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Notre avenir durable est porteur d’opportunités et de défis pour la main-d’œuvre 

Récemment, il m’a été demandé de parler de l’avancement des travaux dans le cadre de l’un des plus grands défis politiques mondiaux de notre époque, à savoir la transformation de nos économies pour éviter les pires effets du changement climatique. 

J’étais nerveux à l’idée de faire cet exposé. Il est vrai que je n’ai pas été sur le front du mouvement écologiste. Je ne suis pas un entrepreneur qui tente de commercialiser un produit de technologie écologique. 

Comme de nombreuses personnes au Canada, je ressens toutefois un sentiment d’urgence face au changement climatique, à l’objectif de « carboneutralité » et à la manière dont nous l’atteindrons. Au sein du CCF, j’ai eu le privilège de pouvoir travailler avec plusieurs de nos partenaires de recherche et de mise en œuvre qui étudient l’impact de la transition vers une économie sans émissions de carbone sur notre main-d’œuvre.

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La transition verte peut aider la prospérité de la main-d’œuvre

Selon la recherche, il existe des scénarios très viables dans lesquels une transition vers l’objectif de « carboneutralité » aide le Canada et sa main-d’œuvre à prospérer. Si certains craignent que la décarbonisation soit synonyme de perte d’emplois, nous disposons aujourd’hui de plusieurs modèles économiques complexes qui montrent ce qu’il est possible de faire. Les 15 dernières années ont été marquées par d’énormes progrès. 

Une étude très intéressante publiée à l’automne dernier révèle qu’une trentaine de pays ont réussi à assurer leur croissance économique tout en réduisant leurs émissions de carbone. Il s’agit de pays riches comme le Japon et les États-Unis, de puissances à revenu moyen comme le Mexique et de pays à faible revenu comme le Salvador et la Jamaïque. Le Canada n’a pas encore rejoint ce club pour diverses raisons, mais d’autres pays démontrent ce qu’il est possible de faire. 

Plusieurs raisons expliquent pourquoi ces pays ont réussi à croître tout en réduisant leurs taux d’émissions :  

1) Technologie – Il n’y a pas que la technologie éolienne, solaire et des batteries ; l’utilisation du gaz à la place du charbon pour certains processus a été à l’origine d’un grand nombre de changements, et la volonté d’améliorer cette technologie se poursuit.

2) Politiques et réactions des investisseurs – Les politiques mondiales ont poussé les pays à modifier leurs comportements : les taxes sur les émissions carboniques, les réglementations, etc. ont contribué à accélérer le changement, même s’il n’a pas été aussi radical que beaucoup l’auraient espéré.  

3) Les processus économiques seront le moteur de la décarbonisation – L’adoption de nouvelles technologies et la mise en place de l’infrastructure nécessaire à leur intégration dans notre économie créent une activité économique qui, à son tour, nécessite de la main-d’œuvre.  

Malgré ces réalités, il est juste de dire que le public n’a pas nécessairement compris cette opportunité, peut-être parce qu’elle n’a pas été présentée comme telle. Et bien qu’il y ait des opportunités, il y a aussi des défis à relever.

Les défis qui nous attendent

L’un des principaux obstacles à la réalisation de l’objectif de « carboneutralité » consiste à préparer la main-d’œuvre et les employeurs aux changements qui interviendront dans leur lieu et leur mode de travail. Si vous avez récemment acheté une thermopompe et que vous avez eu du mal à trouver un technicien qualifié, ou si vous avez acheté une voiture électrique et que vous avez dû attendre des années avant de trouver un électricien pour installer un système de charge, vous comprendrez. Il s’agit là de problèmes spécifiques, qui s’aggraveront à mesure que l’ampleur et le rythme du changement commenceront à s’enraciner.  

La bonne nouvelle, c’est que de nombreux Canadiens qui risquent de perdre leur emploi dans le cadre d’une transition verte possèdent déjà les compétences nécessaires pour opérer ce changement. Avec un soutien ciblé à la formation, une grande partie de cette main-d’œuvre peut acquérir les compétences nécessaires assez rapidement. Les recherches détaillées menées par nos collègues du Conference Board du Canada, de l’Institut pour l’intelliProsperité et de l’Institut de la diversité démontrent que notre main-d’œuvre est hautement qualifiée et qu’elle peut être adaptée aux besoins d’une croissance propre grâce à une formation relativement réduite. Cependant, cette formation exige du temps et de l’argent. 

Répondre aux besoins de la main-d’œuvre

Bien qu’il soit encourageant de constater toutes les mesures qui peuvent être prises, certaines questions importantes demeurent. Nous ne pouvons pas aller de l’avant sans tenir compte des besoins de ceux qui risquent d’être laissés pour compte. La préparation de la main-d’œuvre d’aujourd’hui et de demain nécessite des investissements et de la planification. Nous devrons investir dans la transformation des programmes de formation afin qu’ils soient mieux adaptés à la transition durable. Il ne s’agit pas seulement de payer les frais de scolarité, mais aussi de déterminer comment et où se déroule la formation, le coût de la vie et du logement, ainsi que d’autres questions connexes. 

Impact inégal de la transition durable

Dans chaque province et territoire, on trouve une main-d’œuvre qui travaille dans des secteurs qui seront vulnérables dans un monde carboneutre – des secteurs comme le pétrole et le gaz, mais aussi des domaines à forte intensité d’émissions comme l’industrie manufacturière, l’exploitation minière, les transports et les services d’appui à ces secteurs. Les populations autochtones et les minorités visibles sont surreprésentées dans certains de ces secteurs – pensez aux populations autochtones qui travaillent dans les mines du Nord ou aux minorités visibles qui travaillent dans les sables bitumineux de l’Alberta. 

Nous savons que ces personnes sont déjà confrontées à des obstacles systémiques sur le marché du travail. Ainsi, lorsque nous trouvons des opportunités dans des secteurs nouveaux et émergents, il doit y avoir un effort concerté pour lutter contre les préjugés et éliminer les pratiques qui excluent les gens – cela est particulièrement vrai pour les secteurs et les emplois nouveaux et émergents.

Un avenir vert brillant

J’espère que mes messages véhiculent un certain optimisme quant à l’avenir, un optimisme que partagent de nombreuses personnes travaillant dans ce domaine. Il ne s’agit pas pour moi d’être une Pollyanna – une optimiste naïve. Il s’agit plutôt d’accepter la nécessité de notre moment global, de défendre nos dirigeants et d’apporter des solutions aux problèmes de fond et de forme des différents défis qui nous attendent.

Samir Khan est associé principal de recherche et d’évaluation Centre des Compétences futures Ce blogue a été revu et condensé à partir de sa récente présentation à The Walrus Talks à Toronto sur le thème de « l’avancement du travail ».

Les points de vue, les réflexions et les opinions exprimés ici sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue, la politique officielle ou la position du Centre des Compétences futures ou de l’un de ses membres du personnel ou des partenaires du consortium.