Entreprises appartenant à des immigrants dans les industries fondées sur le savoir
Traditionnellement, la plus grande partie de la recherche effectuée sur les entreprises appartenant à des immigrants portait sur l’économie ethnique, soit la mesure dans laquelle la demande de biens spécialisés au sein de groupes ethniques particuliers offrait des occasions d’affaires aux immigrants entrepreneurs dans ces collectivités. Les marchés d’alimentation, les restaurants et les autres commerces de détail ou entreprises de services appartenant à des immigrants dans ces marchés à créneaux en sont des exemples. Ce n’est que plus récemment que l’on s’est intéressé davantage au rôle que jouent les immigrants entrepreneurs dans l’économie au sens large, et plus particulièrement dans les entreprises fondées sur le savoir et les entreprises de haute technologie.
On connaît encore peu de choses sur la nature des entreprises appartenant à des immigrants au Canada. En raison des limites des données, les études sont davantage axées sur les travailleurs autonomes immigrants, ce qui exclut ainsi de grands segments d’entreprises appartenant à des immigrants. Afin de combler cette lacune, on recourt, dans la présente analyse, à des données de 2010 provenant de la Base de données canadienne sur la dynamique employeurs-employés de Statistique Canada pour décrire les entreprises appartenant à des immigrants et, plus particulièrement, la mesure dans laquelle ces entreprises exercent leurs activités dans les industries fondées sur le savoir (IFS) ou les industries plus traditionnelles comme le commerce de détail et les services de restauration. En outre, on y examine les différences de répartition des immigrants par industrie dans les différentes catégories d’immigrants (regroupement familial, réfugiés, catégorie des gens d’affaires et catégorie économiqueNote 1). L’étude se fonde sur une autre étude antérieure utilisant le même ensemble de données, qui a démontré qu’après une période d’ajustement et d’intégration, les immigrants étaient propriétaires d’entreprise dans une plus grande proportion que les personnes nées au Canada (Green et coll., 2016). Cependant, les entreprises privées constituées en société appartenant à des immigrants sont généralement de plus petite taille que celles des personnes nées au Canada, et ces entreprises emploient respectivement en moyenne quatre et sept salariés. Le taux de travailleurs autonomes non constitués en société est également plus élevé chez les immigrants que dans la population née au Canada.
L’analyse s’intéresse à deux types d’entreprises. Le premier type comprend les entreprises privées constituées en société, que l’on considère appartenir à des immigrants lorsqu’au moins l’un des propriétaires est un immigrant. Les propriétaires détenant au moins 10 % des actions de l’entreprise sont définis comme tels. Seules les entreprises privées constituées en société ayant des employés sont incluses dans l’analyse. Le deuxième type comprend les entreprises appartenant à des travailleurs autonomes non constitués en société. La vaste majorité de ces entreprises ne compte pas d’employés. Dans le cas d’environ 55 % des immigrants travailleurs autonomes non constitués en société, leur entreprise est leur principale activité économique et le travail autonome, leur principale source de revenus (Green et coll., 2016). Ils sont désignés comme étant principalement travailleurs autonomes, et les entreprises qui leur appartiennent sont incluses dans la présente étude. Les 45 % qui restent sont exclus, car, chez ces personnes, le travail autonome est une activité économique secondaire, puisque les gains qu’ils tirent d’un travail salarié excèdent ceux provenant d’un travail autonomeNote 2.
L’analyse met l’accent sur les entreprises appartenant à des immigrants âgés de 18 à 69 ans qui sont arrivés au Canada à partir de 1980. Le groupe témoin comprend des entreprises appartenant à des personnes nées au pays ainsi qu’à des immigrants qui sont arrivés au Canada avant 1980 (désignées collectivement comme « personnes nées au Canada », puisque 93 % d’entre elles sont nées au Canada).