Une solution systémique pour l’emploi des autochtones dans le Nord canadien

Les communautés autochtones, en particulier celles de l’Arctique, sont confrontées à des obstacles considérables en matière d’éducation et de formation professionnelle pouvant déboucher sur des emplois. Pour y remédier, il faut d’abord comprendre les compétences de la communauté locale. Comprendre l’histoire de l’emploi, les compétences et l’éducation des populations autochtones permet d’obtenir des informations pratiques sur le marché du travail qui peuvent conduire à des formations et à des parcours professionnels. Il peut permettre aux communautés de répondre aux besoins du marché du travail local.
Le Centre des Compétences futurese a investi dans une idée de l’Inuvialuit Regional Corporation (IRC) visant à créer une matrice de compétences pour les personnes vivant dans les six communautés de l’Inuvialuit Settlement Region dans l’ouest de l’Arctique. Ils ont interrogé les habitants de la région sur leur expérience, y compris les compétences liées à la vie sur le territoire, qui sont ajoutées à une nouvelle base de données. Si une communauté a besoin d’un plombier, elle peut s’adresser aux personnes de la base de données qui ont fait état de cette expérience, ou à quelqu’un qui a déclaré vouloir être formé. La matrice fournit des informations essentielles sur les compétences et les lacunes en matière de compétences à un moment où la communauté se prépare à créer de nouveaux emplois dans le cadre du projet de sécurité énergétique des Inuvialuit, qui vise à produire du gaz naturel et du carburant diesel synthétique. Il est possible de l’adapter et de l’étendre à d’autres organismes inuits, des Premières Nations et métis à travers le Canada.

Katherine Gurugaq Ciboci, responsable de l’éducation, de la formation et des capacités à l’IRC, explique que son équipe est toujours en train de télécharger les données des 600 personnes qui ont participé à l’enquête jusqu’à présent, et qu’il leur reste encore beaucoup de personnes à contacter. Cependant, elle constate déjà que la matrice porte ses fruits : l’équipe financière de l’IRC a trouvé deux personnes pour occuper des postes de comptables grâce à la base de données.
« Lorsqu’il sera pleinement opérationnel, il constituera une ressource extraordinaire pour nos communautés », déclare-t-elle. « Si Parcs Canada, par exemple, recherche un garde forestier, nous pouvons consulter la base de données. Et ce n’est pas tout, la base de données va informer nos besoins en formation, nos besoins linguistiques et nos besoins culturels. Cette matrice va nous aider dans bien des domaines ».
Défi : Découvrir les compétences d’une communauté
L’IRC crée des opportunités économiques, y compris des formations locales, afin d’aider 7 000 Inuvialuit à participer à l’économie et à la société nordiques et nationales. Pour être plus efficace, la société devait mieux comprendre ses clients, qui possèdent un ensemble de certificats d’études post-secondaires et de métiers, ainsi que des aptitudes à la vie quotidienne non traditionnelles qui sont appréciées dans ces communautés.
« Il ne s’agit pas seulement des compétences traditionnelles ou des compétences occidentales en matière d’administration, de comptabilité et autres », explique Gurugaq Ciboci. « Nous recueillons également des informations sur la langue et la culture, sur l’aisance avec laquelle les gens parlent notre langue et sur les personnes qui vivent de la terre, car nous nous efforçons de revitaliser notre langue et de renforcer notre culture. Ces compétences de vie sont inestimables, elles sont transférables à presque tous les emplois que nous occupons ici ».
Solution : Créer une matrice des emplois et des compétences
Pour recueillir les informations dont il avait besoin, l’IRC a fait appel à des participants par le biais de la radio locale et de panneaux d’affichage. Les gens étaient réticents à remplir une enquête, l’équipe a donc opté pour une série de réunions en face-à-face et a offert une carte-cadeau en guise d’incitation supplémentaire. Ce succès a été favorisé par les relations étroites que l’IRC a nouées avec les communautés. À ce jour, quatre des six communautés ont participé, et des équipes se rendront par voie routière et aérienne dans les autres communautés. L’IRC suit également les membres de la communauté qui ont reçu des bourses d’études postsecondaires, mais qui ne sont pas retournés dans leur région d’origine. Ils ont appris que beaucoup d’entre eux seraient revenus s’ils avaient eu connaissance des possibilités d’emploi et qu’ils reviendront si un poste se libère.
Leçons et perspectives d’avenir : Flexibilité pour les communautés du Nord
Le projet nous a appris que les gouvernements et les employeurs qui financent de telles initiatives doivent prévoir plus de flexibilité, des délais plus longs et des budgets plus importants. La vie dans les communautés nordiques et éloignées présente des défis uniques, et la collecte d’informations sur le marché du travail dans ces régions nécessite une certaine flexibilité pour pouvoir s’adapter lorsque les activités ne se déroulent pas comme prévu. Des délais plus longs permettent de tenir compte des cycles saisonniers, par exemple, et des budgets plus importants permettent de couvrir les frais de déplacement et d’organisation des réunions en face à face.
Gurugaq Ciboci estime que d’autres communautés autochtones pourraient bénéficier d’une approche fondée sur une matrice de compétences. « Peut-être trouveront-elles un moyen de faire les choses un peu différemment pour leur propre population », dit-elle. « Pourtant, nous savons que cela fonctionne ».
Les points de vue, les réflexions et les opinions exprimés ici sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue, la politique officielle ou la position du Centre des Compétences futures ou de l’un de ses membres du personnel ou des partenaires du consortium.