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Mettre à l’essai des mesures incitatives de rémunération au rendement pour la formation offerte par l’employeur

Les employeurs canadiens investissent beaucoup moins dans la formation professionnelle que leurs homologues d’autres économies avancées, ce qui contribue probablement à la croissance lente de la productivité dans notre économie. Un sondage mené 2017 auprès des employeurs du secteur manufacturier par Excellence in Manufacturing Consortium a révélé que seule la moitié des employeurs de ce secteur offraient une formation en milieu de travail sur les compétences essentielles. On retrouve plus fréquemment les faibles taux d’investissement dans la formation chez les petites et moyennes entreprises (PME), qui représentent la grande majorité des employeurs du secteur privé dans ce pays.

Pour relever ce défi, le Centre des compétences futures s’est associé à EMC et à la Société de recherche sociale appliquée pour mettre à l’essai un modèle de rémunération au rendement pour la formation axée sur les compétences. L’objectif était de déterminer si les employeurs pourraient être persuadés d’appuyer la prestation de la formation s’ils étaient partiellement remboursés. Le remboursement se ferait à condition qu’ils atteignent les principaux objectifs de rendement et les cibles du projet pilote.

Les employeurs ont constaté que l’initiative avait réussi à répondre à leurs besoins en formation, et presque tous ont été remboursés à hauteur de 70 % de la cotisation admissible. La majorité des employeurs qui ont participé au projet pilote ont déclaré qu’ils étaient plus susceptibles d’investir dans la formation à l’avenir. Malgré cela, plusieurs ont également mentionné que s’ils avaient le choix, ils opteraient pour des subventions salariales et des crédits d’impôt plutôt qu’une incitation à la formation sur la rémunération au rendement financée par l’État.

« Les deux parties, nos employés et notre équipe de direction, ont été récompensées », a déclaré Gabrielle Vanstraelen, vice-présidente de Freedom Concepts, une entreprise familiale manitobaine qui fabrique des vélos et des tricycles personnalisés pour les personnes handicapées, y compris les enfants. « Nous avons pu améliorer ensemble nos compétences en matière de travail d’équipe, de résolution de problèmes et de leadership, et nous utilisons ces compétences tous les jours pour améliorer notre entreprise. »

Le défi : la formation pour la croissance et la productivité

Les PME ont du mal à absorber le coût de la formation de leur main-d’œuvre et beaucoup estiment également qu’elles ne peuvent pas absorber le coût d’opportunité de payer pour du temps de formation hors site. Il peut être difficile de convaincre les employeurs du retour positif sur l’investissement de la formation et ils doutent souvent que les programmes de formation correspondent bien à leurs besoins. Tout cela se traduit par un niveau inférieur de formation offerte par l’employeur, ce qui pourrait mettre en péril la compétitivité du Canada.

Mais de nombreux employeurs sont ouverts à une formation personnalisée à moindre coût pour eux.

La solution : rembourser les frais de formation aux employeurs 

La solution proposée était un modèle de rémunération au rendement pour la formation professionnelle, conçu avec une contribution directe. Les employeurs ont été impliqués par un sondage mené auprès de près de 750 fabricants canadiens visant à évaluer leurs attitudes et leurs motivations à l’égard de la formation en milieu de travail.

L’initiative a remboursé aux employeurs jusqu’à 70 % du coût de 3 000 $ pour la formation de chaque travailleuses ou travailleur, ainsi que jusqu’à 1 200 $ en compensation pour la perte de productivité de chaque personne pendant le temps de la formation. Pour obtenir le remboursement, les employeurs devaient faire preuve d’engagement et de soutien pour une exécution judicieuse du programme. Ils ont également dû démontrer qu’il y avait eu une augmentation des compétences en conséquence. Plus de 55 entreprises y ont participé et plus de 200 personnes ont été formées lors de cette phase initiale.

« Nous sommes une entreprise familiale qui s’est beaucoup développée en sept ou huit ans, en doublant presque notre main-d’œuvre », déclare Dirk Hollar, gestionnaire du fonctionnement chez Freedom Concept. « Nous devons mettre en œuvre des processus dès maintenant et former nos gens pour être en mesure de faire passer notre entreprise au niveau supérieur. Nous devons nous assurer que la formation convient et qu’elle est cohérente afin que nous grandissions tous et toutes ensemble. »

Les leçons et les perspectives d’avenir

Le projet pilote a donné d’excellents résultats. Quatre-vingt-seize pour cent des personnes qui ont suivi la formation ont reçu une certification. Le projet pilote a enregistré un taux de réussite de 87 % d’augmentation de compétences des travailleurs, et 96 % des employeurs ont atteint le seuil d’engagement, ce qui signifie que l’EMC a confirmé que tous les participants satisfaisaient à toutes les exigences du programme. Environ 93 % du montant total admissible au remboursement a été remis aux employeurs. Et, plus important encore, 90 % des employeurs ont déclaré qu’ils seraient plus susceptibles d’investir dans la formation et d’offrir des programmes de formation à leurs employés à la suite de l’expérience. Près de huit personnes sur 10 ont déclaré qu’elles reconnaissaient le rendement de cet investissement.

Chez Freedom Concepts, Gabrielle explique que l’investissement dans la formation par le biais d’EMC en valait vraiment la peine et que toutes les personnes qui ont suivi le programme ont accédé à un poste de leadership. « Les personnes qui ont participé font référence à la formation dans leur travail et nous continuons à les voir se développer chaque année », dit-elle. « J’essaie d’identifier les prochaines personnes qui auront besoin de cette opportunité de formation dans l’espoir que nous verrons les mêmes résultats chez une autre cohorte. »

Fort de ce succès, le Centre des Compétences futures soutient l’expansion et l’évaluation du modèle dans de nouveaux secteurs, notamment la transformation des aliments, la biotechnologie et les industries environnementales, et approfondit son impact en liant les incitatifs à des comportements globaux des employeurs, comme la planification préalable à la formation et l’apprentissage continu.

Les points de vue, les réflexions et les opinions exprimés ici sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue, la politique officielle ou la position du Centre des Compétences futures ou de l’un de ses membres du personnel ou des partenaires du consortium.