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Conviction, inclusion et création d’un avenir fondé sur les compétences

Quand je pense à l’avenir du Canada et à la manière dont nous pouvons le fonder sur les compétences, je ne commence pas par l’éducation ou les diplômes, mais par les convictions. C’est le message que j’ai partagé lors de l’événement « Un avenir fondé sur les compétences», où je me suis joint à d’autres acteurs du changement pour discuter de ce qu’il faut vraiment faire pour préparer notre main-d’œuvre à l’avenir. 

Pendant longtemps, personne ne croyait en moi. J’ai grandi dans une famille autochtone, élevé par des parents homosexuels dans les années 1980, et je vis avec une maladie rare qui me rend gravement allergique à la lumière. Enfant, j’étais victime d’intimidation et j’étais complètement isolée. Je n’ai pas terminé mes études secondaires parce que je ne pouvais pas me résoudre à y retourner. Mon apparence était différente, je venais d’une famille qui ne correspondait pas aux normes et mon corps était couvert de plaies. Partout où je me tournais, j’entendais le même message : je n’étais pas à ma place.

À 18 ans, j’ai quitté la maison sans diplôme, sans relations et sans projet précis. J’ai gravi les échelons dans le secteur pétrolier et gazier, mais même là, j’ai dû me battre deux fois plus pour faire mes preuves. Quand j’ai été licenciée, j’ai envoyé des CV et ils ont fini au fond de la poubelle. Personne n’embauchait quelqu’un comme moi. J’ai donc décidé de tenter ma chance.

C’est ainsi qu’est né Virtual Gurus, fruit de ma résilience et de mon besoin de créer ma propre opportunité. Je n’avais aucune formation officielle, aucune expérience dans le domaine des affaires et aucun plan d’action. Pourtant, j’étais déterminé à créer quelque chose qui pourrait ouvrir des portes à d’autres personnes qui, comme moi, avaient été exclues du système.

Aujourd’hui, je suis fière d’être la première femme autochtone au Canada à avoir conclu un tour de financement de série A, la première de ma famille à avoir obtenu un diplôme de Harvard et la première à avoir mené à bien une sortie réussie. En réalité, je ne suis pas arrivée ici toute seule. Mes mentors, conseillers et alliés ont cru en moi alors que j’apprenais encore à avoir confiance en moi-même. Leurs conseils et leur confiance m’ont fait comprendre que le mentorat ne consiste pas seulement à enseigner, mais aussi à encourager les autres et à les aider à voir ce qui est possible.

C’est pourquoi je pense que l’inclusion doit être intentionnelle. Trop de systèmes d’embauche et de financement sont encore conçus pour exclure les communautés défavorisées, des personnes riches en potentiel, mais exclues par le système. Nous devons reconstruire ces systèmes de manière à favoriser l’inclusion, et non l’exclusion.

Selon moi, cela signifie passer d’une attitude restrictive à une attitude plus ouverte. Je me fixe comme objectif personnel, lors de chaque événement, de présenter au moins quelques personnes issues de milieux défavorisés à d’autres personnes susceptibles de les aider à élargir leur réseau. C’est un petit geste, mais qui produit de grandes retombées.

Or, si la conviction est puissante, elle doit s’accompagner d’actions. Les gouvernements et les organisations parlent souvent de fournir un soutien aux entrepreneurs autochtones, mais beaucoup d’entre nous se voient encore refuser des financements et des ressources. Si nous voulons vraiment promouvoir l’inclusion, nous devons joindre le geste à la parole, afin de nous assurer que les programmes, les investissements et les opportunités profitent réellement à ceux à qui ils sont destinés.

L’entrepreneuriat est devenu pour moi un remède. C’est ainsi que j’ai transformé mon traumatisme en objectif, et que j’ai appris que ce n’est pas seulement en enseignant les compétences qu’on les acquiert, mais aussi en les vivant, en les partageant et en y croyant.

Un avenir fondé sur les compétences commence par des convictions profondes dans les personnes, en particulier celles qui se sont vu dire qu’elles n’avaient pas leur place. En adoptant une attitude de conviction, d’inclusion et d’action, nous créons un avenir où chacun a la possibilité de s’épanouir.

Ces remarques ont été formulées lors du forum national « Un avenir fondé sur les compétences », organisé par le Centre des Compétences futures. Visionnez le discours complet ici →

Les points de vue, les réflexions et les opinions exprimés ici sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue, la politique officielle ou la position du Centre des Compétences futures ou de l’un de ses membres du personnel ou des partenaires du consortium.