Les pêches pour le développement économique et environnemental dans le Nord (Nourrir le Nord)

L’enjeu

Le projet Les pêches pour le développement économique et environnemental du Nord (Nourrir le Nord), lancé par l’Ocean Wise Conservation Association, en partenariat avec Ikaarvik, visait à relever les défis économiques et environnementaux exacerbés par la pandémie de COVID-19 et les changements climatiques au Nunavut. Ces défis menaçaient les principales sources d’emploi dans les zones dépendantes de la pêche. La participation limitée des pêcheries autochtones et des petites exploitations aux programmes de produits de la mer durables reconnus, comme Ocean Wise, était un des principaux enjeux. Ce manque de représentation a non seulement limité la croissance économique dans les collectivités du Nord, mais a également compromis l’intégration du précieux savoir traditionnel à la science occidentale pour améliorer la durabilité des pêches dans l’Arctique.

Historiquement, l’intégration des pêches de l’Arctique dans les cadres de produits de la mer durables reposait principalement sur la science occidentale et une reconnaissance très limitée du savoir traditionnel inuit ou des rôles de cogestion importants pour les communautés nordiques. Cette approche a créé un fossé culturel et dans les communications, comme en témoigne l’absence de termes équivalents à « durable » dans les langues inuites et les obstacles systémiques qui ont marginalisé les systèmes de connaissances autochtones.

Le projet était axé sur la région de l’Arctique, avec un accent particulier sur les communautés autochtones du Nord. Il visait à améliorer la durabilité des pêches dans l’Arctique en intégrant le savoir autochtone traditionnel aux méthodes scientifiques occidentales. De plus, l’initiative s’est efforcée d’instaurer la confiance, de s’attaquer aux impacts coloniaux historiques et d’autonomiser les jeunes autochtones.

Ce que nous examinons

Le projet est le fruit d’un partenariat entre l’Ocean Wise Conservation Association, Ikaarvik et les jeunes autochtones de Gjoa Haven et de Pond Inlet. Ses principaux objectifs comprenaient l’élaboration d’un cadre holistique qui intégrerait le savoir traditionnel inuit à la science occidentale afin d’évaluer la durabilité des pêches dans l’Arctique, l’autonomisation des jeunes Inuits en les faisant participer à la création d’un cadre ayant un potentiel mondial, et l’amélioration de la représentation des pêches autochtones et à petite échelle au sein du programme Ocean Wise.

À l’aide d’une approche participative pour assurer l’implication active des jeunes et des leaders locaux à toutes les étapes, de la planification à la mise en œuvre, le projet a tenu deux ateliers au Nunavut et à Vancouver. Les ateliers visaient à favoriser une compréhension commune des pêches durables chez les participantes et participants et à tester la capacité des ONG du Sud à s’engager efficacement auprès des communautés et des jeunes inuits, en mettant l’accent sur l’établissement de relations, le développement des compétences et en facilitant le dialogue.

L’harmonisation avec les objectifs centrés sur la communauté était cruciale, même si le projet faisait face à des défis et devait adapter les activités et les échéanciers. Les données qualitatives recueillies dans le cadre d’entrevues avec des informatrices et informateurs clés et d’examens de documents, y compris des entrevues virtuelles avec des participantes et participants d’Ocean Wise, d’Ikaarvik, de jeunes mentores et mentors et d’autres parties prenantes, ont permis de faire preuve de souplesse dans le processus d’évaluation pour s’adapter aux tendances émergentes. L’analyse thématique de ces données a permis de dégager les perspectives de l’incidence et de l’efficacité du projet, en mettant en évidence à la fois les obstacles et les catalyseurs de l’intégration.

Ce que nous apprenons

Des ateliers axés sur les perspectives autochtones habilitent les jeunes Autochtones
Le projet a mené à bien deux ateliers avec 20 jeunes de Gjoa Haven et de Pond Inlet. Ces ateliers ont joué un rôle déterminant dans l’autonomisation des jeunes Autochtones du Nord, en leur offrant des occasions de réseautage et d’amélioration des compétences qui ont renforcé leur confiance et leur potentiel de leadership pour l’avenir. Les ateliers ont facilité des interactions significatives et ont permis de s’assurer que les perspectives autochtones façonnent l’orientation du projet. Cet engagement a mis en évidence l’importance de l’inclusion et de l’autonomisation des jeunes dans les initiatives communautaires.

L’intégration du savoir traditionnel et des perspectives occidentales favorise le progrès
Le projet a favorisé des partenariats interculturels et intercontextuels et a impliqué un large éventail de parties prenantes, comme des organismes gouvernementaux, des ONG et des partenaires de l’industrie. Cette collaboration a été cruciale pour le partage des connaissances et pour établir un climat de confiance dans différents contextes culturels et organisationnels. L’approche participative a soutenu les progrès réalisés pour l’élaboration conjointe d’un cadre d’évaluation de la durabilité pour les pêches artisanales dans le Nord. Pour cela, il a fallu définir et discuter de concepts de durabilité des produits de la mer, qui orienteront les futures initiatives dans la région de l’Arctique. Les efforts de collaboration ont souligné la nature itérative des évaluations de la durabilité et l’importance de l’adaptation et de l’apprentissage continus.

Pourquoi c’est important

Le projet Nourrir le Nord s’est penché sur les effets disproportionnés des changements climatiques sur les écosystèmes et les communautés de l’Arctique, soulignant ainsi l’importance culturelle et économique des pêches dans ces régions. L’initiative visait à rendre les pêcheries artisanales de l’Arctique plus viables sur le plan économique en obtenant une reconnaissance officielle de leurs pratiques durables, améliorant ainsi l’accès aux marchés durables des produits de la mer.

Important pour les politiques et la pratique, le projet s’harmonise avec le Cadre stratégique pour l’Arctique et le Nord en s’attaquant aux défis économiques et culturels dans les régions nordiques touchées par les changements climatiques. Il met l’accent sur la nécessité de faire preuve de souplesse, de transparence et d’humilité culturelle dans les relations entre les organisations non autochtones et les communautés autochtones.

Ce projet est un modèle de développement durable inclusif et culturellement pertinent qui combine le savoir autochtone et la science occidentale. Il a favorisé l’autonomisation des communautés et la croissance économique, en respectant et en intégrant les valeurs et les priorités des Autochtones du Nord.

Les principales leçons soulignent l’importance de passer d’une gestion de projet traditionnelle axée uniquement sur les livrables à une compréhension plus holistique des impacts. Pour ce faire, il faut s’adapter au rythme de la communauté, faire preuve de souplesse en ce qui concerne les échéanciers et les objectifs, et reconnaître la valeur de la création de relations comme un résultat clé.

Le projet préconise des engagements à long terme pour renforcer la confiance dans les initiatives communautaires dans le Nord et leur continuité. Il suggère d’allouer un financement dédié et des postes adaptés aux résidents des communautés du Nord, d’aider les jeunes locaux à accéder à des postes et à une éducation de haute qualité sans déménager, ce qui permettra de s’attaquer aux disparités en matière de ressources et de donner aux communautés les moyens de devenir autonomes.

Prochaine étape

Ocean Wise continue de travailler avec les pêches à petite échelle dans les communautés de l’Arctique afin de mieux comprendre et d’intégrer les connaissances écologiques traditionnelles dans ses normes de durabilité.