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La polarisation de l’emploi au Canada

La polarisation des emplois est l’une des nombreuses tendances – tout comme l’automatisation, la délocalisation et la croissance de l’économie des petits boulots – qui ne deviennent que plus importantes avec l’arrivée de la COVID-19. Alors que les décideurs.euses canadien.ne.s réfléchissent à la reconstruction de l’économie après la pandémie, les problèmes créés par la polarisation des emplois devraient tenir une place importante.

Points importants

1

Les données montrent que la proportion des emplois moyennement qualifiés au Canada n’a cessé de diminuer au cours des 30 dernières années. Alors que la proportion des emplois hautement qualifiés a augmenté au cours de cette période, la proportion des emplois peu qualifiés est demeurée constante depuis l’an 2000, atteignant en moyenne 10,8% les années suivantes. La polarisation du marché du travail canadien pourrait donc être mieux décrite comme la création d’une économie en forme de « J ».

2

Il semble que la polarisation des emplois ait des effets différents sur les différents segments de la population. L’emploi des femmes à des postes hautement qualifiés a augmenté plus rapidement que pour les hommes. Les jeunes et les immigrant.e.s récent.e.s sont beaucoup plus susceptibles d’occuper des emplois peu qualifiés. Cependant, la limitation des données rend difficile la compréhension de la polarisation des emplois au fil du temps pour les Canadiens et Canadiennes racialisé.e.s, les Autochtones, les Canadiens et Canadiennes ayant une incapacité et les membres d’autres groupes.

Résumé

Les changements considérables observés ces 30 dernières années dans l’économie canadienne relativement à la proportion d’emplois hautement, moyennement et peu qualifiés représentent une tendance peu étudiée du marché de l’emploi. Durant cette période, le Canada a vu un déclin continu dans la proportion d’emplois moyennement qualifiés et une augmentation constante des emplois hautement qualifiés. La proportion d’emplois peu qualifiés a connu des hauts et des bas, mais elle est essentiellement restée la même depuis l’an 2000.

Ce constat n’est pas très différent de ce qui a été observé dans la plupart des autres économies avancées au cours de la même période. En effet, la majorité des pays semblables ont constaté une hausse du côté des emplois hautement qualifiés et des emplois peu qualifiés, et une baisse du côté des emplois moyennement qualifiés. Cette tendance est communément appelée « polarisation de l’emploi ». Au moment où les décideurs.euses politiques cherchent à relancer les économies après la pandémie, il est important de comprendre ces changements à long terme et d’en tenir compte, surtout parce que les emplois hautement qualifiés offrent, en moyenne, quatre fois le salaire des emplois peu qualifiés.

Ce rapport se penche sur la polarisation de l’emploi dans le but d’aider les décideurs.euses politiques canadien.ne.s et le grand public à mieux comprendre la tendance, y compris les causes, les effets et les différences entre les provinces, les secteurs et les travailleurs.euses. L’objectif est de faciliter les discussions et les débats sur ces tendances, sur ce qu’elles signifient pour l’économie canadienne et sur la façon dont on pourrait modifier les politiques publiques pour contribuer à atténuer les effets économiques et sociaux plus néfastes de ce qu’on appelle la « disparition de la classe moyenne », ou vanishing middle en anglais.

La polarisation de l’emploi est en cours depuis trois décennies au Canada, bien que ce qui s’observe au pays soit moins marqué que dans la moyenne des pays membres de l’OCDE. Dans l’ensemble, le Canada a observé une augmentation de 7,5 points de pourcentage dans les emplois hautement qualifiés et des baisses du côté des emplois peu et moyennement qualifiés. Ces variations n’ont pas été uniformes dans toutes les provinces. L’Ontario et le Québec ont vu les emplois moyennement qualifiés diminuer de plus de 7,5 points de pourcentage, alors qu’en Colombie-Britannique et en NouvelleÉcosse, la baisse était de six et de cinq points de pourcentage respectivement. Le Manitoba, la Saskatchewan et l’Île-du-Prince-Édouard ont plutôt constaté une légère hausse de la proportion des emplois moyennement qualifiés dans leur économie, mais la moyenne nationale montre tout de même une tendance vers la baisse dans la proportion de la population occupant ces types d’emplois.

La polarisation semble également avoir des effets différents selon les groupes au sein de la population, mais des lacunes en matière de données limitent les conclusions que l’on peut en tirer. Par conséquent, Statistique Canada a un rôle à jouer en élargissant sa collecte de données et en publiant davantage de données ventilées afin d’améliorer la compréhension des différentes façons dont la polarisation touche les Canadien.ne.s racisé.e.s, les populations autochtones, les personnes en situation de handicap et les jeunes travailleurs.euses, par exemple.

La nécessité d’une étude plus poussée est mise en évidence par la manière complexe dont la polarisation de l’emploi se manifeste au Canada. En plus des différences entre les provinces et les populations, elle est plus marquée dans certains secteurs que dans d’autres.

Néanmoins, un aspect ne fait aucun doute : les changements dans la répartition des emplois représentent une transformation économique, politique et sociale majeure, car il y a moins de demandes pour les travailleurs.euses moyennement qualifié.e.s dans l’économie actuelle. Les économistes David Green et Benjamin Sand ont prévenu que « la disparition de bons emplois dont les salaires peuvent fournir une sécurité financière aux travailleurs.euses moins éduqué.e.s fait planer le spectre d’une société de plus en plus inégalitaire ». Et une sociéte inégale peut mené à des conflits – comme a été le cas au Étas-Unis, où la situation semble avoir conduit à l’essor du populisme politique.

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