation sur toutes les réunions.

Les comités ont produit des informations efficaces sur le marché du travail
Les informations sur le marché du travail ont été partagées au moyen de graphiques. Quatre-vingt-dix pour cent des participantes et participants ont évalué les graphiques d’information sur le marché du travail comme des outils efficaces pour le processus de planification. Un livret sur les programmes et services a été élaboré pour documenter tous les programmes et services sur le marché du travail offerts. Le livret a été cité comme une ressource efficace par 90 % des participantes et participants. Dans l’ensemble, 92 % des répondantes et répondants ont signalé une plus grande sensibilisation au développement de la main-d’œuvre et une meilleure compréhension des programmes et des services de leur région.

Des résultats prometteurs pour les comités régionaux de développement de la main-d’œuvre
Les membres de comités ont indiqué que leur participation a conduit à des réponses plus coordonnées aux besoins de développement de la main-d’œuvre. Au total, 98 % ont évalué le niveau de communication entre les membres du comité comme très bon ou bon, et 69 % ont signalé une amélioration de l’information et du partage de l’information depuis la création des comités. Dans l’ensemble, 59 % des participantes et participants ont noté une amélioration de leur capacité à mener une planification régionale de la main-d’œuvre. Presque l’ensemble des participantes et participants, soit (97 %), ont indiqué que le cadre de planification était un modèle efficace pour résoudre les problèmes de main-d’œuvre. Le cadre a guidé les comités à travers un processus structuré, de la définition des objectifs à la mise en œuvre et au suivi des plans d’action. Les participantes et participants ont indiqué être capables de trouver de meilleures solutions aux problèmes liés au développement de la main-d’œuvre.

L’équipe a formulé les recommandations suivantes pour relever les défis :

• Sécuriser de multiples de financement. Il faut du financement pour le fonctionnement et pour la mise en œuvre, en particulier pour les grands projets, afin de faire face aux priorités de financement en constante évolution.
• Créer une carte de l’écosystème et tenir à jour les informations sur le marché du travail. Une plateforme Web sur les programmes et services de développement de la main-d’œuvre profite aux organisations, aux personnes en recherche d’emploi et aux autres parties prenantes du marché du travail.
• Élargir la participation des parties prenantes. La participation d’un plus grand nombre de parties prenantes aux réunions des comités favorisera la mobilisation des connaissances. On recommande d’impliquer davantage de partenaires de l’industrie, de gouvernements et d’organisations autochtones et d’administrations municipales. 
• Améliorer la logistique des réunions. Les réunions hybrides établissent un équilibre entre une plus grande participation (en raison de la composante virtuelle) et une productivité et un engagement plus élevés (en raison de la participation en personne).
• Planifier le soutien administratif et le soutien à la mise en œuvre. Étant donné que la plupart des membres des comités ont d’autres obligations professionnelles, il faut du personnel supplémentaire pour mettre en œuvre les plans d’action.

Pourquoi c’est important

Ce projet est pertinent pour d’autres juridictions confrontées à des pénuries de main-d’œuvre, à des défis géographiques, à des disparités économiques régionales et à d’autres problèmes similaires à ceux de Terre-Neuve-et-Labrador. Dans de tels contextes, une approche régionale utilisant le modèle des comités régionaux de développement de la main-d’œuvre pourrait être utilisée pour résoudre les problèmes de main-d’œuvre. Ce modèle peut également être adapté pour résoudre des problèmes liés au développement économique ou industriel. Le manuel du projet sert de ressource sur la façon d’établir ce modèle.

Parmi les autres outils jugés efficaces, citons une carte de l’écosystème du développement de la main-d’œuvre et de l’innovation et des informations sur le marché du travail régional présentées à l’aide d’infographies. Le projet souligne également l’importance de s’assurer qu’il y a des fonds pour opérationnaliser tous les plans d’action.

État des compétences :
Évaluation et apprentissage dans l’écosystème des compétences et de la formation

Le Centre des Compétences futures a fait évoluer sa stratégie d’évaluation et d’apprentissage au fil du temps, suivant en cela les tensions liées à la mesure de l’impact social : il s’est ainsi départi d’une méthode centrée sur les résultats communs pour adopter un ensemble d’approches permettant d’étudier les répercussions sur les personnes, les institutions et les systèmes.

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Prochaines étapes

Le Centre des Compétences futures continue de collaborer avec le Newfoundland and Labrador Workforce Innovation Centre pour mettre en œuvre des projets sur le développement de la main-d’œuvre dirigés par l’employeur et pour développer des communautés accueillantes.