Le rôle des communautés de pratique dans le processus de gestion des connaissances dans les entreprises innovantes : une étude de cas par comparaison intersites
Dans le contexte économique actuel marqué par le développement des technologies de l’information et de la communication et par la course à l’innovation, la gestion des connaissances (GC) est devenue la préoccupation la plus importante de toute entreprise B. Masson, 1997). En effet, l’intérêt croissant accordé aux projets d’innovation exige des échanges de connaissances de plus en plus rapides et complexes au sein de réseaux d’acteurs. Ceci impose de s’intéresser non pas à la seule dimension du management de l’innovation mais davantage au management des connaissances. La plupart des modèles et outils développés en GC sont issus des systèmes d’information modernes, ces derniers intéressés par le rôle des structures de production, circulation et stockage d’information. Néanmoins, se limiter à l’intégration de tels systèmes ne peut constituer un moyen pertinent et efficace du management de l’innovation. Même les systèmes d’information les plus sophistiqués (systèmes experts) et les méthodes de capitalisation (ou de retour d’expérience) les plus formalisées ne peuvent prendre en compte les enjeux de l’innovation. En effet, le management de l’innovation fait appel à des représentations et des pratiques d’acteurs qui paraissent assez proches des enjeux d’une gestion des compétences (C. Paraponaris, 2002). Or cette démarche implique de nombreuses façons d’envisager la gestion des connaissances (GC) pour l’innovation : le modèle systémique (J.-L. Le Moigne, 1990) centré sur la capitalisation et la circulation des savoirs ; le modèle sociocognitif (I. Nonaka et H. Takeuchi, 1995) met en avant la création collective de sens au sein de groupes sociaux engagés dans les processus d’innovation ; le modèle pragmatique (E. Wenger, 1998) met l’accent sur les pratiques collectives comme source de création de connaissances nouvelles. Le développement du management par projet est une parfaite illustration pour créer des liens sociaux entre les membres de l’entreprise (M. Ferrary, 2004). Ces trois approches permettent d’envisager des dispositifs de management des connaissances qui ne soient centrés uniquement sur les outils, mais aussi sur l’organisation et les pratiques. C’est dans cette perspective, que nous proposons les CP comme cadre conceptuel pour analyser de manière détaillée la GC dans un contexte d’innovation. Ce choix s’explique par le fait que, d’une part, la GC met en jeu les pratiques des acteurs impliqués dans le processus d’innovation. La connaissance et l’apprentissage au sein des entreprises innovantes sont en fait structurés par des problèmes rencontrés dans une pratique. D’autre part, la GC recouvre une stratégie qui se développe en « réseau » en partie hors des frontières de l’entreprise. C’est ainsi que, l’approche par les communautés de pratique (CP) apparaît comme un outil pertinent pour la GC dans le sens où elle permet de prendre en compte les pratiques locales de l’innovation.