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Une intégration plus poussée entre les écoles, les établissements d’enseignement postsecondaire et l’industrie est nécessaire pour remédier aux pénuries de compétences et de main-d’œuvre

Au cours de la dernière décennie, le Canada atlantique a vu sa situation démographique se détériorer en raison d’un faible taux de natalité, du vieillissement de la population, de l’exode des jeunes et d’un taux de dépendance croissant. Nous avons également connu une croissance importante dans nos principales zones urbaines, alors que les régions rurales du Canada atlantique éprouvent des difficultés. Ces deux éléments sont intimement liés. Pour la première fois depuis longtemps, de nombreux secteurs de notre économie ont commencé à connaître à la fois des pénuries de main-d’œuvre, causées principalement par l’écart entre les nouveaux venus et les retraités, et des pénuries de compétences, en particulier dans les domaines difficiles à quantifier, à enseigner et à évaluer. Ces pénuries sont souvent appelées compétences générales, essentielles, professionnelles ou du XXIe siècle, entre autres.

Ces faits n’auraient dû être une surprise pour personne. Notre écosystème de formation professionnelle peine toutefois à s’adapter à ces nouvelles réalités. La relation peu structurée entre les écoles publiques, les établissements d’enseignement postsecondaire, les autorités fédérales et provinciales et l’industrie n’était plus suffisante pour répondre aux besoins de nos citoyennes et citoyens, de notre économie et de nos collectivités.

Puis vint la COVID !!

Le virus a exacerbé une situation qui était déjà difficile et a accéléré les solutions potentielles. Cela a aggravé le problème dans la mesure où les restrictions liées à la COVID-19 ont eu un impact significatif sur les élèves des écoles publiques. Cet automne, notre prochaine classe aura connu cinq semestres de restrictions. De nombreux élèves diplômés n’auront pas acquis les bases académiques ou psychologiques nécessaires pour réussir dans un établissement d’enseignement supérieur. De nombreux élèves entamant leur troisième année connaîtront sans doute une trajectoire de développement problématique pour des raisons similaires.

En outre, l’impact de la pandémie sur les jeunes travailleuses et travailleurs et sur les bas salaires n’est pas encore totalement compris. Aujourd’hui, nos étudiants et nos diplômés parlent souvent de l’importance de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Les employeurs se font l’écho de ces commentaires en notant que les nouvelles recrues refusent souvent les heures supplémentaires. Nous constatons également une augmentation des demandes de participation à nos programmes de requalification et d’amélioration des compétences dans les secteurs à bas salaires. Il est clair que les aides accordées par les autorités fédérales et provinciales ont donné à beaucoup l’occasion de s’arrêter et de réfléchir à leur travail et à leur vie.

La pandémie a également accéléré la collaboration au sein des institutions et entre les partenaires de l’écosystème des compétences. De nombreuses institutions ont dû, sinon adopter, du moins s’engager dans l’apprentissage en ligne et les technologies de soutien. Cette évolution a également contraint les gouvernements, les institutions et l’industrie à repenser leurs relations traditionnelles mutuelles. Le nouveau système qui émerge doit être beaucoup plus inclusif, beaucoup plus accessible, beaucoup plus souple et beaucoup plus responsable.

Le changement est néanmoins un phénomène difficile. Les changements à court terme et superficiels sont relativement faciles à réaliser. Il suffit d’ajouter quelques programmes et quelques personnes et le tour est joué. Cependant, un changement véritable et durable implique les processus fondamentaux d’une institution et nécessite un changement de l’intérieur vers l’extérieur plutôt que de l’extérieur vers l’intérieur.

Pour les éducateurs, le défi est relativement simple, mais redoutable. Il est essentiel que les diplômés du secondaire possèdent les compétences de base pour réussir au niveau postsecondaire. Il est également essentiel que les établissements postsecondaires contribuent à développer ces compétences pour assurer la réussite sur le marché du travail. Cela exige maintenant une intégration plus poussée entre les systèmes d’enseignement postsecondaire et d’enseignement public, semblable à celle d’autres pays où les élèves du secondaire sont engagés dans le système d’enseignement postsecondaire dès la 10e année. Cela implique aussi un processus d’apprentissage intégré au travail beaucoup plus complet et connecté où le milieu de l’industrie et les établissements postsecondaires se partagent le développement, la transmission et l’évaluation des compétences.

Nos établissements d’enseignement postsecondaire, en particulier nos collèges, doivent faire en sorte qu’il soit aussi facile que possible pour tous nos citoyens, notamment ceux qui sont sous-représentés dans l’industrie, d’acquérir les compétences dont ils ont besoin pour réaliser leur potentiel professionnel. Notre reconnaissance des acquis, nos processus de délivrance de titres et d’inscription, l’apprentissage intégré au travail, la transmission de connaissances et les processus d’évaluation, pour n’en citer que quelques-uns, doivent tous refléter cette approche. Les solutions à court terme ne résoudront pas les problèmes sous-jacents, mais nos approches actuelles de ces processus fondamentaux font obstacle.  

Le Dr Alexander (Sandy) MacDonald est président du Holland College à l’Île-du-Prince-Édouard. Il s’est récemment adressé au Sommet sur les compétences futures dans le cadre d’une table ronde sur « Bâtir les piliers de la nation d’apprentissage. »

Les points de vue, les réflexions et les opinions exprimés ici sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue, la politique officielle ou la position du Centre des Compétences futures ou de l’un de ses membres du personnel ou des partenaires du consortium.