RAPPORT DE PERSPECTIVES DE PROJET
Élaboration des normes professionnelles nationales du Canada pour une économie bleue durable
Sommaire
Le Canada possède le plus long littoral au monde, mais ses industries maritimes ne contribuent qu’à hauteur de 1 % au PIB, ce qui le place loin derrière les autres pays. Ce projet a mis en évidence un besoin urgent de formations spécialisées dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM) afin de combler les lacunes en matière de compétences dans les professions maritimes liées à l’économie bleue durable, notamment le transport maritime et les technologies marines.
Des entretiens et des enquêtes menés auprès des parties prenantes dans six sous-secteurs ont permis d’identifier 15 professions en pleine croissance qui sont essentielles pour la durabilité des océans. Cependant, des défis tels que le faible niveau de connaissance des océans, la forte concurrence pour les diplômés en STIM et la hausse des coûts du logement due à l’augmentation de la demande pendant la pandémie constituent des obstacles importants pour attirer et retenir les talents. Les technologies avancées comme l’intelligence artificielle transforment les cadres opérationnels, ce qui nécessite une main-d’œuvre maîtrisant ces nouveaux systèmes. Le projet a également souligné l’importance de promouvoir l’équité, la diversité et l’inclusion au sein d’une main-d’œuvre traditionnellement homogène afin de favoriser l’innovation et la croissance.
Ce projet est crucial pour les décideurs politiques et les établissements d’enseignement qui se concentrent sur les marchés du travail et le développement économique. En alignant les programmes de formation sur les besoins de l’industrie, le Canada peut mieux préparer sa main-d’œuvre aux opportunités futures au sein de l’économie bleue durable. En outre, les efforts déployés par des organisations telles qu’Ocean Allies pour améliorer l’équité, la diversité et l’inclusion pourraient servir de modèle à d’autres secteurs, enrichissant ainsi le vivier d’idées et stimulant une croissance durable. L’approche globale du projet fournit un guide pour intégrer la technologie, la durabilité et l’inclusivité dans les stratégies de développement de la main-d’œuvre dans divers secteurs.
Perspectives Clés
Les principaux obstacles à l’attraction de talents vers le secteur de l’économie bleue durable comprennent le faible niveau de connaissance océanique et l’intérêt général pour ce secteur au Canada, malgré la demande notable de compétences en STIM.
Le projet a mis en évidence un déficit de main-d’œuvre modeste mais considérable dans le secteur de l’économie bleue durable, en particulier dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM) et dans les métiers de la transformation du poisson et des fruits de mer. L’automatisation offre à la fois des opportunités pour les ingénieurs qualifiés et des risques pour ceux qui ont besoin d’améliorer leurs compétences ou de se recycler.
L’élaboration de normes professionnelles nationales et de profils de compétences facilite non seulement la mise en place de formations ciblées, mais contribue également à l’objectif plus large de préparation de la main-d’œuvre dans des secteurs essentiels à la croissance économique et à la durabilité nationales.
L’enjeu
Le Canada possède le littoral le plus long au monde. Il est entouré par trois grands océans, ce qui lui confère une position unique pour jouer un rôle de premier plan dans l’économie bleue durable Cependant, malgré cet avantage géographique, la contribution du Canada au PIB provenant des industries maritimes est nettement inférieure à celle d’autres pays. Par exemple, alors que des pays comme la Norvège voient ces secteurs contribuer à hauteur de 25 % à leur PIB, le Canada n’atteint qu’à peine 1 %, ce qui est nettement inférieur à la moyenne de 2 % à 5 % observée parmi les membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques. Cette sous-performance fait ressortir une occasion manquée d’exploiter pleinement le potentiel économique des vastes ressources côtières du Canada.
Historiquement, l’économie bleue canadienne a été confrontée à des défis en matière de développement de la main-d’œuvre, en particulier pour ce qui est de la transition des travailleurs actuels afin qu’ils répondent aux exigences techniques des nouveaux métiers maritimes. Les compétences requises sont souvent très spécialisées, et la main-d’œuvre existante dans les zones côtières occupe principalement des postes peu qualifiés. Cette inadéquation des compétences a constitué un obstacle important, empêchant de tirer pleinement parti des nouvelles possibilités d’emploi créées par la croissance du secteur. Le ministère de la pêche et des océans a prévu qu’environ 350 000 nouveaux emplois émergeraient de ce secteur, soulignant le besoin urgent de programmes de formation et de développement ciblés pour préparer la main-d’œuvre de manière adéquate.
Les efforts déployés jusqu’à présent pour relever ces défis ont été fragmentés et insuffisamment coordonnés, sans stratégie globale adaptée aux progrès rapides et aux besoins spécifiques de l’économie bleue. L’absence d’approche unifiée a conduit à des réponses réactives plutôt que proactives aux demandes du marché du travail, exacerbant encore davantage les lacunes en matière de compétences. Ce contexte ouvre la voie à une intervention stratégique visant à élaborer un cadre solide pour rationaliser et améliorer la préparation de la main-d’œuvre dans l’ensemble de l’économie bleue du Canada. Cela permettrait à la nation de tirer enfin parti de ses atouts maritimes naturels pour favoriser une croissance économique durable et asseoir son leadership mondial dans les industries maritimes.

