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La réconciliation impose à la fois de se familiariser avec la situation et de combler les lacunes en matière d’emploi des autochtones

En 2016, les populations autochtones représentaient 4,9 % de la population canadienne dans son ensemble. Toutefois, nous avons connu une croissance importante de nos chiffres récemment, puisque nous avons connu une hausse de 42,5 % au cours de la dernière décennie et un taux de croissance de 18,9 % au cours des cinq dernières années, selon Statistique Canada. En outre, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, il est estimé que 350 000 jeunes autochtones atteindront l’âge de 15 ans d’ici 2026. Ce passage collectif à l’âge adulte constituera une occasion sans précédent de tirer parti des investissements dans la formation professionnelle et la préparation à l’emploi, qui permettront aux jeunes autochtones de combler les pénuries cruciales de main-d’œuvre au Canada.

Au cours de plusieurs décennies, le Canada a « affirmé, réaffirmé et renouvelé » son engagement à entretenir des relations respectueuses avec les peuples autochtones du Canada, avec, je crois, de bonnes intentions. Il y a eu la Commission royale sur les peuples autochtones du Canada (1996), la Commission Vérité et Réconciliation (2015) et l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (2019). Ce n’est toutefois qu’en juillet 2019, avec la confirmation de tombes non marquées dans les anciens pensionnats autochtones, que les Canadiens, les entreprises et les institutions ont repris les appels à l’action plus sérieusement et ont commencé à explorer comment utiliser leur privilège sur le marché du travail canadien pour apporter des changements qualitatifs et quantitatifs.

En qualité de personne autochtone, je considère que cette « période de réconciliation » au Canada a été un parcours long et quelque peu douloureux. Oui, douloureux, en raison de la révélation de la vérité et du réveil soudain de nombreux secteurs au Canada, ainsi que du grand nombre de travaux qui en découlent. Combler les lacunes en matière d’opportunités de travail pour les autochtones constitue un exercice de « décolonisation » des outils qui ont été mis à l’essai pendant des décennies, tout en contribuant à éduquer les personnes du marché du travail et du développement de carrière sur les peuples autochtones.

Les institutions et l’industrie ont adopté deux orientations différentes : ‘Autochtonisation et  décolonisation’. Dans le premier cas, il s’agit de refaire ou de réaffirmer l’éducation afin d’y inclure les modes de connaissance, de pensée, de sentiment et d’existence autochtones, tandis que dans le second, il s’agit de défaire ou de déstabiliser le pouvoir colonial et de restaurer les pratiques autochtones. Quelle que soit la voie choisie, il existe d’excellentes ressources et des données établies et fiables auxquelles les individus peuvent accéder pour enrichir leur savoir. Par exemple, la première du genre est la plateforme du marché du travail autochtone Indigenous Labour Market Platform qui élabore et partage des données sur le marché du travail autochtone et accueille le projet Capturing change in Indigenous labour markets (Saisir le changement au sein des marchés du travail autochtones), rendu possible par le Centre des Compétences futures. Une autre ressource est NationTalk, une source d’information fiable pour la collectivité autochtone au Canada, qui propose un service de presse, d’emploi, d’événements et d’appels d’offres. Ces deux ressources concernent l’emploi des autochtones, le développement des compétences et les tendances du marché du travail, et j’encourage les gens à y accéder pour en savoir plus.

Quelle que soit la voie choisie par une entreprise, une industrie ou une institution, le succès de l’entreprise repose sur l’établissement de relations avec les peuples autochtones. Les efforts non authentiques qui n’incluent pas l’établissement de relations lors de la phase d’autochtonisation ou de décolonisation donneront des résultats à court terme et apporteront rarement des bénéfices à long terme. Un état d’esprit soucieux d’apprendre est essentiel. Un enseignement comme la Désignation Perspectives des autochtones qui vise à inclure de manière authentique la vérité, le point de vue et l’expérience des autochtones, témoigne d’un véritable engagement envers la réconciliation dans le cadre du développement des compétences et de la création d’opportunités pour les peuples autochtones.

L’établissement de relations commence par l’éducation. La population canadienne et les résidents du Canada, peu importe leur race, ont eu peu d’occasions d’en apprendre davantage sur les peuples autochtones, leur culture ou les obstacles à l’emploi, à l’éducation et au développement des compétences auxquels nous avons été confrontés. Si des personnes, animées des meilleures intentions, se lancent dans l’identification des obstacles et la recherche de solutions sans se renseigner sur les peuples autochtones, elles se retrouveront face à de nombreux faux pas et erreurs.  

Briser nos propres conceptions erronées et notre ignorance en ce qui concerne les peuples autochtones du Canada représente un acte de décolonisation et contribuera à l’inclusion des peuples autochtones dans toutes nos activités. Statistique Canada souligne que les Premières Nations, les Métis et les Inuits représentent une part de plus en plus importante de la population autochtone. Par conséquent, une meilleure compréhension sera essentielle à l’avenir.

Le Canada comptait 1 673 785 personnes autochtones en 2016. Quelle est la place des peuples autochtones non-statués dans ce contexte ? Autochtones urbains ? Le fait est que les peuples autochtones, dans leur ensemble, représentent une population complexe et diversifiée au sein du Canada : un pays où la plupart des gens se définissent par le lieu géographique où ils résident. En revanche, les peuples autochtones reconnaissent leur diversité par leur langue, leurs pratiques culturelles et leur histoire orale, pour n’en citer que quelques-unes. Après des années d’oppression, nous sommes désormais en train d’apprendre ou de réclamer tout cela pour nous-mêmes. 

La formation et le perfectionnement professionnel sont disponibles partout au Canada afin de permettre à chacun d’en apprendre davantage, virtuellement et en personne, gratuitement ou à un coût raisonnable. L’Université de l’Alberta a créé Indigenous Canada, une formation en ligne ouverte. Cette ressource gratuite explore les expériences complexes auxquelles sont confrontés les peuples autochtones de leur point de vue historique et critique, en soulignant les relations nationales et locales entre les autochtones et les pionniers. Elle fournit des données importantes et constitue un excellent point de départ pour l’apprentissage. Pour une formation et un développement professionnel plus spécifiques au secteur, des efforts supplémentaires sont nécessaires. Avec un peu de temps et de recherche, il est possible de trouver des opportunités spécifiques à un secteur, notamment le programme de formation à la sécurité culturelle autochtone contre le racisme chez Sanyas en Colombie-Britannique et des conseils pour établir des relations avec les peuples autochtones chez Indigenous Corporate Training

J’encourage chacun à continuer à apprendre les uns des autres et à tendre la main avec l’humilité et la compréhension qui nous propulseront sur le parcours de la réconciliation. 

Elizabeth Stone est responsable du savoir autochtone au Fleming College et membre de la Première Nation Aamjiwnaang. Elle est une bénévole de longue date au sein du Conseil des femmes autochtones – Femmes et égalité des sexes du Canada.

Les points de vue, les réflexions et les opinions exprimés ici sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue, la politique officielle ou la position du Centre des Compétences futures ou de l’un de ses membres du personnel ou des partenaires du consortium.