Un contexte inquiétant en matière de compétences : Première impression du rendement des compétences canadiennes selon le cycle 2 de l’enquête PIAAC

Une première analyse du deuxième cycle du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PIAAC), publié en décembre 2024, a dressé un tableau assez positif pour le Canada. Nous nous sommes classés dans le top 10 des pays participants dans les trois domaines fondamentaux des compétences, la littératie, la numératie et la résolution de problèmes adaptative (RPA), et avons enregistré de meilleures tendances que nos pairs depuis le premier cycle du PIAAC, il y a dix ans. Un examen plus approfondi révèle cependant une image plus nuancée du paysage des compétences au Canada, avec des résultats positifs compliqués par certains développements préoccupants.
Examinons le rendement du Canada en littératie. Le score moyen du Canada en matière d’alphabétisation se classe au huitième rang des pays participants au deuxième cycle du PIAAC, mais nous sommes considérablement dépassés par des pays leaders comme la Finlande, le Japon, la Suède et la Norvège. Et si le score du Canada en matière d’alphabétisation n’a pas baissé autant que celui d’autres pays au cours de la dernière décennie, nous avons tout de même enregistré un recul. Compte tenu de l’importance croissante des compétences pour les résultats économiques, sociaux et sanitaires, toute baisse, aussi minime soit-elle, est préoccupante.
La baisse du score en littératie du Canada est particulièrement préoccupante étant donné que, durant la même période, le niveau de scolarité a augmenté partout au pays. Étant donné ce que nous savons de la relation entre l’enseignement supérieur et la littératie, le Canada aurait dû enregistrer une hausse de ses scores en littératie. En revanche, comme de nombreux pays dans le monde, nous avons observé une baisse des scores moyens en littératie, même chez les personnes titulaires de diplômes d’enseignement supérieur. Combinée à la baisse des scores en littératie chez les personnes sans éducation postsecondaire, cette tendance donne des raisons de s’inquiéter pour la prospérité et le bien-être futurs fondés sur les compétences.
En plus des préoccupations liées au niveau de littératie, les données les plus récentes du PIAAC confirment un problème de longue date concernant la répartition inégale des compétences au sein de la population, soulevant ainsi des inquiétudes quant à leur contribution aux inégalités économiques, sociales et en matière de santé. Par exemple, les hommes canadiens continuent de surpasser les femmes en compétences en numératie, avec un écart important de 16 points, malgré les efforts considérables déployés au cours de la dernière décennie pour réduire cet écart. Parallèlement, l’écart en littératie entre les jeunes adultes (âgés de 16 à 24 ans) issus de parents peu scolarisés et ceux dont les parents sont hautement instruits s’est creusé, renforçant l’influence de l’environnement familial et du capital social dans le développement des compétences et des opportunités de vie. Et bien que l’écart entre les adultes très compétents et peu compétents dans les trois domaines fondamentaux soit plus faible au Canada que dans la plupart des pays de l’OCDE, la proportion globale d’adultes très performants (niveaux 4 et 5) demeure trop faible, tandis que celle des adultes peu performants (en dessous du niveau 2) reste trop élevée.
Toutefois, il y a de bonnes nouvelles. Examinons le rendement du Canada en numératie. Notre score global en numératie a augmenté de manière significative de 7 points au cours des dix dernières années, plaçant le Canada au 7e rang parmi les pays participants. Ceci est encourageant, sachant que les compétences en numératie ont le plus grand impact sur les résultats individuels en matière d’emploi et de croissance salariale, des enseignements issus de recherches utilisant les données du Cycle 1 du PIAAC.
Il y a beaucoup plus à analyser en utilisant les données du deuxième cycle du PIAAC. Bien que le Canada se débrouille assez bien sur certaines mesures clés, il reste beaucoup à faire pour s’assurer que nous disposons des compétences nécessaires pour stimuler le progrès social et économique, et pour garantir que la prospérité et le bien-être liés aux compétences soient répartis de manière équitable. Le nouveau PIAAC nous offre une occasion unique de mieux comprendre comment les compétences sont développées et comment elles contribuent aux résultats individuels et sociaux dont nous voulons que toute la population canadienne bénéficie.
Les points de vue, les réflexions et les opinions exprimés ici sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue, la politique officielle ou la position du Centre des Compétences futures ou de l’un de ses membres du personnel ou des partenaires du consortium.