Ce que nous examinons
Le projet visait à identifier et à décrire les compétences spécifiques requises pour que les travailleurs occupant des emplois liés à l’océan puissent s’adapter et prospérer dans les secteurs liés à l’économie bleue durable. Les questions de recherche qui ont guidé le projet étaient centrées sur la compréhension des besoins actuels et futurs en matière de main-d’œuvre, l’impact de l’automatisation et les transitions nécessaires pour que les travailleurs restent compétitifs dans des économies côtières en pleine évolution.
Le projet a donné lieu à une collaboration entre des professionnels de l’industrie, des établissements universitaires et des organisations du Canada atlantique. Ces partenariats ont joué un rôle crucial dans la collecte de diverses données et dans la garantie de la pertinence des normes professionnelles élaborées.
Les objectifs du projet étaient multiples et axés sur l’élaboration de normes professionnelles nationales et de profils de compétences. Ces outils avaient pour but de faciliter la formation, la reconnaissance des compétences et la transition professionnelle. Pour atteindre ces objectifs, l’équipe du projet a mené 43 entretiens avec des personnes issues de 33 organisations réparties dans six sous-secteurs de l’économie bleue, notamment la pêche, les technologies océaniques et l’aquaculture. De plus, les coordonnateurs du projet ont recueilli les réponses à un sondage auprès de 170 travailleurs afin d’enrichir les profils de compétences.
La méthodologie adoptée pour cette enquête comprenait une combinaison d’entretiens et d’enquêtes, ainsi qu’une analyse documentaire exhaustive. Cette approche a fourni un cadre solide pour comprendre la dynamique complexe du secteur de l’économie bleue durable et les besoins spécifiques de sa main-d’œuvre.
En s’appuyant sur cette approche axée sur les parties prenantes, le projet visait non seulement à recenser les compétences essentielles, mais aussi à favoriser une meilleure compréhension de la trajectoire du secteur et des mesures stratégiques nécessaires pour soutenir une transition durable de la main-d’œuvre.
Ce que nous apprenons
Le projet a permis d’identifier 15 professions en pleine expansion qui jouent un rôle essentiel dans la durabilité sociale et environnementale des océans et des communautés maritimes. Ces rôles couvrent divers domaines tels que le transport maritime, les technologies marines et le tourisme maritime, entre autres. Le projet a permis d’élaborer et de diffuser six profils de compétences pour les géologues marins, les géophysiciens marins, les hydrographes, les ingénieurs géotechniciens, les ingénieurs électriciens et les plongeurs professionnels.
Les obstacles à l’attraction des talents sont interdépendants et complexes
L’une des principales conclusions du projet est que la connaissance du secteur maritime et l’intérêt général pour les océans sont faibles au Canada. Cela a été identifié comme un obstacle majeur pour attirer des talents vers l’économie bleue durable. Malgré cela, il existe une demande notable pour les compétences dans les domaines des STIM, avec un accent particulier sur des postes tels que ceux de scientifiques, d’analystes de données et d’ingénieurs. Le projet a également fait ressortir l’adoption croissante de technologies de pointe telles que l’intelligence artificielle et la télémétrie à distance, qui sont en train de remodeler les cadres opérationnels traditionnels du secteur. Le projet a permis de souligner plusieurs obstacles qui entravent l’entrée des talents dans le secteur de l’économie bleue durable. Il s’agit notamment de la forte concurrence pour les diplômés en STIM, des exigences supplémentaires en matière de certification et de l’isolement géographique, qui oblige à vivre dans des zones rurales. De plus, comme les Canadiens ont déménagé vers les régions côtières pendant la pandémie, les logements abordables se sont raréfiés en raison d’une demande accrue sur un parc immobilier déjà limité. Cette évolution représente un nouveau défi pour le recrutement et la fidélisation du personnel sur la côte Est, où les salaires peinent à suivre la hausse du coût de la vie. Ces facteurs contribuent collectivement à créer un environnement difficile pour le recrutement et la rétention dans le secteur de l’économie bleue durable.
La main-d’œuvre largement homogène tirerait profit d’une plus grande équité, diversité et inclusion
Les efforts déployés par des organisations comme Ocean Allies et le Supergrapp Océan Canada améliorent l’équité, la diversité et l’inclusion au sein du secteur. Ceci est crucial, car le secteur a traditionnellement été dominé par une population majoritairement blanche et masculine. La diversité croissante est considérée comme un moyen de favoriser l’innovation et la croissance au sein de l’économie bleue durable.
