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Le pouvoir des réseaux pour renforcer la résilience des nouveaux arrivants et stimuler l’économie locale

La pandémie de la COVID-19 a eu de profondes répercussions sur la société, notamment sur l’emploi et les possibilités de création de réseaux professionnels. Les événements professionnels et les interactions commerciales en personne ont été interrompus. Les événements de réseautage en personne et les salons de l’emploi ont été annulés. Il était également difficile d’atteindre les employeurs/représentants des ressources humaines en personne, les entreprises étant fermées et les employés travaillant à domicile. De ce fait, les réseaux professionnels et sociaux des personnes se sont réduits en moyenne de près de 16 % – soit environ 200 personnes – au cours de cette période. 

La perte des possibilités de réseautage a particulièrement touché les professionnels nouvellement arrivés et les diplômés internationaux. Les immigrants récents ayant une durée d’emploi plus courte étaient plus exposés aux licenciements, et nombre d’entre eux n’avaient pas droit aux allocations de maintien dans l’emploi ou aux aides à l’emploi accordées par le gouvernement canadien. La pandémie a encore exacerbé les problèmes courants auxquels sont confrontés les demandeurs d’emploi nouvellement arrivés, comme l’isolement social accru, le sentiment de désespoir, l’érosion potentielle des compétences et le sous-emploi.

L’impact considérable de la COVID-19 sur l’emploi des immigrés a nécessité des approches innovantes pour réengager à la fois ces travailleurs et les entreprises afin d’accroître la résilience du marché du travail et de rétablir des réseaux professionnels efficaces. 

La division des services d’emploi de l’Association for New Canadians (ANC) (anciennement AXIS Career Services) contribue à l’emploi des nouveaux arrivants dans toute la province de Terre-Neuve-et-Labrador (T.-N.-L.). Elle a pu observer directement l’impact de la COVID-19 sur le marché du travail local. 

Les nouveaux arrivants hautement qualifiés, tels que ceux qui travaillent dans les secteurs des technologies de l’information, de la recherche, des ressources naturelles et de la finance, constituent un groupe confronté à des défis particuliers. Pour relever ces défis, l’ANC et ses partenaires ont mis en place un réseau de résilience pour l’emploi des nouveaux arrivants (Newcomer Employment Resilience Network – NERN-NL) en tant qu’instrument de mobilisation et de partage des connaissances, des compétences, des formations et des stratégies visant à améliorer la résilience des personnes à la recherche d’un emploi/professionnels nouvellement arrivés et des industries locales pendant les périodes d’instabilité économique.

Grâce à un mentorat personnalisé, en personne et virtuel, à des ateliers et séminaires sectoriels, à des événements et forums de mise en réseau et à un renforcement continu des compétences, il incarne une approche collaborative et participative visant à s’adapter et à répondre aux conditions fluctuantes du marché de l’emploi. Au cours de cette période de deux ans, le réseau a impliqué activement près de 300 personnes, dont 170 professionnels nouvellement arrivés et plus de 60 entreprises locales, employeurs et parties prenantes. Les partenaires étaient des représentants municipaux, des PDG de sociétés locales et de petites entreprises, des organismes de réglementation, des associations professionnelles, des organismes à but non lucratif, des établissements d’enseignement et bien d’autres encore. 

L’expérience du NERN-NL a permis de faire ressortir plusieurs points essentiels pour renforcer la résilience du marché du travail pour les professionnels nouvellement arrivés. 

Les réseaux de soutien à l’emploi sont nécessaires pour donner aux employeurs et aux personnes à la recherche d’un emploi les mêmes moyens d’action, même lorsque les marchés de l’emploi sont au plus bas.

Il est prouvé qu’au niveau municipal et régional, la résilience économique est universellement et uniquement déterminée par la connectivité au sein d’un réseau d’emploi local. Les réseaux de connaissances locaux spécifiques à l’industrie permettent de se connecter et d’échanger des connaissances et des compétences, et de renforcer la capacité à élaborer de nouveaux plans de croissance après un choc.

Il est impératif d’investir dans le maintien et l’amélioration de ces réseaux pendant les périodes de ralentissement économique ou de perturbations majeures du marché du travail. À la fin de la deuxième année, les relations établies avec les parties prenantes dans le cadre du projet NERN-NL étaient solides, fiables et empreintes de confiance, ouvrant ainsi la voie à un recrutement efficace et efficient alors que la demande de main-d’œuvre continuait d’augmenter, après la pandémie. 

Les personnes à la recherche d’un emploi et nouvellement arrivées sur le marché du travail ont généralement des liens sociaux et professionnels plus faibles que les personnes nées au Canada. Toutefois, la recherche révèle que même les liens sociaux les plus faibles, lorsqu’ils sont nombreux, ont un effet favorable sur la mobilité professionnelle. La structure du NERN-NL était essentiellement sectorielle. Par exemple, les ingénieurs nouvellement arrivés ont été soigneusement jumelés avec des ingénieurs locaux ou des professionnels de l’industrie des ressources naturelles. Ces connexions ciblées, mais moins nombreuses, se sont avérées efficaces pour certaines professions. Pour d’autres, il a fallu élargir le filet, au-delà de la correspondance évidente, afin de constituer un capital social plus large et plus diversifié qui a créé des opportunités d’emploi imprévues.

Les réseaux de collaboration peuvent mobiliser efficacement les connaissances et faciliter l’action lorsqu’il s’agit de l’acquisition de compétences, de l’amélioration et de la requalification de la main-d’œuvre, afin de répondre aux changements sur le marché du travail. 

Pour de nombreux employeurs et entreprises, la COVID-19 a fait passer l’accent de la croissance et de l’expansion à la gestion de crise, au renforcement de la résilience et à la planification de la reprise. Inutile de préciser que les employeurs ont rencontré des difficultés. L’expérience du NERN-NL a révélé qu’en dépit de tout cela, et peut-être même à cause de tout cela, les entreprises sont toujours prêtes à investir du temps et à exploiter leurs ressources pour créer, en collaboration, des parcours de développement des compétences et d’adéquation optimale avec l’emploi.

L’établissement de partenariats entre les acteurs publics et privés est considéré comme un mécanisme efficace pour accroître la disponibilité de solutions d’apprentissage accessibles, développer de nouveaux programmes de formation et partager les ressources afin d’atténuer les pénuries de compétences et de main-d’œuvre dans les secteurs touchés par la pandémie.  

Aleksandra Stefanovic-Chafe est directrice et chargée de recherche principale chez Lennika Consulting Inc.

Les points de vue, les réflexions et les opinions exprimés ici sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue, la politique officielle ou la position du Centre des Compétences futures ou de l’un de ses membres du personnel ou des partenaires du consortium.