L’automatisation, la demande en matière de durabilité et les changements réglementaires créent des écarts et des risques en matière d’emploi
Il existe un déficit de main-d’œuvre modeste mais important dans le secteur de l’économie bleue durable en particulier dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM) et dans les métiers liés à la transformation du poisson et des fruits de mer. La tendance à l’automatisation représente à la fois une opportunité pour les ingénieurs qualifiés et un risque potentiel pour les travailleurs occupant d’autres postes qui pourraient avoir besoin d’améliorer leurs compétences ou de se reconvertir. Il existe une demande croissante pour les postes liés à la durabilité environnementale, notamment ceux d’agents de conformité environnementale et d’ingénieurs spécialisés dans les pratiques durables. Le projet a également révélé plusieurs professions menacées par l’automatisation et les changements réglementaires. Par exemple, les travailleurs des usines de transformation du poisson sont confrontés à des perturbations dans leur travail en raison de l’automatisation croissante et des mesures de sécurité strictes liées à la pandémie. De même, les travailleurs sur site constatent une transition vers le télétravail, ce qui pourrait avoir un impact sur les opportunités d’emploi dans les communautés côtières et isolées.
Pourquoi c’est important
Les enseignements tirés de ce projet soulignent la nécessité cruciale de développer des compétences ciblées et de planifier stratégiquement la main-d’œuvre dans les secteurs émergents comme celui de l’économie bleue durable. Ces conclusions sont particulièrement pertinentes pour les décideurs politiques et les praticiens qui s’intéressent au développement économique, aux marchés du travail et à l’éducation. Ils soulignent la nécessité d’aligner les programmes éducatifs et la formation de la main-d’œuvre sur les besoins spécifiques des industries qui connaissent des transformations technologiques et environnementales rapides.
L’élaboration de normes professionnelles nationales et de profils de compétences pour le SBE facilite non seulement la formation ciblée, mais soutient également l’objectif plus large de préparation de la main-d’œuvre dans les secteurs qui sont essentiels à la croissance et à la durabilité de l’économie nationale. Cette approche peut servir de modèle à d’autres secteurs où les progrès technologiques et les objectifs de durabilité entraînent des changements dans les exigences et les compétences professionnelles.
Pour les décideurs politiques, les résultats du projet soulignent l’importance d’investir dans des programmes d’éducation et de formation spécifiques à chaque secteur. De tels investissements peuvent combler le fossé entre les capacités actuelles de la main-d’œuvre et les exigences en constante évolution de secteurs comme celui de l’économie bleue durable. De plus, ces conclusions peuvent éclairer l’élaboration de politiques qui favorisent les parcours professionnels spécifiques à certains secteurs, facilitant ainsi l’accès et l’épanouissement des individus dans ces domaines.
Les professionnels du développement de la main-d’œuvre et les établissements d’enseignement peuvent s’appuyer sur ces connaissances pour concevoir des programmes étroitement alignés sur les besoins de l’industrie. Cet alignement est essentiel pour garantir que les programmes de formation fournissent aux participants les compétences très recherchées, améliorant ainsi leur aptitude à l’emploi et leur employabilité.
De plus, l’accent mis par le projet sur l’équité, la diversité et l’inclusion au sein de la main-d’œuvre de l’économie bleue durable constitue un cadre précieux pour d’autres secteurs. Les efforts visant à accroître la diversité contribuent non seulement à une économie plus inclusive, mais enrichissent également le vivier d’idées et d’innovations nécessaires à une croissance durable. Cet aspect du projet souligne le double avantage des initiatives en faveur de la diversité : elles contribuent à l’équité sociale et stimulent la performance économique en introduisant un éventail plus large de perspectives et de solutions.
Les enseignements tirés de ce projet dépassent le cadre immédiat de l’économie bleue durable. Ils fournissent une feuille de route pour intégrer la durabilité, la technologie et l’inclusivité dans les stratégies de développement de la main-d’œuvre dans divers secteurs. En mettant l’accent sur les compétences et aptitudes spécifiques requises par les industries émergentes, les décideurs politiques et les praticiens peuvent mieux préparer la main-d’œuvre aux défis et opportunités futurs, garantissant ainsi un développement économique à la fois solide et durable.
Prochaines étapes
Eco Canada poursuit ses efforts de mobilisation des connaissances sur les profils de compétences développés et les opportunités au sein de l’économie bleue durable. L’organisation a accueilli le sommet sur l’économie bleue durable et propose un cours virtuel qui présente le secteur et ses possibilités. Eco Canada continue d’aider les parties prenantes à utiliser les profils de compétences pour élaborer des programmes de formation, de nouveaux programmes d’études, des programmes de reconnaissance des compétences, des certifications et des titres professionnels. Le Centre des Compétences futures continue de soutenir Eco Canada dans la phase suivante de son travail, en développant un cadre de certification des compétences et en évaluant son intégration et son impact sur les employeurs de l’économie bleue.
Perspectives du CCF
Canada’s Sustainable Blue Economy: A Profile of its Relevant Sectors and Labour Force
Blue Occupation Pathways
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COMMENT CITER CE RAPPORT
Richter, S. (2025). Project Insights Report: ECO Canada – Élaboration des normes professionnelles nationales du Canada pour une économie bleue durable. Toronto: Centre des Compétences futures.
https://fsc-ccf.ca/fr/projets/standards-sustainable-blue-economy/
Élaboration des normes professionnelles nationales du Canada pour une économie bleue durable est financé par le gouvernement du Canada dans le cadre du programme Compétences futures. Les opinions et les interprétations contenues dans cette publication sont celles de l’auteur et ne reflètent pas forcément celles du gouvernement du Canada.


